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  • J'aime pas les mous !

     

    Chronique publiée dans le Nouvelliste - Vendredi 16.03.12

     

    Me revoici à vous parler de François Bayrou ! Décidément, l'homme m'impressionne, sa candidature me touche. Je ne reviendrai pas ici sur la texture humaine, mais sur la chance inouïe, avec ce programme, de réinventer un champ politique totalement broyé par la Cinquième République. Je ne dirai pas « le Centre », parce que j'ai toujours haï ce mot, mais je dirai la démocratie chrétienne française, naguère appelée MRP. A laquelle, dans la galaxie Bayrou, il convient d'ajouter une partie (par les ralliements) de cette très grande famille politique française, celle de Clemenceau, d'Herriot et même de Mendès France, que fut le parti radical. Deux galaxies, non pas éteintes, mais profondément éclipsées par la machine bipolaire de la Cinquième.

     

    Parlons du « Centre ». Ce ne sont pas les idées des centristes qui me dérangent ! Non. C'est cette manière, chez pas mal d'entre eux, de se poser au milieu, entre la droite et la gauche, et de dire, avec une bonasse tranquillité joufflue : « Ben voilà, je suis au centre ». Cette posture, en M. Homais, le caricatural apothicaire de Madame Bovary, a quelque chose d'insupportable. Elle sublime l'opportunisme, érige le slalom en remplaçant officiel de la ligne droite, sécrète la compromission en valeur suprême : non, non et non ! Non qu'il faille, avec la raideur d'un monolithe, être totalement de droite, ou de gauche. Mais enfin, j'aime les politiques, de n'importe quel bord, qui fondent leur action sur des VALEURS. Et non sur la simple ductilité passagère de l'occasion.

     

    La puissance d'un Bayrou, c'est qu'il ne transige pas avec ses valeurs. Il ne dit pas : « Je suis au centre », mais « Voici ce que je suis. Me voilà, face à vous, avec mes qualités, mes défauts, l'enchevêtrement de mes racines ». Il ne se définit pas comme un intermédiaire (cette euclidienne stupidité du mot « centre »), mais énonce ce qu'il est, à prendre ou à laisser. Avec son sale caractère, ce côté tête de lard, bourru, j'ai toujours aimé ces gens-là. J'aime pas les mous ! En cela, il renoue avec les grandes figures MRP (sa famille) ou radicales de la Troisième et de la Quatrième Républiques. Sans donner le moindre signe de renoncement, bien au contraire, il redonne vie à une conception très ancienne du dialogue politique français, mélange d'écoute et de convictions, profondément ancrée dans la province de ce pays. Et je me demande si cette posture n'est pas un peu celle de nos politiciens vaudois ou valaisans, surgis de la vigne ou des terres céréalières, où on discute. On s'engueule sur la politique, mais au fond on se respecte. On partage une même terre. Et on boit les mêmes verres. Chez un Darbellay, un Nantermod, un Tornare, et bien d'autres de chez nous, je reconnais des similitudes avec Bayrou. Tellement loin de Paris ! Mais tellement plus justes que l'arrogance, parachutée de tout là-haut.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Mascarade

     

    Sur le vif - Jeudi 15.03.12 - 22.50h

     

    Prenant ses airs les plus célestes, le Président du Grand Conseil nous fait savoir que sa Chambre a rejeté le recours de M. Stauffer contre ses cinq mois d'exclusion des commissions. Triste scénario, exactement prévisible. Triste vengeance du conglomérat au pouvoir contre la Marge. Bonjour Tristesse! Le groupe MCG, juste avant ce jeu de masques et bergamasques, a parfaitement eu raison de quitter la salle. L'avenir du canton se jouera hors de cette enceinte, sur soi-même refermée. Naphtaline!

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • La Mémoire et l'Amer

     

    Sur le vif - Jeudi 15.03.12 - 15.24h

     

    Depuis l'aube de mon âge, avant même que je ne lusse Tocqueville, il me semblait avoir appris que les libéraux aimaient la concurrence. Ce goût pour la compétition, je le partage. Eh quoi, battons-nous, soyons les meilleurs, lisons Darwin, imposons-nous, dispensons tout de même quelque aumône, puisque nous ne sommes pas des brutes. Et survivons !

     

    D'où mon étonnement en découvrant, à 14.52h, un communiqué signé des huiles les plus vinaigrées du PLR, pour pleurer comme peleurs d'oignons, toute moutarde bue et grimpant jusques au nez, face à l'immonde décision de l'ignoble Laurent Seydoux d'oser se présenter au Conseil d'Etat. « Il va nous faire de l'ombre ! ».

     

    Peu averti dans l'observation de la chose politique, à vrai dire éternel novice, il me semblait que le principe même d'une élection était d'opposer des candidats les uns aux autres. Et que le corps électoral, au suffrage universel, un beau dimanche, tranchait.

     

    Les Verts libéraux ayant décidé de vivre leur propre aventure, reste au PLR une solution : aller frapper, tel la cigale, à la porte de ce parti que Pierre Maudet, il y a un an encore, pour passer en Ville et plaire à une partie de la gauche, n'évoquait que botté et casqué, brunâtre, nauséabond, en route vers Nuremberg en chantant la Chevauchée de la Walkyrie. Ce parti s'appelle l'UDC. A-t-il de la mémoire ?

     

    Pascal Décaillet