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  • Noces de sang sur l’Alpe

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    Sur le vif - Et toutes canines dehors - Mercredi 11.08.10 - 07.29h

     

    « Sous les pattes du loup, y a marqué Dunlop !» : on ne saurait être plus clair que Bernard Coudray, vigneron à Chamoson mais aussi chasseur et excellent connaisseur de la faune, pour dire tout haut, avec une rare sagacité pneumatique, ce que d’aucuns, en Valais, ruminent tacitement.

     

    Parce que l’affaire, sur les hauteurs, commence à tourner à l’idylle. Ils ne seraient plus un mais deux. D’enfer, le couple : Bonny and Clyde, on remplace juste les banques par des génissons, et le scénario de légende de l’été est posé. À un, on étripe ; à deux, on écume. Et vogue la galère, brebis par ci, bovins par là, ah quand l’appétit va, et toute cette sorte de choses.

     

    Ah mais c’est qu’il a la dent dure, notre couple d’amoureux. Quand un aime, on ne compte pas, en tout cas pas les moutons. La vie, on la mord à pleines dents. C’est le rapport incisif à l’existence, avec la bénédiction des Verts de la Ville, et de pas mal de « spécialistes » camouflant sous leur expertise un militantisme du retour. Ces gens-là, sous l’immaculée neutralité de leur blouse blanche, ne sont pas des experts, mais des parties prenantes, nourries d’une idéologie bien précise. Ils pourraient au moins avoir le courage de l’assumer.

     

    Il faudra un jour qu’ils nous expliquent, ces gens-là, en évitant de nous refaire le coup du « passage de Finges », avec quelle miraculeuse mobilité douce le prédateur énamouré peut passer du Val des Dix à l’alpage du Scex, sur les hauteurs d’Aminona. Ou des Abruzzes aux Alpes : et le Pô, ce grand fleuve magique des romans de Giovannino Guareschi, il le passe comment ? Sur ferry-boat ? Et la grande plaine ? Il chemine la nuit et se cache le jour, comme Fernandel dans « La Vache et le Prisonnier » ? Et les péages d’autoroute : il les paye comment ?

     

    Sur les alpages, il y a parfois des troupeaux. Pour les garder, qu’il pleuve ou qu’il vente, il y a ce qu’on appelle des bergers. Ce sont des gens du lieu, qui ont choisi un autre destin que l’exode rural. Un jour, ces types-là en auront marre. Et partiront aussi. Bonny and Clyde, les Verts de la ville, les faux experts, ce jour-là, auront gagné.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Mgr Genoud : « La maladie nous grandit »

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    J’ai eu le privilège de rencontrer Mgr Genoud, il y a quelques jours, en compagnie de Fathi Derder, à l’EMS La Providence, en basse ville de Fribourg, pour une édition spéciale du Grand Oral, qui sera diffusée ce dimanche 15 août, jour de l’Assomption.

     

    Nous avons rencontré un malade, au reste parfaitement lucide sur son état. Mais nous avons avant tout rencontré un homme. Il y avait bien le col romain, désormais beaucoup trop large pour le cou amaigri. Il y avait bien la vigilante présence de Nicolas Betticher, l’homme de confiance dont on sait la puissance dans le diocèse, allez disons le Maire du Palais, l’œil aquilin du surintendant, à qui rien n’échappe.

     

    Il y avait tout cela, oui. Mais tout cela s’efface devant le message d’humanité du malade. Jamais, pour moi, Bernard Genoud n’a été à ce point évêque que pendant ce moment de grâce, dans ce bel et paisible établissement, à deux pas de la Sarine.

     

    Évêque, justement parce que dénué de la pompe sacerdotale. Évêque sans crosse, ni mitre, ni rituel de Confirmation, ni huiles, ni cendres, ni courtisans. Évêque, désormais à mille lieues marines du cérémonial princier de la Fête-Dieu. Évêque, orphelin des visites pastorales, volontairement en retrait. Une forme de cloître, « pour se protéger ». Mgr Genoud est un homme seul. Tous les hommes sont seuls.

     

    Mgr Genoud a le cancer. C’est une maladie qui nous ramène à nous-mêmes. À l’essentiel. Quand la souffrance est là, le sentiment d’appartenance à une forme de communauté invisible des malades apparaît. Croyants ou non, athées, agnostiques, cela n’importe pas. La souffrance nous délivre un message. Elle nous « aide à grandir », dira Mgr Genoud, dans l’interview.

     

    Je me suis toujours méfié des prêtres, en chaire, qui parlaient de la souffrance, physique ou morale, sans l’avoir nécessairement trop éprouvée eux-mêmes. Là, avec Bernard Genoud, nous sommes au cœur du sujet. Le verbe est cistercien davantage qu’il n’est baroque. Épuré, sans être sec. La solitude du prélat, à deux pas de la rivière tranquille, le projette au cœur du monde. Le vrai monde : celui de la passion, j’hésite pour la majuscule, je renonce.

     

    Il a fait très beau, ces trois derniers jours, sur mes hauteurs valaisannes. Je m’y suis beaucoup promené, août étant légendairement le plus beau mois de la montagne. Celui de l’Assomption. Celui de la clarté, de la chaleur, de la précision et de la lumière. On dirait que le temps s’arrête. Dimanche dernier, dans la Combe d’Orny, j’ai pensé à Bernard Genoud. À ce qui rassemble les humains. Plutôt qu’à ce qui les sépare. La maladie, dit-il, nous grandit. L’avoir rencontré, ce jour-là, à Fribourg, aussi.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

  • Rémy Pagani a parfaitement le droit de manifester

     

    Sur le vif - Lundi 09.08.10 - 19.42h

     

    On aime ou non Rémy Pagani, personnellement je l’aime bien. C’est un homme droit et courageux, soucieux du bien public. C’est, aussi, un magistrat surprenant, possédant mieux ses dossiers que certains de ses confrères.

     

    La droite immobilière genevoise, qui a juré de reprendre son poste-clef à l’Aménagement, en a évidemment fait – par spadassins et spadassines interposés – l’homme à abattre. Il faut juste avoir cela à l’esprit en lisant le blog assez hallucinant de la députée libérale Fabienne Gautier. Un texte qui décrit quasiment comme un crime de sang la participation de Rémy le Rouge au cortège des syndicats lors du dépôt du référendum contre la loi d’ouverture des magasins.

     

    Pagani est membre de l’exécutif de la Ville. C’est une personnalité municipale. Le référendum est cantonal. Il n’y a donc strictement aucun problème : le citoyen Pagani est totalement habilité à militer de façon active dans l’échelon supérieur à celui de son rayon d’activité. Son collègue Manuel Tornare n’est-il pas député au Grand Conseil genevois ?

     

    Au reste, on invitera Madame Gautier à s’intéresser aux innombrables apparitions, discours, causeries des personnalités politiques de droite dans l’interminable réseau des amicales immobilières ou patronales, donnant parfois l’impression un peu désagréable que l’Etat n’est pas dans l’Etat, mais juste au service de la petite clique d’hallucinés de cocktails qui régentent la République. À côté de cette consanguinité-là, les sursauts syndicaux de M. Pagani ont l’innocente figure d’un repas aux chandelles avec d’anciennes amours, les plus belles, celles dont on n’arrive jamais vraiment à clore l’histoire.

     

    Pascal Décaillet