Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 10

  • Le corps de la nation

     

    Sur le vif - Mercredi 14.11.18 - 23.50h

     

    Il n'y a pas d'un côté les politiques, comme s'ils devaient constituer une caste à part, et de l'autre les gens.

     

    Non. Il y a des citoyens.

     

    Nous sommes tous citoyens ! Tous ensemble, nous faisons, grâce à la démocratie directe, la politique du pays. Ensemble, nous constituons le corps de la nation. Chacun de nous est fragment de cette totalité.

     

    Il y a des citoyens élus, dans des Parlements, pour faire des lois. Fort bien. Qu'ils fassent des lois. Mais la politique ne leur appartient pas. Pas plus qu'elle n'appartient aux partis.

     

    Se faire élire ne constitue en aucune manière un élément de supériorité dans l'appartenance citoyenne. Au contraire : cela crée un devoir, une forme profane de ministère, envers la masse des citoyens électeurs. Un élu est là pour servir.

     

    La politique est l'affaire de tous. Aventure collective et totale, à l'intérieur d'un périmètre donné, qui constitue à la fois une communauté de mémoire et de destin.

     

    Cet horizon commun, où l'avenir puise son énergie dans les profondeurs de l'Histoire, le foisonnement des récits, l'invention des langues, la communauté des valeurs, je lui donne, pour ma part, le nom de nation.

     

    Pas le nationalisme. Juste la nation.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Macron face aux Serbes : innommable !

     

    Sur le vif - Mercredi 14.11.18 - 13.51h

     

    Le comportement de Macron face au Président serbe, le 11 novembre dernier, donne la nausée à tous ceux qui connaissent l'Histoire. Écarter un frère d'armes de la Grande Guerre, écarter un peuple qui s'est battu avec héroïsme contre l'occupation nazie de la Yougoslavie (là où d'autres collaboraient), entre 1941 et 1945, l'écarter le jour du centième de l'Armistice, est un acte innommable.

     

    Mais ouvrez les livres d'Histoire, Monsieur le Président ! Relisez la prodigieuse épopée de l'Armée d'Orient, commandée par le Maréchal Franchet d’Esperey ! Et puis, renseignez-vous un peu, voulez-vous, sur la terrible Histoire des Balkans entre 1941 et 1945. Il y eut des gens, dans des pays aujourd'hui très bien vus de la mode internationale, pour trouver beaucoup d'avantages à l'occupation allemande. Et puis, il y eut des peuples qui résistèrent. Ce fut le cas des Serbes.

     

    Ce qui manque à Emmanuel Macron, c'est un minimum de connaissances historiques. Il est le Président de la France ! Le Président d'une grande nation, qui s'est construite, au fil des siècles, par le sacrifice et par les armes. Une nation qui a refusé les Empires, pour s'affirmer elle-même, parfois seule contre tous, comme en 1792, lors de la levée en masse pour défendre la Révolution.

     

    Cette nation, en Europe, a quelques amis fidèles. Pas beaucoup. La Serbie en fait partie.

     

    Vous venez de commettre, Monsieur le Président, après celle de François Mitterrand au début des années 1990, la deuxième trahison de la France à l'égard de la Serbie.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Les partis ne sont pas l'Alpha et l'Oméga

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 14.11.18

     

    Nous accordons tous beaucoup trop d’importance aux partis politiques. De gauche ou de droite, nous avons tendance à les traiter comme s’ils étaient l’Alpha et l’Oméga de notre vie démocratique. Ils ne le sont pas ! Le personnage principal, dans notre système suisse, ça n’est pas le membre d’un parti, ni son président, ni même son élu. Non, le héros de la politique suisse, c’est le citoyen. Ce corps électoral, invisible, de quelque cinq millions d’hommes et de femmes qui, quatre fois par an, sont appelés à se prononcer sur le destin de la nation. Ce sont eux, les patrons. Pas les élus, ni législatifs ni exécutifs ! D’un parlementaire, on attend qu’il fasse des lois, c’est déjà très important. Mais la politique ne lui appartient pas. Encore moins, à son parti !

     

    L’émergence des partis politiques est une conquête de la Révolution française. Après les siècles d’Ancien Régime, l’impérieux besoin d’user de la liberté d’association et de réunion fut une revendication capitale, les partis en sont nés. Après deux siècles, les étiquettes ont changé, Jacobins et Girondins ont laissé la place aux radicaux, socialistes, libéraux, puis plus tard démocrates-chrétiens, etc., mais au fond les fronts sont toujours les mêmes, et les masses tectoniques de nos paysages politiques, en Suisse, en France, en Allemagne, n’ont pas beaucoup bougé, pendant toutes ces décennies.

     

    C’est bien, les partis ont joué leur rôle dans l’Histoire. Mais leur temps n’est pas infini. La prodigieuse évolution des techniques, la mise en réseau des connaissances, le partage immédiat de l’information, tout cela va faire évoluer la citoyenneté. La démocratie directe, ce bien si précieux de notre système suisse, doit trouver le moyen de se réinventer pour faire participer massivement le plus grand nombre, encore plus qu’aujourd’hui, aux grandes décisions touchant le pays. De plus en plus, des groupes de citoyens, ciblés sur un objectif précis, pourront mettre en marche une démocratie d’efficacité et de résultats, sans passer par les appareils lourdingues des partis, avec leur pesanteur de comités, d’assemblées générales, d’élections internes, de petit services rendus entre bons paroissiens.

     

    Et puis, quoi ! Le but, face au destin du pays, n’est pas de se dire toute sa vie « Je suis radical, je suis PDC, je suis socialiste, c’est merveilleux », mais il est de servir l’intérêt général. La démocratie directe, qui met en avant les thèmes plutôt que les personnes, déterre les tabous, provoque dialogues et débats, met en œuvre le langage et l’esprit, sert autrement le pays que ces pronunciamientos d’apparatchiks et de comitards, avec leurs partages de prébendes dans les conseils d’administration des grandes régies, leurs barbichettes mutuellement tenues, en un mot leurs systèmes de copinages. La politique n’appartient pas aux partis, mais à l’ensemble des citoyennes et citoyens de ce pays. Et, s’il faut la faire un jour sans les partis, eh bien nous la ferons sans eux.

     

    Pascal Décaillet