Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 4

  • La révocation pour les nuls ?

     

     

    Je poursuis ici ma série d'entretiens avec le jeune écrivain Grégoire Barbey. Thème du jour: faute de révoquer l'Edit de Nantes, si on révoquait en cours de mandat les élus laissant à désirer? - Mercredi 18.04.12 - 14.23h.

     

     

    GB - Cher Pascal, vous qui y êtes, si je ne m'abuse, profondément démocrate - et d'après ce que j'ai pu lire et entendre de vos positions, je serais tenté de vous assimiler, au moins en théorie, au PDC -, que penseriez-vous d'une initiative demandant à instaurer comme droit civique la possibilité de révoquer les élu-e-s en cours de mandat ? Bien évidemment, les contours d'une telle initiative devront être dûment dessinés pour être cohérents. Ces politiciens qui parlent de transformer la politique sont nombreux, mais ils n'apportent rien. Pour une politique non pas de spectacle, mais bel et bien d'acte, offrons au Peuple le droit d'influer sur ses représentant-e-s !

     

    PaD - A la bonne heure, me voilà PDC ! Divine surprise. Sur le fond de votre proposition : la démocratie, c'est, par exemple, le pouvoir pour le peuple d'élire ses représentants. Pour une période donnée : quatre ans, cinq ans. Cela ne doit pas être le pouvoir, pour le peuple, de harceler continuellement ses élus, en cours de mandat, par des menaces de révocation. Il faut laisser à nos autorités le temps de l'action. Et la meilleure sanction, c'est, le terme venu, la non réélection. En cas de crise aiguë, les intéressés, de toute manière, sont soumis à une telle pression (de leurs pairs, souvent !) qu'ils finissent spontanément par démissionner.


    GB - Dans « le Matin » du 6 avril, le Conseiller national (PLR/VD) Fathi Derder parlait justement de cette peur qu'ont les élus de ne pas être réélus, allant jusqu'à affirmer que certains préféraient agir le moins possible pour s'éviter la foudre de leurs électeurs. Cette proposition de pouvoir révoquer les élus en cours de mandat devraient au contraire les pousser à écouter les doléances du Peuple plutôt que de sombrer dans des mascarades théâtrales pour faire passer la pilule...

     

    PaD - Je ferais volontiers la connaissance de ce Monsieur ! Rappeler continuellement à nos élus leur devoir de diligence et d'efficacité, oui. C'est le rôle de l'opinion publique. Les attaquer éditorialement, oui. Leur rappeler qu'ils sont au service de la collectivité. Mais la révocation, ou l'impeachment (cf. Nixon, 1974), cette épée de Damoclès, ne me semble pas une bonne solution. En les élisant, on leur donne un certain pouvoir pour une certaine durée. Exemple : Sarkozy a eu cinq ans pour agir. Le 6 mai à 20h, il sera peut-être poliment prié d'aller voir ailleurs. Il aura eu sa chance.

     

    GB - Oui, il aura eu sa chance. Et à quel prix ? Tous, ou presque, s'accordent pour dire que son bilan est catastrophique. Combien de françaises et de français ont ardemment désiré de le voir se retirer avant l'heure ? Nous ne pouvons pas seulement élire puis nous contenter d'attendre, la bouche ouverture, que vienne l'heure des comptes. Diriger un pays, participer à son fonctionnement, incombe des responsabilités, mais avant tout des devoirs ! Et nos représentants, démocratiquement élus, n'échappent pas à cette règle !

     

    PaD - Certes. Mais je ne suis pas d'accord de soumettre nos élus à la dictature, au demeurant si versatile, de l'opinion. Tout mandat a des hauts et des bas, tout président doit se heurter à des grèves, des crises. Et c'est justement à lui de les résoudre. Dans une enveloppe de temps donnée. Et puis, il faut parfois prendre des décisions impopulaires : hausses d'impôts, allongement des durées de cotisation. Sous les huées, il faut tenir. C'est très dur, mais ça fait partie du jeu. Et c'est pour cela qu'il faut élire des gens avec du format.

     

    GB - Tout doit être une question de juste mesure. Laisser le champ libre durant plusieurs années à une personne, au demeurant humaine et capable de se tromper et ainsi en faire pâtir la population toute entière, je n'y suis que moyennement favorable. Je ne veux pas d'un diktat de l'opinion publique, mais je ne veux pas non plus d'une aristocratie politique ! Dès lors, il faut pouvoir instaurer des garde-fous pour sauvegarder nos institutions et le bien-être de nos semblables.

     

    PaD - En l'espèce - et en attendant mieux - il y a déjà un jouissif garde-fous : la non-réélection. Et un autre, en cours de mandat, qui n'est pas moindre : la liberté absolue de s'exprimer, critiquer, brocarder, vilipender. Elle ne s'use, celle-là, que lorsqu'on ne s'en sert pas.

     


    Grégoire Barbey + Pascal Décaillet

     

     

     

  • Chirac vote Hollande ? Normal !

    timbrequeuille.png

    Sur le vif - Mardi 17.04.12 - 14.50h

     

    On le traite de fou. Ou de gaga. On dit que le Vieux a perdu la raison, se broute les neurones, file à l'ouest. Toujours l'ouest ! Lorsqu'il a dit une première fois qu'il allait voter Hollande, à la Pentecôte de l'an dernier, il s'est trouvé mille colombes salvatrices, dans son entourage, pour immédiatement rectifier le tir : c'était pour rire !

     

    Las. Au-delà du problème personnel de Jacques Chirac face à Nicolas Sarkozy (la trahison vers Balladur à la présidentielle 1995), il faut vraiment méconnaître la galaxie et surtout l'Histoire des droites françaises, disons depuis la Révolution, pour s'étonner du choix de l'ancien président.

     

    Oh, Jacques Chirac est tout sauf un saint, qualité n'ayant d'ailleurs nulle pertinence dans l'ordre du temporel. Qu'il ait magouillé, maquignonné, soit. Qu'il ait beaucoup changé d'avis, aussi, et ne remontons pas à cette année 1950 où, à 18 ans, il vendait l'Humanité à la criée. C'est vrai qu'il fut tout à tour, et au gré des circonstances, jacobin et girondin, parfois limite Montagnard, ce qui ne signifie pas qu'il ait gravi le Cervin. Etatiste et libéral, aussi. A la vérité, un pragmatique, un radical.

     

    Radical, dans le sens français. Celui d'Henri Queuille (1884 -1970), cet inoxydable politicien corrézien, qui fut à la fois le mentor, en politique, de François Mitterrand (Nièvre, 1946) et de Jacques Chirac (Corrèze, 1967). Il a tout fait, Queuille, y compris trois fois président du Conseil. Sa biographie, complète et profonde, reste à établir. Cette école politique-là, qui est aussi celle d'un François Hollande, est celle du terrain, de la connaissance des gens, de millions de poignées de mains, et de la négociation. On dira qu'en politique, elle accorde davantage de place à la pratique, au frottement, à l'expérience, qu'aux grandes théories parisiennes. Elle implique aussi une méfiance, non face à l'argent, mais face à l'argent-roi, l'argent spéculé, l'argent tombé du ciel. Oui, c'est en Province, principalement, que le radical-socialisme s'est le plus épanoui. Jacques Chirac et François Hollande, par leur attitude face à l'électorat, leur instinct aussi, relèvent de cette filiation. Nicolas Sarkozy, pas du tout.

     

    Connaître l'Histoire des droites en France. Au moins la distinction entre bonapartisme - celui de Chirac lorsqu'il bombe le torse - et orléanisme, la droite de l'Argent, la droite des banques, des intérêts sur le capital et surtout des intérêts spéculatifs. Droite qui rendit, reconnaissons-le tout de même, de beaux services aux pays en certains moments de son Histoire : investissements courageux (mais aussi d'autres, désastreux) sous le Second Empire, formation intellectuelle d'un Poincaré, d'un Tardieu ou même d'un Valéry Giscard d'Estaing, qui ne sont pas les pires figures de l'aventure républicaine.

     

    Alors voilà, ne revenons pas sur le Fouquet's, ni sur la croisière maltaise. Mais enfin, reconnaissons que le rapport de Nicolas Sarkozy avec l'argent, sa fascination pour les riches, tout cela, comme président de la République, pose problème. Car la France n'est pas l'Angleterre. Ni les Etats-Unis. Du chef de l'Etat, elle attend, dans ce domaine-là, une retenue. Pour ma part, c'est quand j'ai commencé, au début du deuxième septennat, à le voir tomber en admiration devant un Tapie, ou un Berlusconi, que je me suis détourné de François Mitterrand.

     

    Le Vieux votera-t-il Hollande ? C'est parfaitement possible. Les esprits les plus simples diront que c'est juste pour emmerder Sarkozy, admettons que ça joue un rôle. Ceux qui se sont un peu nourris d'Histoire de France, à travers Tocqueville, Michelet, Pierre Nora ou Lacouture, auront tendance à trouver cette incongruité, au fond, parfaitement normale. En politique, les lignes de faille ne sont pas toujours là où on croit.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Jour du Seigneur

     

    Sur le vif - Mardi 17.04.12 - 09.31h

     

    M. Mélenchon vocifère contre le travail du dimanche. Sauf pour une catégorie de personnes: les cameramans et preneurs de son qui le filment, un dimanche, alors qu'il vocifère contre le travail du dimanche.

     

    Pascal Décaillet