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  • Le quinquennat, erreur fatale

     

    Sur le vif - Dimanche 02.12.18 - 06.03h

     

    L'immense erreur, en France, est celle du quinquennat.

     

    Jusqu'au début des années 2000, le génie de la politique française était la non-concordance du temps parlementaire avec le temps présidentiel. Le premier, cinq ans. Le second, sept ans.

     

    Dans ce système, l'Assemblée vivait sa vie, l'Elysée vivait la sienne. En 1958 et 1962, les gaullistes triomphent au Palais-Bourbon. En 1967, de Gaulle a failli perdre la majorité, il s'en est fallu d'un rien, on a recompté toute la nuit. Fin mai 1968, il dissout l'Assemblée, et triomphe en juin.

     

    Et puis, nous avons tous vécu ce 16 mars 1986 : Mitterrand président, c'est la droite qui gagne les élections, avec Chirac à Matignon : ce sera la première cohabitation. Période passionnante. Avec, pour la première fois sous la Cinquième République, une Assemblée qui a un autre rôle que celui de Chambre d'enregistrement de l'exécutif.

     

    L'immense erreur du quinquennat est de faire coïncider le temps présidentiel avec le temps parlementaire. Depuis 2002, on élit le président en mai, et dans l'immédiate foulée, en juin, on lui donne bien évidemment, en plein état de grâce, la confirmation parlementaire de son pouvoir.

     

    C'est un très mauvais système, mortifère pour l'indépendance du Parlement. On n'élit plus ce dernier qu'en fonction du Prince que le pays vient de se choisir. Le sommet indépassable de cette caricature aura bien sûr été la vague de députés "En Marche" de juin 2017, une bande de godillots sans expérience, juste là pour avoir affiché, jusqu'à en reprendre les initiales, le blason présidentiel. L'écurie Macron au Palais-Bourbon.

     

    Remontons à Mirabeau, et sa célèbre phrase lors du Serment du Jeu de Paume (1789). L'Assemblée Nationale, en France, ça n'est pas rien. Constitutive, sous différents noms successifs, des plus grandes heures de la Révolution, mais aussi de la Troisième République, elle incarne la légitimité du pays divers et profond. Elle a, devant l'Histoire, une autre vocation que de servir d'antichambre au Prince, par petits marquis interposés.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Macron, un monarque à contresens

     

    Sur le vif - Samedi 01.12.18 - 18.09h

     

    L'élection d'Emmanuel Macron, homme sans culture politique, sans aucune espèce de références historiques, multipliant même dans ce domaine les énormités, a évidemment constitué, au printemps 2017, une erreur majeure.

     

    La France s'est laissée avoir par un bonimenteur de passage. Un pur produit marketing, dûment soutenu par la finance internationale, a profité du vide sidéral laissé par le reste de la classe politique. Il s'est juste engouffré.

     

    Du coup, pendant cinq ans, sous prétexte de "résistance au populisme", la France a droit à une politique à contresens. Partout en Europe, reviennent les peuples et les nations. Les frontières. Les volontés de contrôler les flux migratoires. Les besoins criants de souverainetés nationales. A l'inverse de tout cela, pour plaire à l'international, au petit monde du multilatéral, comme d'autres tentaient de plaire aux émigrés de Coblence, Macron s'accroche désespérément à son credo européiste, à ses illusions mondialistes. Voilà un homme qui n'a strictement rien compris aux besoins profonds des peuples d'Europe d'aujourd'hui, à commencer hélas par le sien.

     

    Face aux gilets jaunes, tiendra-t-il ? Dissoudra-t-il l'Assemblée ? Devra-t-il passer trois ans et demi en cohabitation avec une députation enfin représentative, en lieu et place de la joyeuse bande de valets de l'exécutif, issus des urnes dans la foulée de son élection, en 2017 ? Devra-t-il cohabiter avec un Premier ministre hostile, ou en tout cas moins servile que l'actuel, qui n'est qu'un chef d'état-major de la volonté élyséenne ?

     

    Dans tous les cas, y compris celui de son maintien jusqu'au terme du mandat, en mai 2022, Macron n'est que la perpétuation d'une erreur. Le répit de l'Ancien Monde. Un jour ou l'autre, la nouvelle donne politique s'imposera en France : retour à souveraineté et à la nation, protectionnisme, rupture avec les grands empires financiers cosmopolites, droit de frapper monnaie et de déployer ses forces armées, riches d'une Histoire plus que millénaire, en fonction d'impératifs nationaux, et non d'une agrégation dans un ensemble supérieur.

     

    Cette affirmation de la souveraineté face aux Empires, qu'ils fussent ceux des Habsbourg ou tant d'autres, est, de Philippe le Bel à Charles de Gaulle, une absolue constante de l'Histoire de France. Un jour ou l'autre, elle s'imposera de nouveau. Nous ne sommes pas hors de l'Histoire. Non, nous sommes dans l'Histoire ! Parties prenantes, tous, de destins que nous contribuons à forger.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Le pays réel

     

    Sur le vif - Samedi 01.12.18 - 08.45h

     

    Si Macron dissout, la nouvelle Assemblée nationale ressemblera enfin à la France réelle, avec les vrais rapports de force qui traversent le pays. Contrairement à la vague totalement artificielle de députés élus sur mesure, dans la foulée de la présidentielle de 2017, pour servir de Chambre d'enregistrement aux décisions du Prince.

     

    Dans ce pays réel (j'utilise à dessein cette expression, en sachant parfaitement d'où elle vient), il y a un courant qui, déjà à la présidentielle de 2017, avait montré, EN NOMBRE DE VOIX, son exceptionnelle marge de progression.

     

    Vous me direz que, dans la dynamique d'un scrutin majoritaire, le nombre de voix n'a pas d'importance, puisqu'il se trouve écrasé par les regroupements du second tour.

     

    Je vous répondrai ceci : lorsque le pays est au bord de l'éclatement, les forces sociales imposent un changement de système. Ce dernier porte un nom, bien précis : il s'appelle la proportionnelle.

     

    Si ce rééquilibrage (pour user d'un euphémisme) n'a pas lieu maintenant, il se produira de toute manière en fin de législature, en 2022. Et l'épisode Macron n'aura été, comme je l'annonçais ici même à la minute même de son élection, qu'un répit de cinq ans pour l'Ancien Monde.

     

    Pascal Décaillet