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  • Mahmoud Abbas dit NON. Et il a raison.

     

    Sur le vif - Lundi 27.01.20 - 15.56h

     

    Le Président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, refuse de discuter avec Donald Trump du "plan de paix américain" pour le Moyen-Orient.

    Comment lui donner tort ? Depuis qu'il est aux affaires (où nous reconnaissons ici sa réussite en économie intérieure), le Président américain multiplie, pour se garder un socle électoral en novembre 2020, les provocations contre la dignité palestinienne la plus élémentaire.

    Il soutient inconditionnellement la politique coloniale de Netanyahou. Il inscrit dans son "plan de paix" la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël. Comment voulez-vous que le patron de l'Autorité palestinienne puisse avaliser un tel document ?

    Le peuple palestinien vit certaines de ses heures les plus difficiles depuis 1948. Israël tente de légitimer les annexions, la Maison Blanche suit systématiquement. La Cisjordanie, Jérusalem-Est, Gaza n'ont ni indépendance, ni dignité. On joue la montre, on atermoie, on fragmente les causes, on continue d'installer des colons, on fait reculer la langue arabe en territoire israélien. On isole, à Gaza, plus d'un million de personnes qui vivent dans des conditions inimaginables. Et il faudrait que le chef investi de ce qui reste de pouvoir palestinien, ce Jean Sans Terre, même pas le pouvoir d'un de Gaulle à Londres, se commette à aller parlementer avec un Président américain qui, sans la moindre ambiguïté, a fait son choix devant l'Histoire !

    Mahmoud Abbas a raison de dire non. Ce mot "non", dans toute sa raideur, toute son intransigeance, c'est la seule manière, aujourd'hui, en ce temps d'immense difficulté pour son peuple, d'affirmer sa dignité. Et la grandeur de sa cause.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Suzette face à la Communauté du Bien

     

    Sur le vif - Dimanche 26.01.20 - 14.21h

     

    L'excellente Suzette Sandoz, dont je ne partage pas les options libérales, mais dont j'admire le combat pour la liberté de pensée, commet dans le Temps un blog jugé déplaisant par les Clercs du Climat.

    Du coup, la Congrégation pour la doctrine de la foi publie un contre-texte, où elle rappelle le dogme. Ce qui est licite, ce qui ne l'est pas. Ce qu'on peut dire, ce qu'il faut taire. Courageuse, la Cléricature multiplie les signatures. A plusieurs, on se couvre, on se protège, sous une même pourpre, cardinalice.

    Mieux : le Temps use de précautions pour se justifier d'avoir donné la parole à l'hérétique. Il coiffe le propos d'un apparat critique, de type "Attention, ce film est déconseillé aux moins de 18 ans".

    L'affaire du climat est loin d'être la seule, dans le choc des idées en Suisse romande, où règne la censure. Il en est d'autres, de plus en plus nombreuses.

    Face à une telle pesanteur, la seule réponse, pour chacun d'entre nous individuellement responsable de ses prises de position, est de s'exprimer. En tentant de préciser au mieux les contours de sa pensée. En disant ce qu'il a à dire. Parfois, cela épousera la doxa ambiante. Parfois, non. Dans ce second cas, évidemment plus difficile à vivre face aux chasses aux sorcières, il ne faudra justement renoncer en aucun cas à dire ce qu'on a sur le coeur.

    La République appartient à tous. Le combat des idées, aussi. Il n'appartient pas à la Communauté du Bien, ni à celle des Experts, ni à celle des "Scientifiques", de déterminer ce qu'on a le droit de dire, et ce qu'il faudrait taire.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • A propos du verbe et du chant

     

    Sur le vif - Vendredi 24.01.20 - 16.11h

     

    La question centrale, pour moi, est celle du verbe. C'est, à part la recherche de la vérité historique, ce qui m'occupe le plus, ce qui totalement me passionne.

    Le verbe. Je le prends au sens latin, verbum, la parole. Et pour moi, avant tout, la parole physique, celle que l'on tient à haute voix. Mais aussi au sens grec, logos, un mot plus complexe, riche de sens, le mot, la parole, l'argument, ou encore au début de l’Évangile de Jean, le Verbe au sens biblique, théologique. Encore faut-il circonscrire ce que cela recouvre !

    Je ne suis pas philosophe. Je m'intéresse au langage, à la musique, à l'Histoire. Ma passion pour le verbe est physique, elle est corporelle, elle passe par la voix, comme il sied à un homme de radio. Lorsque j'écris, je dis tout haut ce que je couche sur le texte, donc en vérité je n'écris jamais : je parle, je me dicte à moi-même les mots. Dès lors, le verbe reprend le sens qui en français lui est le plus courant : le principe actif de la phrase, celui qui donne le sens, définit l'action.

    Mon rapport à l'écriture est très complexe, j'y reviendrai peut-être un jour. J'aime écrire, c'est sûr, comme beaucoup d'entre nous ici. Mais en aucun cas - je dis bien aucun - l'écriture en soi ne constitue pour moi une finalité. C'est juste un outil, un "organon", j'ai eu la chance de l'apprendre très jeune, je m'en sers, je ne suis pas sûr du tout de l'aimer, il est même possible qu'au fond de moi, pour d'obscures et complexes raisons, je le déteste.

    Pourtant, pas une journée, pas une heure, sans lire. Peut-on vivre sans respirer ? Paradoxal, je sais.

    La question centrale est celle du verbe. J'y pensais hier soir en écoutant Renata Tebaldi, l'autre géante. Lorsque, transfigurée par le chant, la parole est à ce point physique, littéralement incorporée, lorsque toute notre carcasse périssable sert de caisse de résonance à une partition, alors il n'y a plus ni verbe, ni notes, ni sons, ni soupirs. Il y a juste l'un des plus saisissants accomplissements humains : s'oublier soi-même, se fondre dans la musique. Devenir soi-même l'instrument, l'outil, l'organon.

    J'aurais voulu être cantatrice.

     

    Pascal Décaillet