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  • Fiche technique

     
    Sur le vif - Jeudi 24.03.22 - 11.57h
     
     
    OTAN : organisation visant à placer l’Europe centrale et orientale sous contrôle américain. Contrôle stratégique, mais aussi économique et financier. A tapissé de bombes, nuit et jour, il y a 23 ans, un pays souverain du continent européen : la Serbie. En a profité pour établir ses têtes de pont, militaires et économiques, dans les Balkans, vieux rêve d'un autre Anglo-Saxon : Winston Churchill, l'homme qui s'était couvert de succès aux Dardanelles, en 1915. L'homme qui a rasé Hambourg en juillet 43, et Dresde en février 45.
     
    Signe particulier : se pare de l’étendard du Bien. Jouit de prestige auprès des naïfs, des incultes, des manichéens, de ceux qui n'ont jamais ouvert un livre d'Histoire, et des moralistes à la petite semaine.
     
    Bénéficie d'un excellent service de propagande, visant à toujours placer ses actions militaires sous le signe de la protection des peuples, de la promotion du "monde libre", de la "liberté". Fait passer les Etats-Unis d'Amérique pour une nation de paix, soucieuse de la seule concorde entre les peuples. Entretient et encourage les trous de mémoire sur les huit années de bombardements du Tiers-Monde, loin des caméras et des médias, sous Barack Obama.
     
    Peut compter sur le soutien sans faille des atlantistes, des amateurs de westerns, des motards de la Route 66, des amis d'Elvis, des centristes belges, du Syndicat des Parrains de la Democrazia Cristiana italienne, du Président sortant de la République française, des orléanistes, des Ligues anti-communistes, des nostalgiques du maccarthysme, des boursicoteurs mondialisés, des maquettistes de B-52 à l'échelle 1/100%, de la Société polonaise de Country.
     
    Et aussi, d'un manifestant de la Place fédérale, nommé Ignazio Cassis.
     
     
    Pascal Décaillet

     
  • Eric le sprinter, Marine la marathonienne

     
    Sur le vif - Mercredi 23.03.22 - 15.42h
     
     
    Si le deuxième tour de la présidentielle française oppose Marine Le Pen à Emmanuel Macron (une hypothèse, parmi d'autres), alors les Français auront, beaucoup mieux qu'il y a cinq ans, le vrai débat autour des sujets de fond qui touchent la Présidence de la République : les Affaires étrangères, la Défense nationale, l'indépendance, la souveraineté, la cohésion du pays, la réforme des institutions pour associer le peuple aux décisions.
     
    Le rôle du Président, c'est cela. 90% des débats, sur les chaînes privées françaises, sont totalement hors-sujet : les Français se choisissent un chef d'Etat, pas un chef de gouvernement, encore moins un ministre des Finances, de l’Économie ou de la Santé. Ni Charles de Gaulle, ni François Mitterrand ne s'occupaient des détails. Ils avaient la vision d'ensemble.
     
    Le débat sur l'appartenance de la France à l'Otan doit avoir lieu. Tout comme celui sur son rapport à l'Union européenne. Sur ces deux points, la vision d'Emmanuel Macron et celle de Marine Le Pen (ou d'ailleurs Zemmour, Mélenchon) sont radicalement différentes. Près de 40% des Français soutiennent le retour à une souveraineté nationale, dégagée de la toile multilatérale, des pouvoirs bureaucratiques de Bruxelles, et plus encore de l'atlantisme stratégique, entendez l'obédience aux Etats-Unis. En bref, près de 40% des Français soutiennent des options fondamentalement gaulliennes, souverainistes, non-alignées.
     
    Pour le moins, ce débat-là doit avoir lieu. S'il est escamoté, tout comme si on passe sous silence la réforme des institutions, et le besoin pressant du peuple (on l'a vu avec les Gilets jaunes) d'avoir institutionnellement voix au chapitre, alors tout cela, au cours des cinq prochaines années, resurgira. Dans la colère. Et dans la rue.
     
    Si Marine Le Pen affronte le Président sortant au second tour, c'est sans doute Emmanuel Macron qui l'emportera. Mais le résultat de sa rivale sera incomparablement plus massif qu'il y a cinq ans, ce qui pourrait donner à l'opposition nationale, sociale et souverainiste une cheffe, une unité, une autorité qui prendraient date pour d'ultérieures échéances.
     
    Eric est un sprinter, attiré par la lumière des caméras. Marine est une marathonienne. Elle prend le temps. Elle sillonne la France depuis des années. Elle laboure. Elle attend. Un jour, elle récoltera.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Non à la pollution inclusive : députés, bravo !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 23.03.22

     

    La langue française est belle et fluide, elle a le jaillissement d’une eau de glacier, sa clarté cristalline est source de vie. La langue allemande est plus complexe, avec ses racines qui s’entrelacent, des mots inattendus au détour de la phrase, le verbe qui se fait attendre, le risque surexcitant de se perdre dans une forêt. Le même allemand, pourtant, touche au sublime, dans la musique ou la poésie : Friedrich Hölderlin, Paul Celan. Le grec ancien nous fascine par sa richesse, la subtilité de ses formes verbales, sa souplesse dialectale. Et l’italien, ah l’italien, où tout est tonalité, nuances, saveur. Une langue, ça n’est pas rien. Avec elle, nous entretenons un rapport matriciel qui va chercher beaucoup plus loin, dans la mémoire affective, que le simple statut de porteur de sens. Tout ce qui touche à la langue est passionnel, ça vient du ventre, de la gorge, ça surgit du souffle, ça porte le rythme, l’émotion : on ne résoudra pas les questions de langue par de savantes formules rationnelles.

     

    Face à l’écriture inclusive, impossible de demeurer calme. Pourquoi le faudrait-il, d’ailleurs ? Pourquoi faudrait-il laisser cette querelle aux pisse-froid et aux docteurs de la démonstration ? Cette graphie de l’illisible, c’est avec les viscères, avec la bile noire de notre colère, qu’il faut la condamner. Parce que c’est de nos entrailles que vient la langue. Avec l’air surgi du ventre, puis transformé par l’intérieur de la mâchoire, les labiales, les sifflantes, les palatales, avec toute cette machinerie parfaitement physique, se créent les syllabes, puis les mots, les phrases, et parfois les vers, les hexamètres, et parfois l’Iliade, poème chanté bien avant d’avoir été transcrit par l’écriture. Oui, la parole précède l’écrit, l’homme et la femme sont des êtres de chant et de musique, en amont d’être des juristes ou des philosophes. Cet aspect primal de la langue, chacun de nous le sent, au fond de soi. L’enfant commence par la syllabe, il tricote ses sons à lui, bien avant d’accéder au langage de raison.

     

    Le Grand Conseil genevois a dit non, il y a quelques jours, à l’écriture inclusive dans les textes de l’administration. Il a réussi ce renversement, après des années de déculottée de l’officialité face à la mode d’un moment. Il a voté cela, et jamais je n’ai eu autant envie de remercier une majorité de députés. Bien sûr, cela ne concerne que l’écriture de l’Etat, une affaire interne au monde des scribes. Mais le signal est donné. Il est fort. Il est courageux. Il va contre le vent. Il doit, à tout prix, constituer un coup d’arrêt à cette pollution programmée du verbe et du sens. Ce précédent doit maintenant donner à d’autres, partout où il le faudra, l’ardeur d’aller dans le même sens. Jeter au brasier les barres obliques et les points médians. Rendre à la langue française sa clarté, sa simplicité, et au fond sa lisibilité. Allons, réjouissons-nous. Et surtout, trouvons dans nos tréfonds le courage de pulvériser d’autres modes. La guerre culturelle ne fait que commencer.

     

    Pascal Décaillet