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  • Europe : les errances de la gauche suisse


    Sur le vif - Dimanche 29.07.18 - 09.37h

     

    Que la droite libérale et dérégulatrice, en Suisse, ait laissé faire la libre circulation, c'est ma foi sa vocation économique et politique. Elle a parfaitement le droit d'exister, et de défendre ses opinions.

     

    Que les gentils centristes, d’inspiration chrétienne, aient embrayé derrière, comme des grands, c'est déjà plus étonnant. On ne saurait leur recommander la lecture de l'un des textes politiques les plus éblouissants de la fin du 19ème siècle, l'Encyclique Rerum Novarum, du Pape Léon XIII (1891), qui plaide avec feu pour une économie au service de l'humain, et non du profit. Mais enfin, va pour les gentils centristes. Il se signalent par deux points, après mûre réflexion : ils sont gentils, et ils sont centristes.

     

    Mais alors, que la GAUCHE, au début des années 2000, se soit laissé enfiler, au mépris total des travailleurs suisses qu'elle prétend défendre, le grand capharnaüm de l'ouverture des frontières, mère de toutes les sous-enchères salariales, en se disant rassurée par l'immense plaisanterie des "mesures de compensation", là il y a un problème.

     

    Tant que la gauche, en Suisse, au nom de l'irénisme d'une fraternité planétaire, demeurera majoritairement noyautée par des internationalistes, soit anciens trotskystes, soit libéraux blairiens, méprisant les uns comme les autres la dimension nationale et l'absolue primauté des travailleurs indigènes, elle fera le jeu des libéraux, et même des ultras. On ne s'étonnera pas, dans ces conditions, que montent, dans l'estime de la population, les approches plus radicales. Celles de gauche, comme celles de droite.

     

    Pascal Décaillet

     

  • La tyrannie de l'échange

     
     
    Sur le vif - Vendredi 27.07.18 - 20.14h

    Il faudra un jour s'interroger sur la tyrannie de "l'échange", l'un des fondements du libéralisme économique, ou plus exactement de la dérive ultra de ce dernier, celle qui régente et régule l'Europe, depuis trente ans.

     

    L’Échange. Je ne pense pas ici à la sublime pièce de Claudel, mais à ces millions de produits dont la circulation frénétique, d'un bout à l'autre de la planète, nous est imposée comme passage obligé du bonheur terrestre. Depuis la chute du Mur, donc du communisme, depuis que le libéralisme est devenu dogme unique.

     

    Au nom de l'échange, nos pays ont laissé mourir nos agriculteurs. Au nom de la domination absolue du Commerce extérieur, qui va jusqu'à infléchir nos taux monétaires, on a laissé tomber une partie importante de la production agricole dans nos pays. On nous fait miroiter des vins d'Australie, du Chili ou de Californie : c'est un peu dommage, les nôtres, les vins suisses, les vins français, les vins italiens, ne sont pas si mauvais, non ?

     

    Au nom de l'échange, on a sacralisé les transactions bancaires internationales, invisibles, inodores, plus rapides que la lumière. On les a défiscalisées, on traite de doux rêveurs ceux qui voudraient les taxer.

     

    Au nom de l'échange, on a laissé les fonctionnaires du Commerce extérieur sécréter des tonnes de directives qui, sous l'apparence incompréhensible du jargon juridique, justement là pour noyer toute compréhension et étouffer toute tentative de contrôle démocratique, n'ont d'autre fonction que de faciliter la vie à ceux qui font commerce d'exporter, ou d'importer mondialement des produits.

     

    Millions de tonnes de kérosène grillés, camions bulgares, roumains, lituaniens, qui envahissent nos autoroutes sans que personne ne sache ce qu'ils transportent. Nourrir le Commerce extérieur, comme on entretient une usine à gaz, faire croire au bon peuple que l'hyper-circulation démentielle des marchandises serait la seule voie du salut.

     

    Il y a trop d'échanges, sur la planète. Il ne s'agit pas de les supprimer, mais de les diminuer. Revenir au raisonnable. Encourager la production indigène, en priorité dans le domaine agricole. Légiférer sur les grands distributeurs. Introduire un rapport avec le Tiers-Monde, notamment les pays d'Afrique, qui soit d'un authentique respect mutuel dans l'éthique de l'échange, et non le pur et simple pillage d'un continent par un autre.

     

    De très grands poètes ou auteurs ont écrit sur le thème de l'échange, dès la tragédie antique, à vrai dire dès les poèmes homériques. J'ai cité Claudel, parce que sa pièce est un éblouissement, tant par la qualité de la langue que par celle du propos. J'aurais pu citer Bernard-Marie Koltès, ce duo bouleversant entre deux hommes, autour d'un échange, un "deal", dans la pièce "La solitude des champs de coton". J'aurais pu citer la Bible, les Psaumes. Et puis, ne parle-t-on pas "d'échange de correspondance", "d'échange amoureux" ?

     

    Sans une réflexion profonde sur le thème de l'échange, sans une volonté politique de remettre à sa place la tyrannie du Commerce extérieur, non pour s'isoler mais pour rendre à l'humain sa primauté sur la transaction, il sera difficile d'avancer. Je vous invite tous à cette réflexion. Tiens, nous pourrions par exemple "échanger nos idées".

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Vivre et laisser mûrir

     

    Sur le vif - Vendredi 27.07.18 - 09.38h

     

    Les politiques protectionnistes en Europe, avec contrôle des flux migratoires, dans les années qui viennent, n'auront pas besoin d'être mises en place par les seuls partis qui, aujourd'hui, les prônent.

     

    Non, elles seront pratiquées par les mêmes milieux qui, aujourd'hui aux affaires, les combattent.

     

    Parce que, d'ici là, elles auront pénétré ces milieux, par instillation.

     

    Ainsi, à Genève, le concept de "préférence cantonale", encore pestiféré il y a dix ans, s'est-il tout naturellement installé dans les consciences. Aujourd'hui, il est considéré comme la norme.

     

    Idem, la notion de "préférence indigène", désormais en vigueur au niveau fédéral.

     

    C'est le génie de la Suisse, depuis 1848 : les idées nouvelles commencent par déranger les partis au pouvoir. Mais ces derniers, avec le temps, sont assez habiles pour les assimiler, allant même parfois jusqu'à en revendiquer la paternité. C'est ainsi que le Parti radical, pendant un siècle et demi, a pu asseoir sa domination et son influence sur le pays.

     

    En politique, il faut souvent laisser faire le temps, ami précieux, discret et silencieux. Si c'était le titre d'un film, cela pourrait être "Vivre et laisser mûrir".

     

    Pascal Décaillet