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  • Que chacun tienne son journal !

     

    Sur le vif - Jeudi 18.07.19 - 09.59h

     

    Le mot "réinformation" n'a aucun sens. On informe, ou on n'informe pas. Et le meilleur combat contre les fausses nouvelles, c'est l'information, tout court. Quant à la liberté de penser, elle n'a ni à être éduquée, ni à être rééduquée.

    En clair, c'est non à la prétendue "mission pédagogique de la presse". Et c'est non, tout autant, à la prétendue relecture critique (entendez démolition systématique) de la même presse, par des gens n'ayant pas la moindre idée de ce qu'est le journalisme.

    Oublions d'ailleurs la presse, les médias, le journalisme. Que chacun d'entre nous tente - s'il le souhaite - le chemin de connaissance, l'aventure d'écrire, d'exprimer ses idées.

    Que chacun d'entre nous travaille sa liberté intellectuelle, au jour le jour, en tenant son journal. Qu'il nous fasse part de ses découvertes, de ses point de vue, de sa sensibilité. Que chacun d'entre nous soit "auteur", comme il le peut, comme il le veut. Nul besoin d'intermédiaires, de directeurs de conscience.

    Que chacun d'entre nous vive sa vie. Et nous fasse part, s'il en éprouve le besoin, de ses expériences. Les nouveaux outils de communication permettent cela. Profitons-en.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Les racines du réel

     

    Sur le vif - Jeudi 18.07.19 - 09.39h

     

    De la Frise hollandaise (où je me suis rendu début juillet, tout au Nord) à la Suisse alémanique, ou à la Pologne, le rejet de l'Europe est en réalité une peur de l'Allemagne. Une méfiance, atavique, viscérale ou aussi parfois intellectuelle, face aux appétits de cet Empire du Milieu.

    Les vrais ressorts des âmes, sur notre continent, demeurent bien nationaux. Les vraies clefs d'explication sont dans l'Histoire. Le jargon multilatéral ne veut rien dire. Juste un paravent, pour camoufler l'immanence et la permanence des vieilles identités nationales, infiniment plus solides, plus tenaces, plus durables que ce qu'on veut nous faire croire.

    Le rêve multilatéral sera depuis longtemps dissipé, que les nations demeureront, ancrées dans les racines du réel.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • La vraie question c'est l'Allemagne, pas l'Europe

     

    Sur le vif - Mercredi 17.07.19 - 19.09h

     

    La question n'est pas d'être pour ou contre l'Europe. L'Europe existe, elle est notre continent, nous sommes profondément européens.

    La question n'est pas, non plus, d'être pour ou contre l'Union européenne. L'UE existe, la Suisse n'en est pas membre, la question d'une adhésion n'est pas aujourd'hui à l'ordre du jour. La Suisse existe, l'Union européenne aussi, chacune de ces entités vit sa vie, et nous verrons bien.

    La question fondamentale, pour notre continent, qu'on soit à l'intérieur ou à l'extérieur de l'UE, c'est le déséquilibre croissant engendré par l'émergence, depuis trente ans, d'un pays beaucoup plus fort que tous les autres, l'Allemagne.

    Beaucoup plus fort que le Luxembourg, il le sera toujours. Beaucoup plus fort que la Belgique, que les Pays-Bas, il le sera toujours. Mais, depuis bientôt trente ans, BEAUCOUP PLUS FORT QUE LA FRANCE. C'est cela qui est inquiétant. La thèse, magnifique au demeurant, de la construction d'une Cathédrale par une voûte fondée sur l'équilibre, ne tient plus. Depuis 1989, depuis 1992, l'un des membres fondateurs du Traité de Rome (1957) s'est littéralement envolé. Il a démarré en côte, comme au Tour de France, il a laissé ses concurrents figés sur la route du col.

    Le poids que prend l'Allemagne en Europe n'a pas seulement de quoi inquiéter les 27 autres membres de l'Union européenne. Mais aussi les pays non-membres, comme la Suisse. En matière aérienne, en matière postale, en matière de télécommunications, en matière d'approvisionnement en acier, en automobiles, en matière de banques et d'assurances, pour ne prendre que quelques exemples, le gigantisme économique et commercial de l'Allemagne représente pour notre pays une menace de phagocytage. Nos amis alémaniques en sont, d'ailleurs, bien plus conscients que nous.

    Avec l'Union européenne, la Suisse négocie. Depuis des décennies. Nous verrons ce que cela donnera. Négocier, il y a des diplomates pour cela ; puissent-ils simplement le faire en demeurant aux ordres du politique, et non en fonctionnant en roue libre. Mais les politiques, eux, à commencer par chaque citoyenne, chaque citoyen de notre pays, doivent impérativement garder à l'esprit l'essentiel.

    L'essentiel, ça n'est pas tant notre rapport avec les institutions complexes de l'Union européenne. L'essentiel, c'est la survie, en tant que nation souveraine et indépendante, de notre tout petit pays, riche de son magnifique système politique, de son fédéralisme, de sa démocratie directe, de son respect des différences. Sa survie, non face à Bruxelles, qui n'est pas si dangereuse. Mais sa survie, dans un continent où, Union européenne ou non, son énergique et redoutable voisin du Nord, premier partenaire commercial, prend un ascendant de plus en plus inquiétant. D'autant plus que les esprits prétendument éclairés - à vrai dire aveuglés par un cosmopolitisme béat et vain - se refusent à en prendre acte.

    Je parlais de la Belgique ou des Pays-Bas. Dans une construction européenne devenue incapable de garantir des équilibres promis au départ (Rome, 1957), et où hélas le plus fort dicterait sa loi, notre petit pays, à terme, ne pèserait pas beaucoup plus que ces deux nations amies du Benelux.

    En clair, le citoyen, ou la citoyenne, lucide et sage doit impérativement raisonner en termes stratégiques et réalistes, et non sur les sirènes des grands discours. Cela signifie évaluer le terrain, les rapports de forces. Situer le vrai danger. Ne pas se tromper d'adversaire. Vaste programme, extraordinairement difficile à mettre en œuvre dans une Europe en pleines mutations, où le destin de ceux qui sont à l'intérieur (de l'UE) n'est au fond en rien différent du destin de ceux qui sont dehors (la Suisse, par exemple).

    En plus clair encore : il n'y a pas vraiment de problème européen. Mais il existe, à coup sûr, depuis le prodigieux réveil sous Frédéric II (1740-1786), une question allemande, centrale et déterminante, en Europe.

     

    Pascal Décaillet