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  • Deux millions, c'est mieux que 246 !

     

    Sur le vif - Vendredi 02.11.18 - 13.09h

     

    Le Parlement joue un rôle important dans notre vie politique suisse. Il fait des lois, ce qui n'est pas rien. Mais il ne constitue en aucun cas l'alpha et l’oméga de notre démocratie.

     

    Non, la pierre angulaire, c'est le corps des citoyens, le suffrage universel. Par le référendum, il peut défaire les lois votées par le Parlement. Beaucoup mieux : par l'initiative populaire, il peut exhumer les sujets que la classe politique a volontairement laissé gésir dans les entrailles de la terre.

     

    Ces sujets, par la voie de l'initiative, les citoyens peuvent en faire des thèmes majeurs de notre vie politique, d'envergure nationale, sur lesquels les cinq millions d'électeurs de notre pays prennent parti. Jusque dans les repas familiaux, on s'engueule, comme dans le fameux dessin de Caran d'Ache, sur l'Affaire Dreyfus.

     

    Le Parlement chuchote et passe des compromis tactiques et soupesés, la peuple vit et s'exprime. Si 40% des cinq millions votent (c'est la moyenne), cela fait deux millions de personnes qui, quatre fois par an, dessinent ensemble le destin de la nation.

     

    Deux millions, c'est tout de même un peu mieux, un peu plus ancré en légitimité tellurique, que 246 à Berne, non ?

     

    Pascal Décaillet

     

  • Le patron, c'est le citoyen

     

    Sur le vif - Vendredi 02.11.18 - 09.03h

     

    Je l'ai déjà dit : les citoyennes et citoyens suisses doivent entreprendre quelque chose, peut-être une initiative, pour un encadrement et un contrôle démocratique systématiques de ces fameux "Accords de libre-échange" que Berne signe à tour de bras, loin du regard du peuple.

     

    Ces Accords, qui pullulent depuis les années soixante, sont beaucoup trop nombreux, ils embarquent la Suisse dans une forêt contractuelle d'une complexité inouïe, ils ont été préparés par l'administration, aux ordres d'une idéologie libérale, voire ultra, pour faciliter la vie des exportateurs. Le Commerce extérieur est considéré, à Berne, comme une Arche Sainte, inattaquable.

     

    La possibilité de se retourner contre ces Accords par la voie démocratique, pas seulement le Parlement mais le suffrage universel, est au mieux théorique, au pire inexistante.

     

    Un exemple : Berne se targue, en gonflant les pectoraux, d'avoir arraché un Accord avec l'Indonésie. La question de l'huile de palme, concurrente mortifère de notre colza suisse, n'est pas résolue, aucune garantie solide pour les paysans suisses n'ayant été obtenue.

     

    Les Accords signés par la Suisse doivent être ratifiés par le suffrage universel. En tout cas, ceux d'entre eux qui posent problème, aux yeux du corps des citoyens. Il faut inventer, dans les années qui viennent, une possibilité simple et rapide de contrôle démocratique des Traités potentiellement dangereux pour la cohésion sociale, l'indépendance et la souveraineté de notre pays.

     

    Cette possibilité doit être autre que le référendum. Ce dernier, qui conteste une loi votée par le Parlement, intervient beaucoup trop tard, une fois que la loi est achevée, tricotée. Du coup, on doit accepter ou refuser un paquet, dans son ensemble. Dans ce modèle, le Parlement demeure la référence centrale, celle qu'on approuve ou non. Or, la pierre angulaire, ça ne doit pas être le Parlement, mais le corps souverain des citoyens. C'est lui, dans les années qui viennent, qui doit enfin pouvoir en Suisse assumer toutes ses responsabilités politiques.

     

    En démocratie, le patron c'est le citoyen.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Un monde sans notes de frais

     

    Sur le vif - Jeudi 01.11.18 - 22.35h

     

    Au lieu de constamment s'étrangler de déception face aux élus, demandons-nous plutôt si nous allons encore avoir éternellement besoin d'élus.

     

    Née de la Révolution française (un peu avant, déjà, en Angleterre), la bonne vieille démocratie représentative date du temps des lampes à huile et des diligences. On envoyait, pour des "sessions", des notables siéger dans la capitale du pays.

     

    Fort bien. Mais les temps ont changé. La Révolution numérique, le partage des connaissances, la mise en réseau du savoir, tout cela rend de moins en moins nécessaire la présence simultanée, pendant trois semaines, quatre fois par an (je prends le cas de la Suisse) d'élus pour pondre des lois.

     

    Petit à petit, dans les décennies qui viennent, le processus de maturation des lois va changer. La démocratie directe, de plus en plus, va pouvoir agir directement, et peut-être plus seulement sur le plan constitutionnel.

     

    Les nouvelles formes de citoyenneté sont à inventer. Les outils existent déjà, existeront de plus en plus, pour que le suffrage universel, dûment formé et informé, supplée progressivement ces assemblées de notables où le tutoiement consanguin remplace le glaive de la lutte des idées.

     

    Un monde sans notes de frais. Un monde sans Nomenklatura. Un monde délivré des oligarques et des corps intermédiaires. Un monde où chaque citoyenne, chaque citoyen, à la fois fragment et totalité de la nation, participerait activement à dessiner le destin du pays.

     

    Pascal Décaillet