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  • L'Algèbre - Les Rameaux

     

    Sur le vif - Samedi 31.03.12 - 10.00h

     

    A plus de deux mois et demi du 17 juin, il est totalement vain, aujourd'hui, de prévoir le vainqueur. Aucun report de l'élection parlementaire de 2009, encore moins de l'élection aux Chambres fédérales de 2011, n'est pertinent.

     

    Pourquoi? Parce que nous sommes dans la magie d'une élection complémentaire. Qui isole et cisèle les silhouettes, sur le fond bleu d'un printemps. Bien plus passionnante, et incertaine, que celle d'il y a plus de trente ans, impliquant M. Grobet, ou de 2003, opposant MM Beer et Longchamp. Nous avons cette fois la grâce géométrique d'un triangle. Ce seront les personnes qui apparaîtront, comme trois points célestes. Certaines d'entre elles, peut-être, éclateront. A cet égard, et certes comme challenger, ne sous-estimons pas M. Seydoux. Il me fait un peu penser au Lecanuet de 1965, la révélation souriante et compétente de la campagne, l'un des meilleurs "troisièmes hommes" de la Cinquième République. Se retrouver troisème derrière Charles de Gaulle et François Mitterrand, sur un CV, ça ne manque pas d'allure.

     

    Dans les candidats du triangle, tous - je dis bien tous - peuvent passer le 17 juin. Avec, bien sûr, un avantage (aujourd'hui, 31 mars) à la gauche et Mme Emery-Torracinta. Mais rien n'est impossible. Pierre Maudet est une bête de campagne. Non, rien n'est impossible, même pas une surprise issue de la Marge. Les infatigables élucubrations mathématiques de certains, ici même, pour nous prouver algébriquement que la Marge sera troisième, prouvent bien que cette dernière constitue un danger. Elle aura d'ailleurs contre elle l'ensemble de la presse genevoise, à commencer par la Feuille d'Avis bleutée dont le rédacteur en chef, hier soir, n'a cessé de démolir le trublion des Gueux.

     

    Le chemin est encore très long. La vraie bataille n'a même pas commencé. On en est juste aux banderilles de prémisses, celles que stipendie un camp pour salir l'autre. Routine.

     

    Demain, bonheur de tenir en mains quelques Rameaux fleuris. Pour se souvenir que la vraie vie est ailleurs.

     

    Pascal Décaillet

     

  • L'Illustré tue le temps

     

    Sur le vif - Mercredi 28.03.12 - 16.44h

     

    Eric Stauffer. Regard noir, convergeant vers le foyer d'un écran. Mauro Poggia, regard bleu, même objectif. Derrière eux, d'autres hommes. C'est Rembrandt, la Leçon d'anatomie, les diagonales se croisent. L'ambiance est donnée. Le centre du tableau, c'est le regard de Stauffer. La braise. Al Pacino, à côté, passerait pour un enfant de chœur. Génie de Jean Revillard, le photographe, à quoi s'ajoutent les lèvres pincées du Parrain d'Onex, la gourmette. Ça n'est plus Uni Mail. C'est un sous-sol de Chicago, sous la Prohibition.

     

    Cette affiche de thriller, pour illustrer quoi ? Le papier de mon estimé confrère Robert Habel, dans l'Illustré d'aujourd'hui. Et, comme on est toujours dans l'école hollandaise, un titre en ombres et lumières : « Le passé obscur d'Eric Stauffer ». Inutile de dire que le client se précipite dans le corps du texte.

     

    Il en sortira déçu. Une péroraison sur la rumeur. Une dissertation sur des hypothèses. Bien écrite, captivante, par l'une des très bonnes plumes des stories de Ringier. Mais au final, quoi ? Une affaire de meurtre, dont « toute culpabilité d'Eric Stauffer est exclue ». « Aucun élément de l'enquête ne pointe vers Eric Stauffer à cet égard, et rien n'indique qu'il soit mêlé de près ou de loin à cette mystérieuse affaire ».

     

    Bon, Cher Confrère. Si c'est pour exclure totalement toute culpabilité de Stauffer, ce que vous faites, on pourrait se demander s'il était extraordinairement opportun d'en parler ! D'autres affaires, toutes éventuelles, et sans condamnation, sont évoquées. Mais du solide, du biscuit, comme on dit dans le métier, rien.

     

    Demeurera l'intensité de la photo. Si j'étais Stauffer, je la choisirais comme affiche électorale. Parce que Genève, faute d'avoir ces temps des pères de la patrie, pourrait peut-être essayer cet ami lointain de la famille qu'on appelle le Parrain.

     

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • Noces de feu

     

    Sur le vif - Mercredi 28.03.12 - 12.34h

     

    Le pacte MCG-UDC, annoncé lundi soir, clarifie la campagne du 17 juin. Et dessine, comme ils le sont, les trois blocs réels de la vie politique genevoise depuis quelques années déjà : la gauche, derrière Anne Emery-Torracinta ; l'Entente, derrière Pierre Maudet ; l'opposition non-gouvernementale, que j'appelle souvent « les Marges », MCG + UDC, derrière Eric Stauffer. Bien sûr, il y aura aussi Laurent Seydoux, candidat intéressant et combatif, et le Pirate, Alexis Roussel, mais les trois blocs principaux dessineront la campagne. Qui gagnera ? Je n'en ai franchement, à ce jour, aucune idée.

     

    Sur l'alliance MCG-UDC, les pleurnicheries du PLR arrivent bien tard. Comment vouliez-vous que les militants du plus grand parti de Suisse, section Genève, ne se souvinssent pas, juste un an après, de la manière dont Maudet les avait traités, lors de la campagne municipale du printemps 2011 ? On ne peut pas à la fois brandir la mythologie de la peste brune - totalement inadéquate concernant l'UDC, a fortiori son aile genevoise - pour plaire à une partie de la gauche et passer la rampe de l'exécutif en avril 2011, et s'imaginer que ces braves militants de base de l'UDC genevoise vont vous adouber royalement, en mars 2012. Cette duplicité, nous l'avons soulignée ici même, il y a un an.

     

    A cet égard, il convient de rappeler qu'un homme, aujourd'hui provisoirement dégagé des entreprises, s'était battu, il y a un an, pour arrimer l'UDC genevoise à l'Entente, constituer ainsi une droite élargie qui, sans être nécessairement celle du cœur, eût été pour le moins celle de la raison. Cet homme, clairvoyant, s'appelle Cyril Aellen. Si sa stratégie avait été appliquée, et non torpillée de l'intérieur par le champion de l'Entente d'aujourd'hui, nous n'en serions pas là. Enfin, si la droite libérale (laissons le PDC à ses états d'âme) pouvait commencer, par rapport à l'UDC, à articuler un discours un peu plus nuancé que la simple diabolisation instillée par Pascal Couchepin, Dick Marty, Pierre Maudet ou quelques autres improbables, là non plus, nous n'en serions pas là.

     

    Céline Amaudruz qui se jette dans les bras d'Eric Stauffer, pour des noces dont nous éviterons de nous représenter le degré exact de consommation - ou de consomption - c'est le résultat de cette arrogance de ce qui fut un Grand Vieux Parti, lui-même en fragile goguette avec l'aile fatiguée des patriciens, mais qui ne fait plus la loi. Ni à Genève, ni en Suisse.

     

    Pascal Décaillet