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A propos du verbe et du chant

 

Sur le vif - Vendredi 24.01.20 - 16.11h

 

La question centrale, pour moi, est celle du verbe. C'est, à part la recherche de la vérité historique, ce qui m'occupe le plus, ce qui totalement me passionne.

Le verbe. Je le prends au sens latin, verbum, la parole. Et pour moi, avant tout, la parole physique, celle que l'on tient à haute voix. Mais aussi au sens grec, logos, un mot plus complexe, riche de sens, le mot, la parole, l'argument, ou encore au début de l’Évangile de Jean, le Verbe au sens biblique, théologique. Encore faut-il circonscrire ce que cela recouvre !

Je ne suis pas philosophe. Je m'intéresse au langage, à la musique, à l'Histoire. Ma passion pour le verbe est physique, elle est corporelle, elle passe par la voix, comme il sied à un homme de radio. Lorsque j'écris, je dis tout haut ce que je couche sur le texte, donc en vérité je n'écris jamais : je parle, je me dicte à moi-même les mots. Dès lors, le verbe reprend le sens qui en français lui est le plus courant : le principe actif de la phrase, celui qui donne le sens, définit l'action.

Mon rapport à l'écriture est très complexe, j'y reviendrai peut-être un jour. J'aime écrire, c'est sûr, comme beaucoup d'entre nous ici. Mais en aucun cas - je dis bien aucun - l'écriture en soi ne constitue pour moi une finalité. C'est juste un outil, un "organon", j'ai eu la chance de l'apprendre très jeune, je m'en sers, je ne suis pas sûr du tout de l'aimer, il est même possible qu'au fond de moi, pour d'obscures et complexes raisons, je le déteste.

Pourtant, pas une journée, pas une heure, sans lire. Peut-on vivre sans respirer ? Paradoxal, je sais.

La question centrale est celle du verbe. J'y pensais hier soir en écoutant Renata Tebaldi, l'autre géante. Lorsque, transfigurée par le chant, la parole est à ce point physique, littéralement incorporée, lorsque toute notre carcasse périssable sert de caisse de résonance à une partition, alors il n'y a plus ni verbe, ni notes, ni sons, ni soupirs. Il y a juste l'un des plus saisissants accomplissements humains : s'oublier soi-même, se fondre dans la musique. Devenir soi-même l'instrument, l'outil, l'organon.

J'aurais voulu être cantatrice.

 

Pascal Décaillet

 

 

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