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  • Merck Serono : l'exécutif de la Ville ne brille pas !

     

    Sur le vif - Lundi 30.04.12 - 12.09h

     

    Dans le drame social causé par la fermeture du site genevois de Merck Serono, les autorités politiques genevoises font ce qu'elles peuvent. C'est essentiellement au niveau cantonal (MM Unger pour l'économie et Longchamp pour le social) que les principaux leviers devront être actionnés. Que ces deux personnalités politiques soient soutenues dans leurs efforts. Mais de grâce, que d'autres magistrats, au niveau municipal, ne viennent pas compliquer les choses.

     

    Nous avons déjà dit, ici, à quel point les propos de Mme Salerno sur les cols blancs, propos qui ont bel et bien été tenus (ensuite, on a tenté de censurer un quotidien), étaient déplacés. Franchement, ceux de son collègue de la Ville, Pierre Maudet, certes Maire de Genève en exercice, dans le journal « Der Sonntag », suintent trop l'électoralisme pour être crédibles. On est très heureux d'apprendre que M. Maudet est « prêt à prendre personnellement l'avion pour Darmstadt » (quel exploit !), on le voit surtout décoller vers l'horizon du 17 juin.

     

    De grâce, l'affaire est assez grave comme cela. Il faut au canton une cellule de crise, ce que s'emploient à mettre en place les deux conseillers d'Etat cités plus haut. Que M. Maudet y mette sa formidable énergie, pourquoi pas. Mais dans une stratégie globale. Et non dans une aventure isolée, à fins strictement électorales.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Que d'eau, que d'eau !

     

    Sur le vif - Lundi 30.04.12 - 08.56h

     

    Mon excellente consoeur Valérie Duby nous apprend, dans le Matin, qu'Isabel Rochat veut distribuer verres et carafes aux fonctionnaires genevois pour les inciter à boire de l'eau. Louable ambition. Mais hélas, surpassée depuis longtemps par les redoutables techniques de communication du MCG. L'ancien président de ce mouvement n'a-t-il pas, d'un geste auguste, montré il y a quelques semaines qu'on pouvait distribuer l'eau sans conduite ni aqueduc, en totale gratuité, et par la seule mécanique du poignet? Dans cet art du baptême improvisé, la ministre, hélas, a encore beaucoup à apprendre. Au coup par coup ciblé, elle préfère l'arrosoir. A la jouissive irruption d'un rafraîchissement, elle substitue l'inondation pour tous, aux frais du contribuable. A la fluide magie d'une voie d'eau, elle tente de noyer nos désespoirs. A la grâce d'une source, elle établit l'uniformité du marais. Scepticisme. Insatisfaction. Soif.

     

    Pascal Décaillet

     

  • France : je voterais Hollande

     

    Chronique publiée dans le Nouvelliste - Vendredi 27.04.12

     

    Je l'ai dit et répété : j'aurais voté, si j'étais électeur en France, pour François Bayrou au premier tour. Comme il y a cinq ans, j'ai aimé, chez cet homme, le discours de vérité, le rapport à la terre, l'exigence de rigueur. Nous voilà maintenant, comme dans le plus classique des scénarios, en présence d'un traditionnel duel gauche-droite. D'un côté, la France libérale, celle de Nicolas Sarkozy. De l'autre, la France socialiste de François Hollande. Deux grandes traditions politiques s'affrontent. Comme dans six seconds tours sur huit, depuis 1965. Il n'y eut que deux exceptions : le duel Pompidou-Poher (interne à la droite) de 1969 ; le fameux deuxième tour Chirac - Le Pen de 2002.

     

    Une fois écrémées les candidatures populistes de gauche (Mélenchon) comme de droite (Marine Le Pen), l'une et l'autre habitées par le sel de la rhétorique et un sacré talent, il est vrai que les deux finalistes ne sont pas les plus excitants. A droite, un président usé, lâché, réduit à diaboliser son adversaire. A gauche, un homme dont il est difficile d'oublier la très grande discrétion lorsqu'il était premier secrétaire du PS, avec ses allures de Charles Bovary, ex-rondouillard aux airs de notable de province : il pourrait figurer le mari trompé d'un film de Chabrol. Avec Isabelle Huppert dans le rôle-titre, of course.

     

    C'est pourtant pour cet homme-là que je voterais, le 6 mai. Même si ses propos sur les niveaux d'imposition m'exaspèrent. Même si son charisme ne m'a, pour l'heure, que très moyennement ensorcelé. Mais simplement parce que Sarkozy, ça n'est pas, ça n'a jamais (pour moi) été possible. Doué, certes, énergique, travailleur, et même sincèrement attaché à la réussite de son pays. Mais le rapport au monde de l'argent ! La fascination pour les riches, que relève cruellement Franz Olivier Giesbert dans son livre « Monsieur le Président » (Flammarion, 2011). Mais l'impossibilité d'une fierté d'Etat face aux possédants. Ça n'est pas dans la gestion courante que le président sortant a échoué, mais bel et bien dans son inaptitude à adopter la posture présidentielle. Laissons ici le Fouquet's et la croisière maltaise, qui sont ses diamants à lui, mais il y a tant d'autres signaux de manque de hauteur, déficience d'Etat.

     

    Alors voilà, si j'étais Français, je donnerais sa chance à François Hollande. Pour réhabiliter la primauté de l'intérêt public. Relancer l'enseignement, qui est la clef de tout, et qui est notoirement malade. Restaurer une justice sociale - en espérant qu'elle ne soit pas thermidorienne - dans un pays dont c'est la tradition, la fierté, le fleuron. Ecole : pensons à Guizot et Jules Ferry. Equité : pensons à Blum, mais aussi aux grandes lois sociales de la Libération, à l'époque du Général de Gaulle. Oui, ce pays qui fut celui des grands ordres chrétiens avant d'être celui d'une République à laquelle je crois, mérite mieux qu'une éternelle génuflexion devant l'Argent spéculé. Oui, je voterais François Hollande.

     

    Pascal Décaillet