Sur le vif - Et sur un toit brûlant - Mercredi 18.08.10 - 10.14h
Plus vert que vert, réchauffé comme une gamelle, crédible comme un biscuit militaire, revoici Ueli le Climatique ! Chaque année, à la même saison, des conseillers fédéraux recrus d’épreuves ayant jeté l’éponge, voilà que nos Verts, souriant à la mitraille adverse, entrent dans la fournaise.
Chaque année, le Climatique nous explique bravement qu’entre 9 et 10% du corps électoral, c’est « presque bon » pour occuper le septième du gouvernement. Chaque année, on lui répond gentiment que si la logique est mathématique, alors il faudrait quelque 14,28% des voix. Et qu’en cas de logique d’alliance, on se réjouit de voir les Verts et les socialistes devenir majoritaires aux prochaines élections fédérales.
Alors, il y a quelques jours, Ueli l’Apocalyptique a trouvé une pirouette qui ferait passer les acrobates chinois du Knie, en comparaison, pour des grabataires. Il estime que la Suisse a besoin d’un conseiller fédéral Vert, parce que le développement durable est une priorité. Autrement dit, il déconnecte, sans autre forme de procès, la prétention à siéger, d’une éventuelle légitimité électorale. Il faudrait placer des hommes au gouvernement sous le seul prétexte que les idées qu’ils défendent sont dans l’air. À la mode. C’est le triomphe de la doxa (l’opinion rampante) contre le dêmos (l’expression du corps électoral). C’est l’anti-démocratie, à l’état pur. C’est cela qu’on enseigne, chez Proudhon ? C’est cela, le chatouillis des institutions par le frémissement libertaire ?
Un Vert au Conseil fédéral ? Oui, allez, un Vert, et disons même deux ! Et un bain chaud pour le Climatique, bien moussant. Et quelques petits bateaux pour se rire de l’écume, sur l’eau de la baignoire. Brûlante, comme au dernier jour.
Pascal Décaillet