Sur le vif - Jeudi 19.07.18 - 18.25h
L'hébreu, désormais seule langue officielle en Israël. L'arabe relégué, alors qu'il existe des centaines de milliers d'Arabes israéliens, et qu'Israël occupe depuis 1967 des Territoires arabophones. Funeste décision ! Prise par n'importe quel autre pays, elle eût attiré les foudres, on eût parlé d'apartheid, exigé des sanctions.
Surtout, cette décision n'intervient pas à n'importe quel moment. Depuis quelques mois, Israël se croit tout permis face au monde arabe, à commencer par les Arabes qui résident à l'intérieur de ses frontières. Le principal responsable, c'est Donald Trump, avec sa catastrophique décision (sur le plan symbolique) de transférer à Jérusalem l'ambassade américaine.
J'avais, ici même, immédiatement souligné les aspects dangereux de ce transfert. Le Président américain prépare déjà sa réélection de 2020. Il a besoin des suffrages des communautés qui, dans l'électorat américain, soutiennent mordicus Israël. Parmi elles, les Évangéliques. Alors, comme toujours, il force le trait. Mais là, sa méconnaissance de l'Orient compliqué l'amène à totalement sous-estiment les conséquences, à terme.
Israël se croit tout permis, parce que Trump prépare une guerre contre l'Iran. Sur l'échiquier du Proche-Orient, il aura besoin de son allié de toujours.
Alors, va pour l'hébreu, seule langue officielle. Va pour la langue arabe, jetée aux orties. Imagine-t-on l'humiliation que cela représente pour les citoyens et citoyennes d'Israël, qui se trouvent être des Arabes ? Jusqu'ici, leur langue, bien sûr minoritaire en Israël, était tout de même reconnue comme faisant partie de la communauté culturelle du pays.
C'était un héritage du Mandat palestinien, celui qui, entre 1920 et 1948, avait immédiatement précédé l'avènement de l’État d'Israël. Aujourd'hui, c'est fini. Ce qui aurait pu être une grande et noble nation, hélas, s'apparente de plus en plus à une tribu, recentrée sur la seule appartenance religieuse.
Pascal Décaillet