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  • La peine de mort : non, non et non

     

    Vendredi 20.08.10 - 17.34h


    Aussi loin que remontent mes souvenirs, j’ai toujours été viscéralement opposé à la peine de mort. Enfant dans les années 60, adolescent dans les années 70, j’apprenais régulièrement, par les journaux, que la France, ce grand pays voisin et ami, venait de procéder, par la guillotine, à une nouvelle exécution. Je me souviens exactement où j’étais (à la Maison du Diable de Sion), le 28 juillet 1976, lorsque j’ai appris l’exécution de Christian Ranucci. J’étais à l’armée, un an plus tard, lorsqu’un transistor nous annonçait celle de  Hamida Djandoubi, le 10 septembre 1977.


    C’est dire avec quel bonheur j’ai accueilli, le 10 mai 1981, l’élection de François Mitterrand, puis, quelques mois plus tard, la loi d’abolition de Robert Badinter. Il m’avait semblé, ce jour-là, que la France retrouvait le chemin qui avait été le sien en 1789, et même au moment des Soldats de l’An II, un chemin d’exemple. Je n’aurai pas ici l’indécence de citer 1793, l’année de la Terreur, preuve que la Lumière ne naît pas toujours de la Lumière, que le pire peut surgir du meilleur, qu’aucune loi de l’Histoire, hélas, ne nous prémunit d'un retour à la barbarie.


    Bien sûr, la peine de mort est un thème qui divise. C’était même, au début des années 70, quand j’étais collégien, le sujet bateau de dissertation, où on attendait de l’élève qu’il soupesât sagement la thèse, l’antithèse, avant d’oser émettre un avis. La moitié de la classe était pour, l’autre contre, mais, pendant que nous pérorions, la France, elle, continuait d’envoyer des hommes sur l’échafaud : ça n’était pas la France de Pétain, mais celle de Pompidou et du « très libéral » Giscard !

     

    Alors voilà, nous apprenons aujourd’hui qu’en Suisse, un comité d’initiative veut rétablir la peine de mort, abolie en 1942 dans notre pays. Auront-ils les signatures ? Je gage que oui. Faut-il invalider le texte ? Evidemment, non. Que voteront le peuple et les cantons, un certain dimanche, dans quelques années ? Rien que d’y penser me fait frémir. Je n’ai pas la réponse, évidemment. Mais juste l’ombre du frisson. Comme un voile noir. Comme si l’Histoire ne servait à rien. Comme si tout, chaque fois, était à recommencer.

     

    Pascal Décaillet

     

    PS (18.20h) - Très belle unanimité républicaine, à l'instant, de deux présidents de parti (le PDC Christophe Darbellay, le Vert Ueli Leuenberger) et du conseiller national UDC Oskar Freysinger sur la question, à la RSR.

     

  • Et un bain chaud pour le Climatique, un !

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    Sur le vif - Et sur un toit brûlant - Mercredi 18.08.10 - 10.14h

     

    Plus vert que vert, réchauffé comme une gamelle, crédible comme un biscuit militaire, revoici Ueli le Climatique ! Chaque année, à la même saison, des conseillers fédéraux recrus d’épreuves ayant jeté l’éponge, voilà que nos Verts, souriant à la mitraille adverse, entrent dans la fournaise.

     

    Chaque année, le Climatique nous explique bravement qu’entre 9 et 10% du corps électoral, c’est « presque bon » pour occuper le septième du gouvernement. Chaque année, on lui répond gentiment que si la logique est mathématique, alors il faudrait quelque 14,28% des voix. Et qu’en cas de logique d’alliance, on se réjouit de voir les Verts et les socialistes devenir majoritaires aux prochaines élections fédérales.

     

    Alors, il y a quelques jours, Ueli l’Apocalyptique a trouvé une pirouette qui ferait passer les acrobates chinois du Knie, en comparaison, pour des grabataires. Il estime que la Suisse a besoin d’un conseiller fédéral Vert, parce que le développement durable est une priorité. Autrement dit, il déconnecte, sans autre forme de procès, la prétention à siéger, d’une éventuelle légitimité électorale. Il faudrait placer des hommes au gouvernement sous le seul prétexte que les idées qu’ils défendent sont dans l’air. À la mode. C’est le triomphe de la doxa (l’opinion rampante) contre le dêmos (l’expression du corps électoral). C’est l’anti-démocratie, à l’état pur. C’est cela qu’on enseigne, chez Proudhon ? C’est cela, le chatouillis des institutions par le frémissement libertaire ?

     

    Un Vert au Conseil fédéral ? Oui, allez, un Vert, et disons même deux ! Et un bain chaud pour le Climatique, bien moussant. Et quelques petits bateaux pour se rire de l’écume, sur l’eau de la baignoire. Brûlante, comme au dernier jour.

     

    Pascal Décaillet

  • Le Renard et le Loup

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    Pascal Couchepin et le prédateur des alpages – Décodage – Mardi 17.08.10 - 17.02h

     

    Déclaration improvisée, ou dûment préparée ? C’était, hier soir, à la RSR, la chronique régulière de Pascal Couchepin. Je ne sais plus exactement de quoi il a parlé, mais, comme tout le monde, mon oreille s’est dressée lorsqu’il s’est exprimé sur le loup. Comme la plupart, je n’ai retenu que cela de son intervention d’hier. C’était le moment fort, imagé, le bestiaire sur le chapiteau.

     

    L’Octodurien n’est pas exactement un novice en politique, ni en prise de parole publique. Soit il était antérieurement convenu qu’il évoquât l’animal, soit il pouvait tout au moins s’attendre à une relance sur le sujet, laquelle, bien naturellement, ne manqua pas. Dans tous les cas, on peut partir de l’idée qu’il n’est pas arrivé au micro sans avoir un peu ruminé ce qu’il allait nous sortir.

     

    La suite, on la connaît : ce matin, le loup est partout, et le vieux renard, qui ne s’est officiellement exprimé qu’incidemment, apparaît comme son protecteur à long terme : « Je suis convaincu qu’avec le temps, le loup reviendra, qu’on ne peut continuer à tuer ces bêtes. Il faut trouver une solution avec les partenaires : les bergers, les cantons. D’année en année, il y a plus de loups qui reviennent… Pour l’instant, on abat le loup lorsqu’il fait trop de dégâts. Mais ça n’est pas une solution à long terme ».

     

    Tout cela est pesé, raisonnable, adulte, à mille lieues de « l’infantilisme » dénoncé par Gallaz, et même, à l’instant, par Philippe Barraud. Tout cela est mis en scène pour tinter comme la voix de la raison contre celle des vieux mythes. La voix de la réforme contre la conservation. De la Jeune Suisse, argumentative, contre la Vieille, prisonnière de son humus et de ses superstitions. Bref, le vieux lutteur de Martigny a profité du prédateur des alpages pour nous asséner une petite piqûre de rappel, pour ceux qui n’étaient pas sur le Trient le 21 mai 1844, de la supériorité des radicaux sur les conservateurs. Il en a parfaitement le droit, c’est même très drôle, mais il fallait juste, en guise de décodage, que cela fût dit.

     

    Hélas, justement, cela ne fut pas dit. La sagesse de la parole couchepinienne, qui caresse au demeurant une grande majorité de l’opinion publique dans le sens du poil, fut simplement relayée, y compris ce matin par un confrère orangé qu’on a connu, naguère, autrement plus critique, plus caustique, plus rebelle. Le prophète de Martigny est même salué comme « montrant la voie » par Philippe Barraud. Une véritable coalition de la raison contre les infantiles. La bataille de Leipzig, en quelque sorte, avec, comme toujours, les Saxons dans le rôle des traîtres.

     

    À ce stade de minorité qui est le nôtre, nous renoncerons donc, pour l’heure, à en dire plus. Nous éviterons l’outrecuidance d’avancer que, pour l’oraculaire « montreur de voie », l’aubaine était trop belle de ne pas renvoyer à sa niche le prédécesseur de Jacques Melly, qui avait fait empailler l’animal et l’avait placé face à lui, dans son bureau. Pascal Couchepin ne tire pas les loups, mais n’oublie jamais sa sarbacane contre un certain clan qui, le scélérat, l’empêche parfois d’étendre son pouvoir. Dans un domaine (je le prends au hasard) qui pourrait, par exemple, être celui de la presse. Alors, poliment, sans les citer, on les « infantilise », on les déraisonne, on les ramène aux temps anciens. Ceux d’avant la bataille du Trient. Avant le 21 mai 1844. Autant dire la Préhistoire. Le Déluge.

     

    Pascal Décaillet