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  • Le Carnaval des Chérubins

     

    Publié dans la série "Dis Papa, c'est encore loin, le 16 septembre?"


    Une campagne pour le Conseil fédéral, c’est le contraire d’un feu d’artifice : ça commence par le bouquet final. Leurres, feux-follets, feux-Saint-Elme, traînées de poudre, traces de comètes, écrans de fumée. Plus tard seulement, le ciel s’éclaircit.

    Pour l’heure, nous nous frottons les yeux. Que voyons-nous ? Rien. Ou plutôt tout, ce qui revient au même. C’est le rituel, comme au théâtre, le prologue encombré de personnages inutiles, les pistes brouillées, pour mieux, au cinquième acte, se dénouer.

    Alors, des voix nous parlent. Des ténors ? Non, des chérubins . « Voi che sapete che cosa e amor, donne vedete s'io l'ho nel cor ». De leur tessiture de jouvenceaux, ils sont venus chauffer la salle. C’est leur heure, leur tour de piste. Charmants et charmeurs, masques et bergamasques, vedettes américaines, un peu le nain du Knie, qui vend les programmes, juché sur sa caisse. Nous les aimons, car ils nous installent dans le spectacle. En attendant les choses sérieuses.

    Honneur à eux, donc. Gratitude. Merci de l’accueil. Et surtout, continuez à bien nous faire rire.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • Martine à l’école

     

     

    Publié dans la Tribune de Genève - Jeudi 18.06.09

     

    MBG a-t-elle seulement vu venir les poignards ? Elle, pourtant toujours sur ses gardes, s’attendait-elle à l’irruption, dès le jour de la démission de Pascal Couchepin, d’une candidature de Christian Luscher au Conseil fédéral ? Même parti, même canton, même famille : le pire coup qui pouvait lui arriver. A-t-elle, à l’école, lu Racine, ou le Nœud de vipères ?

    La marionnettiste, c’est Fulvio Pelli. Croit-il, une seule seconde, en Luscher ? Il est permis d’en douter. Mais il active ses leurres. Le Tessinois, pour faire barrage à la campagne centriste de Christophe Darbellay, veut mener la bataille à droite toute. Il a donc besoin d’un candidat qui convienne à l’UDC.

    Martine Brunschwig Graf est assurément une femme de droite. Mais il est certaines valeurs sur lesquelles elle ne transige pas, et c’est tout à son honneur. Donc, aux yeux du Florentin, elle ne fait pas l’affaire. A quoi s’ajoute une campagne assez nauséabonde sur son âge, elle que dix mois, seulement, séparent de Pelli lui-même.

    La victime des comploteurs survivra-t-elle à l’acuité des dagues ? Ce qui est sûr, c’est que la politique fédérale a besoin de cette femme de valeur. Qui ne méritait pas une telle tentative d’exécution. Ni par ses pairs, ni par certains de mes confrères. Lisible, tellement lisible, comme dans une mauvaise pièce. Avec de mauvais acteurs.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

  • Et un casque à pointe pour M. Schwaller, un !

     

    Publié dans la série "Dis, Papa, c'est encore loin, le 16 septembre?"


     

    C’était cousu de fil blanc, programmé. Il y a toujours un moment, dans une course au Conseil fédéral, où un petit malin nous sort l’argument ethnique.

    Ainsi, Fulvio Pelli, candidat à ne surtout pas être candidat (jusqu’au jour où, genoux rouges sur le bouillant bitume noir, on viendra le supplier), déclare doctement que le chef du groupe PDC aux Chambres fédérales, Urs Schwaller, est inéligible, parce qu’il n’est pas romand. Pas latin. Pas assez fils de la Louve, le Singinois. Ah, l’ignoble, le Fridolin, tout juste bon pour les terres de betteraves, le houblon mousseux, le port du casque à pointe !

    Bon, c’est vrai, Schwaller ne respire pas, ni dans son être ni dans son verbe, les piques et les pointes de Voltaire et de sa langue. Mais enfin, à supposer qu’il soit un bon candidat pour le Conseil fédéral, en quoi ces quelque 60% de germanitude seraient-ils un problème ?

    La vraie raison, c’est que Fulvio Pelli se méfie de ce rival. En Suisse, on n’est pas élu par le peuple, mais par un collège de 246 grands électeurs. C’est lui, et lui seul, qu’il s’agit de séduire. Or, dans cette sainte fraternité-là, le prudent Fribourgeois, grand rival du radical Burkhalter dans l’art de ne jamais froisser personne, jouit d’une cote inversement proportionnelle à sa notoriété dans les grandes couches de la population. A lui, les arcanes. Au flamboyant président national de son parti, la lumière, l’ivresse des altitudes.

    Donc Pelli, habile au point de reléguer le regretté Cardinal Mazarin au rang de balourd du Baloutchistan, prend soin, dans ce premier tour de la campagne, de scier d’emblée celui qui pourrait s’avérer, en septembre, un rival de premier plan. Dans cette démarche, agit-il seul ? La question est posée.

    En attendant, la question ethnique est reprise, aujourd’hui, en grande pompe, par l’officialité des observateurs. Le chœur des vierges, par Pachacamac! Qui progresse, à l’unisson, vers le bûcher. Où M. Schwaller est cordialement invité à monter prendre sa place. En attendant peut-être, dans une autre vie, un pont d'or pour Hollywood.

     

    Pascal Décaillet