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  • Voir et dire !

     

    Sur le vif - Jeudi 11.06.20 - 12.40h

     

    Suites politiques de la manif totalement illégale de mardi : il n'existe pour l'heure, à ma connaissance, qu'une seule démarche parlementaire pour exiger des explications du Conseil d'Etat : une Question urgente écrite, annoncée hier soir par le député PLR Philippe Morel.

    Et ses 99 collègues ? Ils comptent fermer les yeux ? Jouer l'autruche ? Faire comme si rien ne s'était passé ?

    Le Parlement est le premier pouvoir de notre République. Il est le garant de l'Etat de droit. Il est là pour voir et dire. Et non feindre d'ignorer. Et se taire.

     

    Pascal Décaillet

  • Le ventre de la mémoire

     

    Sur le vif - Jeudi 11.06.20 - 10.27h

     

    Celui qui n'a pas lu au moins trois mille livres d'Histoire, ni confronté, pour chaque sujet, le maximum de visions (celle des vaincus, dans une guerre, par exemple), ne devrait pas se lancer en politique. Toujours, il lui manquera cruellement l'essentiel : la vision diachronique, la perspective, la mise en contexte, le sens de la durée, la passion de Thucydide pour les causes et les effets.

    Le préparation pour la politique n'est certainement pas la philosophie. Ni la pure mécanique des idées. Mais l'Histoire. La prise en compte, patiente, sur des décennies de lectures et d'archives, du réel. La lente reconstitution, dans sa conscience, comme il en va d'une photographie révélée en chambre noire, d'une vérité. Avec toutes ses facettes, toutes ses contradictions, toutes ses désespérantes impasses.

    Car l'approche historique ne propose pas de solution. Ni de lois universelles. Rien de tout cela. Tout est particulier, infinitésimal parfois, il faut aller y voir de très près. J'ai plus appris sur certains éléments du Troisième Reich, à la sortie de l'enfance, en lisant la correspondance en allemand de ma mère avec des gens qu'elle avait fréquentés en 1937 et 1938, que dans des quantités de livres.

    Il faut aller voir. Il faut gratter. Il faut rejeter la morale et le jugement. Il faut constituer le réel dans sa conscience. En accepter l'insondable complexité. Multiplier les sources et les témoignages. Se garder de tout universel. Laissons le ciel aux cosmopolites. Plongeons-nous dans les entrailles de la terre. Dans le ventre de la mémoire.

     

    Pascal Décaillet

  • Serge Dal Busco, le diviseur

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 10.06.2

     

    La guerre des transports fait rage à Genève. Elle n’est pas revenue toute seule, ni par la grâce du Ciel, mais par l’œuvre d’un homme, un seul, qui devra un jour en assumer toute la responsabilité : Serge Dal Busco. C’est lui, le ministre en charge de la Mobilité, qui a déterré la hache de guerre, lui qui a fait peinturlurer de nuit, en catimini, les rues de Genève, lui qui a récidivé dans ces rondes de nuit à faire pâlir Rembrandt, lui qui réveille la foudre. Du coup, Genève est divisée en deux camps : les cyclistes, les automobilistes. Alors que chacun de nous, alternativement, peut être l’un ou l’autre, le ministre lui-même, par maladresse, par inconscience ou par intelligence programmée avec un camp, a relancé le vieil apartheid des pires heures, celles des deux derniers ministres de gauche à son poste. M. Barthassat, quoi qu’on puisse penser de lui par ailleurs, a plutôt fait figure, dans cette triste séquence, de personnage conciliant et pragmatique. Sous son règne, en tout cas, Genève roulait. C’était entre 2013 et 2018. C’était il y a mille ans.

     

    Serge Dal Busco est un homme de grande valeur. Il a parfaitement sa place au Conseil d’Etat, où le peuple l’a porté, cela n’est pas en cause. Il a le sens de l’Etat, roule pour l’intérêt public. Le seul problème, c’est que nous, nous ne roulons pas ! M. Dal Busco est un homme honnête, chaleureux, sympathique. Mais pourquoi cacher les choses ? Son passage à la Mobilité est un échec. Non parce qu’il peinturlure à gauche plutôt qu’à droite, avec telle largeur pour les bandes cyclables plutôt que telle autre, dans telle rue, de tout cela on peut naturellement discuter, et nous affirmons ici que les cyclistes doivent pouvoir circuler aisément, en toute sécurité. Non, l’échec vient de deux causes. D’abord, tel un héros des romans d’espionnage de John le Carré, il est littéralement passé à l’Est, avec armes et bagages, quittant le camp de son électorat pour accomplir la politique des Verts et des partisans de la « mobilité douce ». On notera là, pour demeurer dans de convenables normes de langage, un certain sens de « l’adaptation » qui, à Genève, en choque plus d’un.

     

    Ensuite, ce comportement porte un sens. Il dessine une personnalité qui, malgré ses qualités et sa sincérité à réaliser le bien public, s’adapte un peu trop facilement au vent du pouvoir en place. Les Verts ont marqué des points ? Fort bien, M. Dal Busco surabonde dans leur sens ! Donc, il s’attelle aux forces dominantes du moment. Demain, ne s’agripperait-il, tout autant, à d’autres ? Ce trait de caractère, hélas, est de nature à atténuer la bienveillance initiale de notre jugement sur son action politique. Dans ces conditions, l’homme étant selon nous à sa place au gouvernement mais pas à la Mobilité, il ne nous apparaîtrait pas inutile qu’un remaniement, au sein du collège, décharge M. Dal Busco de ce dossier – ou tout au moins de la seule gestion de ces questions. Cela, non pour nous faire plaisir. Ni pour faire triompher un camp contre un autre, surtout pas. Mais pour rétablir, à Genève, la paix des braves. Excellente semaine à tous !

     

    Pascal Décaillet