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Le Renard et le Loup

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Pascal Couchepin et le prédateur des alpages – Décodage – Mardi 17.08.10 - 17.02h

 

Déclaration improvisée, ou dûment préparée ? C’était, hier soir, à la RSR, la chronique régulière de Pascal Couchepin. Je ne sais plus exactement de quoi il a parlé, mais, comme tout le monde, mon oreille s’est dressée lorsqu’il s’est exprimé sur le loup. Comme la plupart, je n’ai retenu que cela de son intervention d’hier. C’était le moment fort, imagé, le bestiaire sur le chapiteau.

 

L’Octodurien n’est pas exactement un novice en politique, ni en prise de parole publique. Soit il était antérieurement convenu qu’il évoquât l’animal, soit il pouvait tout au moins s’attendre à une relance sur le sujet, laquelle, bien naturellement, ne manqua pas. Dans tous les cas, on peut partir de l’idée qu’il n’est pas arrivé au micro sans avoir un peu ruminé ce qu’il allait nous sortir.

 

La suite, on la connaît : ce matin, le loup est partout, et le vieux renard, qui ne s’est officiellement exprimé qu’incidemment, apparaît comme son protecteur à long terme : « Je suis convaincu qu’avec le temps, le loup reviendra, qu’on ne peut continuer à tuer ces bêtes. Il faut trouver une solution avec les partenaires : les bergers, les cantons. D’année en année, il y a plus de loups qui reviennent… Pour l’instant, on abat le loup lorsqu’il fait trop de dégâts. Mais ça n’est pas une solution à long terme ».

 

Tout cela est pesé, raisonnable, adulte, à mille lieues de « l’infantilisme » dénoncé par Gallaz, et même, à l’instant, par Philippe Barraud. Tout cela est mis en scène pour tinter comme la voix de la raison contre celle des vieux mythes. La voix de la réforme contre la conservation. De la Jeune Suisse, argumentative, contre la Vieille, prisonnière de son humus et de ses superstitions. Bref, le vieux lutteur de Martigny a profité du prédateur des alpages pour nous asséner une petite piqûre de rappel, pour ceux qui n’étaient pas sur le Trient le 21 mai 1844, de la supériorité des radicaux sur les conservateurs. Il en a parfaitement le droit, c’est même très drôle, mais il fallait juste, en guise de décodage, que cela fût dit.

 

Hélas, justement, cela ne fut pas dit. La sagesse de la parole couchepinienne, qui caresse au demeurant une grande majorité de l’opinion publique dans le sens du poil, fut simplement relayée, y compris ce matin par un confrère orangé qu’on a connu, naguère, autrement plus critique, plus caustique, plus rebelle. Le prophète de Martigny est même salué comme « montrant la voie » par Philippe Barraud. Une véritable coalition de la raison contre les infantiles. La bataille de Leipzig, en quelque sorte, avec, comme toujours, les Saxons dans le rôle des traîtres.

 

À ce stade de minorité qui est le nôtre, nous renoncerons donc, pour l’heure, à en dire plus. Nous éviterons l’outrecuidance d’avancer que, pour l’oraculaire « montreur de voie », l’aubaine était trop belle de ne pas renvoyer à sa niche le prédécesseur de Jacques Melly, qui avait fait empailler l’animal et l’avait placé face à lui, dans son bureau. Pascal Couchepin ne tire pas les loups, mais n’oublie jamais sa sarbacane contre un certain clan qui, le scélérat, l’empêche parfois d’étendre son pouvoir. Dans un domaine (je le prends au hasard) qui pourrait, par exemple, être celui de la presse. Alors, poliment, sans les citer, on les « infantilise », on les déraisonne, on les ramène aux temps anciens. Ceux d’avant la bataille du Trient. Avant le 21 mai 1844. Autant dire la Préhistoire. Le Déluge.

 

Pascal Décaillet

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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