Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 7

  • Prix du livre : vous prendrez bien un petit ouzo ?

     

    Sur le vif - Dimanche 11.03.12 - 18.55h

     

    Refusé par 56, 1% du corps électoral, le prix unique du livre n'est accepté que par les Romands. La coupure est nette, entre une partie centrale et orientale du pays (incluant le Tessin) et son aimable Finistère occidental, où paraît-il l'ouzo le dispute aux olives, qu'on appelle « Suisse romande ». Pourquoi ?

     

    L'argument le plus détestable serait de faire de nous des humanistes attachés aux petites librairies, là où nos compatriotes alémaniques, se foutant des bouquins comme de l'an quarante, n'auraient comme souci premier que la fréquentation du Salon de l'Auto. Hélas pour les tenants de cette vision, il y a Frisch et Durrenmatt, Gottfried Keller et Carl Spitteler, l'éblouissant cahier littéraire de la NZZ le samedi : non, pour la dimension culturelle, les Alémaniques n'ont strictement rien à nous envier.

     

    Dans mes années bernoises, j'ai fréquenté de magnifiques librairies, dans la Vieille Ville, il y en a tout autant à Zurich. Et cette manière, de la part de partisans, de mépriser les opposants est l'une des raisons, ce soir, de leur défaite. Bravo, au passage, au courage d'un Philippe Nantermod qui, seul contre tous, et sans beaucoup d'alliés dans son camp politique, a bien voulu endosser le rôle de la brute inculte, débarquée des montagnes, dans les débats. Décidément, ce jeune homme est un tempérament politique de premier plan.

     

    La vraie raison, c'est la différence de rapport au protectionnisme - pour le livre comme pour tout - entre Romands et Alémaniques. La Révolution française est passée par chez nous, ou plutôt l'Helvétique de 1798, beaucoup de nos cantons sont imprégnés de ce modèle où l'Etat n'est pas rien, doit protéger la culture, quitte à sortir certains secteurs de la logique de concurrence. Les Alémaniques, eux, sont beaucoup moins porteurs de cette vision. En un mot comme en mille, ils sont plus libéraux.

     

    Dans cette votation, se posait la question d'un cartel. Pourquoi épargner celui-ci, lorsqu'on combat les autres ? On peut être un immense amoureux des livres, je crois faire partie de cette catégorie, et demeurer sceptique sur les raisons, et surtout l'efficacité, de cette exception.

     

    Mon dernier mot sera pour Françoise Berclaz-Zermatten, la magnifique libraire de « La Liseuse », à Sion. Sachant que je ne voterais pas ce prix unique, elle m'a envoyé une remarquable lettre, pleine de respect et d'intelligence. Elle se trouve ce soir dans le camp des perdants. Je lui envoie toute mon amitié.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Résidences: les opposants ont sécrété eux-mêmes le venin de la défaite

     

    Sur le vif - Dimanche 11.03.12 - 17.03h

     

    Il est rare, en Suisse, qu'une initiative passe: la double majorité, peuple et cantons, rend les chances de victoire très ténues. D'autres, demain, analyseront le succès de celle de Franz Weber. Mais une chose est sûre: quelque chose est venu d'en bas, de l'ordre de l'attachement profond des Suisses à leurs paysages. Fût-il - et je comprends la colère de mes amis valaisans - l'attachement fantasmé, depuis la ville, à la pureté de l'arrière-pays. On aime tellement les belles montagnes qu'on voudrait faire, contre leur gré, le bonheur de ceux qui y vivent toute l'année, âpres à la tâche, ceux qui n'ont pas voulu quitter leurs vallées pour un destin plus confortable. A cause de cela, j'ai fini par voter non à cette initiative. Mais j'avais hésité.

     

    Hésité, pourquoi? Mais parce que Franz Weber fait résonner dans le coeur des Suisses quelque chose de fort. Sans être Vert (c'est bien le dernier parti que je choisirais), j'aime profondément la nature, la respecte, et dois reconnaître que l'aventure des constructions immobilières en montagne, depuis un demi-siècle, a parfois conjugué la rapacité du gain avec (ce qui est pire) le manque le plus élémentaire de goût. Nul n'en a mieux parlé que Maurice Chappaz, l'un de nos plus grands auteurs, dans son pamphlet "Les Maquereaux des cimes blanches", paru dans la collection Jaune Soufre de Bertil Galland, au milieu de ces années septante qui étaient celles du bétonnage éhonté.

     

    Et puis, côté opposants, on a trop fait campagne avec des panzers. Ou des orgues de Staline. On a mis des sommes astronomiques dans la bataille, les Suisses ne sont pas dupes, voient bien tout cela, n'aiment pas trop se laisser faire.

     

    J'ai voté non, je suis dans le camp des perdants. Et je suis en pensée avec toutes les personnes qui, par exemple en Valais, travaillent dans le tourisme et veulent faire vivre leur région. Mais il y a eu, dans l'armée d'opposition, une campagne trop violente, trop haineuese, pour ne charrier que la vérité. Le citoyen suisse, lorsqu'il se rend aux urnes, est doté d'un sixième sens pour détecter ce genre de choses. Comme si les opposants, dans leur excès, avaient sécrété eux-mêmes le venin de la défaite.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Ces cochons de Genevois qui votent si mal

     

    Sur le vif - Dimanche 11.03.12 - 15.21h

     

    Suite à une campagne parfaitement démocratique, où tous ont pu s'exprimer, le corps électoral genevois a dit oui, à près de 55%, à la nouvelle loi sur les manifestations. Le souverain a tranché.

     

    Il est, dès lors, particulièrement insupportable d'entendre immédiatement les perdants annoncer un recours au Tribunal fédéral. C'est chaque fois la même chose. Chaque fois les mêmes milieux ! Ils font campagne, et lorsqu'ils perdent, viennent en appeler à l'ordre juridique pour se substituer à la souveraineté populaire. Comme si les gens avaient « mal voté ». J'ai même entendu qu'ils n'avaient « pas compris l'enjeu » !

     

    Comprenez : si vous votez juste, donc comme moi, c'est bien ; si vous votez faux, c'est que vous n'avez pas saisi. Alors, on va demander à un cénacle de juges, à Lausanne, de rétablir le vrai, le juste, le bien. Des juges, comme des grands prêtres de l'Ordre moral.

     

    On pourrait, Messieurs les perdants, pousser encore un peu plus loin le raisonnement. Et proposer des stages de rééducation pour ceux qui ont mal voté. De façon à ce que tout le monde, à l'avenir, vote la même chose. Dans le sens du bien. Votre bien. Et vous, les mêmes qui prétendez vous battre pour la liberté d'expression, vous commencez par jeter aux orties la seule expression qui vaille en démocratie : le choix souverain d'un peuple qui se rend aux urnes.

     

     

    Pascal Décaillet