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  • L'Iliade, à haute voix, c'est jeudi et vendredi !

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    Mercredi 07.03.12 - 14.27h

     

    C'est l'un des plus beaux textes du monde. Et il faut le lire à haute voix. Comme aux origines, où les vers étaient chantés, dans une civilisation qui n'était pas encore celle de l'écriture. Lire les 15'693 vers de l'Iliade en deux demi-journées, c'est l'éclatant défi d'AGLAE, l'Association des étudiants de grec et de latin de l'Université de Genève. Les lire dans une salle à l'acoustique remarquable, celle de la Bourse, au Conservatoire de musique, 8 rue Petitot. Demain, jeudi 8 mars, de 12.15h à minuit. Puis après-demain, vendredi 9 mars, de 12.00h aux environs de 23.00h. J'aurai le plaisir d'en être. C'est une habitude dont je ne me défais point.

     

    L'entrée est libre. Chacun vient quand « ça le chante », reste autant qu'il veut. Souvent, saisis par le texte, les passants se surprennent à demeurer beaucoup plus longtemps qu'ils ne l'auraient voulu : et si c'était cela, le miracle homérique ? L'Iliade, l'Odyssée, comme la Tétralogie de Wagner, plus on y entre, moins c'est long, plus le temps s'évanouit, pour laisser place à l'œuvre.

     

    Heureuse, la langue allemande, qui dissocie « lesen » et « vorlesen », qui en cinq syllabes sonores, « mit lauter Stimme », par la grâce d'une diphtongue, laisse entrevoir la jouissance de mettre en voix un texte poétique. En l'espèce, la très belle traduction de Frédéric Mugler (1995, Actes Sud, Collection Babel). La lecture épouse le découpage en 24 Chants, avec chaque fois une voix pour le narrateur, et une voix par personnage : Achille, Agamemnon, Athéna, Nestor, Thétis, Ménélas, Ajax, Priam, Hélène, Pâris, Idoménée, Diomède, Patrocle, Poséidon, Hécube, Zeus, Cassandre... Et la polyphonie de ces voix d'hommes et de femmes, l'alternance de ces rythmes, le croisement de ces timbres, sous le plafond de la Bourse, nous transforment l'alignement d'hexamètres en jeux de rôles. Et le miracle, tout naturellement, porté par les syllabes, se produit.

     

    Je ne dirai pas ici à quel point, depuis l'adolescence, ce texte me bouleverse. Le destin d'Achille n'est-il pas, face à la mort, le nôtre à tous ? Je dirai simplement mes souvenirs de lecture, déjà à haute voix et dans le texte grec, avec André Hurst et Olivier Reverdin, il y a de cela plusieurs décennies. André Hurst, l'initiateur de ces lectures homériques, qui a tant fait pour transmettre la passion de la littérature grecque.

     

    Alors voilà, si vous êtes amateurs d'émotions, venez à la Bourse. Venez écouter la colère d'Achille. Joignez-vous à nous. Nous vous attendons.

     

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • Soli Pardo : tristesse et respect

     

    Dimanche 04.03.12 - 15.48h

     

    Il y a plusieurs mois, Soli Pardo m'avait mis au courant de sa maladie. Il allait suivre, me disait-il, ce qu'il est convenu d'appeler un traitement lourd, ceux qui sont plus ou moins passés par là connaissent un peu. Homme debout, courageux, il a mené bataille.

     

    Aujourd'hui, comme pas mal de monde à Genève, c'est avec une grande tristesse que j'apprends la nouvelle. Peu importent les partis, les fonctions, il y avait là l'essence, ciselée dans le noir, d'une très belle solitude. Nourrie de lectures, de textes, de poésie. Une réelle - et si rare, y compris chez ceux qui dévorent des livres ou se piquent d'en écrire - sensibilité au miracle de la langue.

     

    Un homme d'humour. Le trait, fulgurant. L'étincelle de l'allusion. L'avoir sur un plateau, de radio ou de TV, échanger encore un peu après, était un authentique plaisir. Soli Pardo, c'était le contraste le plus saisissant, dans la classe politique, entre l'apparence d'une raideur, celle des choix publics, et la réalité d'une écoute, tellement plus souple qu'il n'y pût paraître.

     

    Un esthète. Je ne dirai pas ici les auteurs dont nous parlions. Simplement, que certains d'entre eux étaient italiens. Jamais d'essai politique, encore moins d'économie. Non, juste la musique des mots. En passant.

     

    A ses proches, sa famille, j'aimerais dire ici toute ma sympathie. Et mon respect.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Complémentaire: souris grises, s'abstenir !

     

    Sur le vif - Dimanche 04.03.12 - 10.22h

     

    L'élection complémentaire du 17 juin prochain présente un grand avantage, mais aussi hélas un énorme danger, dans la vie politique genevoise.

     

    L'avantage, c'est la qualité des personnes en lice. Pierre Maudet est l'un de nos meilleurs politiciens, non seulement à Genève mais en Suisse. Eric Stauffer aura une occasion de tester, grandeur nature, l'évolution de l'adhésion de la population à ses thèses. Quant aux socialistes, s'ils ne se trompent pas de candidat, ils ont de très grandes chances de récupérer leur deuxième siège. D'autres, dans les jours qui viennent, pourraient s'annoncer.

     

    Nous sommes exactement dans le cas de figure idéal d'une complémentaire : place à des personnalités fortes. Souris grises, s'abstenir. La République ne peut qu'en sortir gagnante, et ce nouveau conseiller d'Etat, même pour seulement seize mois, sera de nature à revitaliser un gouvernement en bout de course.

     

    J'en viens au danger. Après avoir vécu un hiver de mort politique, tellement sont tombés bas les arguments, tellement fut douloureuse, et pitoyable, la lente et inexorable exécution d'un magistrat qui n'avait en aucun cas mérité cette issue, nous allons, c'est sûr, vers un très beau printemps : présidentielles françaises, puis législatives, complémentaire à Genève. L'occasion d'aimer la politique, le combat d'idées. Mais imaginer une seule seconde que le remplacement, cet été, d'un seul septième du gouvernement actuel, en abolira les carences structurelles, c'est se voiler la face. Genève n'a pas de Conseil d'Etat, elle a juste sept (enfin six, maintenant) personnes, dont certaines de qualité, jetées là, sans épine dorsale, sans cohérence, sans réels objectifs communs.

     

    C'est cela qu'il faut changer. Et je ne suis pas sûr du tout que la Constituante prenne la mesure des réformes nécessaires, au-delà du cosmétique. Il ne s'agit pas de gouvernements monocolores. Non. Il s'agit d'opposer, non plus des personnes disparates, mais des listes les unes contre les autres. Des projets politiques ! Pour chaque liste, un objectif de législature (et non dix-huit), la ligne claire, la lisibilité d'une dominante. Et lorsque tout part en quenouilles, ça n'est pas un septième qui saute, comme un fusible. Mais les sept. Et le souverain redistribue les cartes. Alors qu'aujourd'hui, nous avons six survivants, tout heureux d'être encore de ce monde, et un sacrifié. Une manœuvre dont personne n'est dupe. Et le crédit du politique, chaque fois, qui s'effondre un peu plus.

     

    Pascal Décaillet