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  • Rester, partir

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Jeudi 30.09.10

     

    Donc, Boris va rester. Ou plutôt Boris va partir. Enfin, disons que Boris partira tout en restant. Ou restera tout en partant. Elle n’est pas toujours simple, la vie, il y a ceux qui vont et viennent, il y a les vraies ruptures et les faux départs, les copains qu’on salue et ceux qu’on ignore, l’année des adieux et les aubes qui renaissent.

     

    Boris, c’est M. Drahusak, un homme charmant. Tellement attachant que son chef, Patrice Mugny, ne peut se résoudre à s’en séparer. D’autant que Boris aimerait bien le poste de Patrice, il y a bien des copilotes qui tombent raides dingues du cockpit, des califes et des vizirs, des régents et des maires du palais. Elle n’est pas simple, la vie.

     

    Normalement, pour faire campagne, Boris devrait quitter le cockpit, quelques mois. S’éloigner de Patrice. Sami l’a bien fait, lui. Mais Boris et Patrice, c’est plus compliqué. Plus noué. A ce niveau de copilotage, l’un sans l’autre, on serait déboussolé. Le Pôle magnétique. Alors, Patrice et Boris ont eu une idée : Boris ne sera plus directeur, mais « conseiller ». il partira, tout en restant.

     

    « Conseiller », et non plus directeur ! Caramba, Manuel, vous n’y aviez pas pensé, pour Sami ? C’est pourtant élémentaire. Un jeu de présence et d’absence, d’être et de néant, de ficelle et de pigeon. Et les pigeons, dans l’histoire, c’est nous.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • La guerre des tranchées a commencé

     

    Edito - Giornale del Popolo - Mercredi 29.09.10



    Un putsch interne, la gauche ramenée à sa juste place, un président de parti qui pique une crise d’hystérie devant le pays entier, Christophe Darbellay et Doris Leuthard qui se frottent les mains, Fulvio Pelli dont personne ne sait ce qu’il a ourdi exactement : ce lundi 27 septembre 2010 restera, dans l’Histoire fédérale, comme une Journée des dupes. Un magnifique exemple de jeu de masques, avec des gagnants et des perdants, ceux qui pleurent et ceux qui rient, où les marionnettes finissent par remplacer les hommes. Le théâtre politique, à l’état pur.

    Le résultat : l’un des plus faramineux remaniements ministériels de l’après-guerre, avec une majorité de nouveaux-venus à la tête des Départements, de méchantes et durables rognes installées entre les chefs de partis, une plainte pénale, la méfiance omniprésente, bref un nouveau gouvernement qui commence très mal. Et tout cela, à un an des élections fédérales ! Les équipes vont-elles, comme dans la Grande Guerre, se mettre à creuser des tranchées sur la Place fédérale ? Le jour, on dormirait. La nuit, on attaquerait, baïonnette au canon. Tout cela, dans l’enivrant parfum du sang qui coule, serait relaté sur des bulletins de guerre, rédigés par la presse dominicale alémanique.

    Le plus fou, c’est qu’on a viré Blocher, le 12 décembre 2007, sous le prétexte qu’il nuisait à la collégialité. Mais cette législature 2007-2011, celle de l’après-Blocher, aura été, justement en termes de collège, la plus catastrophique de l’Histoire du gouvernement suisse ! Et l’épisode de lundi, avec les hurlements de Christian Levrat sous la Coupole, ajoute à la combinazione une dose de tragi-comédie, avec du bruit, de la fureur, des larmes. Théâtre, encore et toujours.

    Sur le fond, comment ne pas se réjouir de l’arrivée de Doris Leuthard au Département sinistré tenu depuis quinze ans par le plus ancien ministre d’Europe en fonction, Moritz Leuenberger ? Pour la présidente de la Confédération, cette rocade, survenue le lendemain d’une victoire devant le peuple (mais pas au Tessin, ni en Suisse romande), tombe à point nommé. Après l’ère des blocages, on peut espérer qu’arrive celle du mouvement. Un exemple, la SSR : l’Argovienne osera-t-elle s’attaquer au Mammouth ? Exiger davantage de performances. Résister au chantage à la « baisse de prestations ». Mettre les gens au travail, sur les standards des radios et TV privées, comme l’excellente TeleTicino, ou encore Léman Bleu, La Télé, Canal 9 ou TeleZüri. Supprimer Billag, ce résidu de l’ère soviétique, comme le suggère Christophe Darbellay. Remettre les syndicats à leur place. Valoriser l’inventivité, l’imagination. Virer les apparatchiks. Vaste, très vaste programme !

    Un mot, enfin, sur Christian Levrat. La crise piquée lundi après-midi, devant tous les micros et toutes les caméras de la Berne fédérale, n’est pas digne d’un président de parti gouvernemental. En politique, on ne vient pas pleurer. Surtout quand on est soi-même un spécialiste de la combinazione. Cela, depuis le réalisateur français Georges Méliès (1861-1938), l’un des pionniers du cinéma muet, porte un nom très parlant : cela s’appelle l’Arroseur arrosé.

    Pascal Décaillet





  • Berne: MM Pelli et Levrat s'expliquent

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