Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Jeudi 04.06.09
Il y a quelques semaines, le sociologue Uli Windisch, professeur à Genève, publiait dans le Nouvelliste un article virulent à l’encontre du socialisme. Article dur, c’est vrai, je n’aurais pas choisi ces mots-là. Mais enfin, expression d’une libre opinion. L’une des conquêtes de la Révolution française. Fondamentale.
Depuis, c’est la chasse aux sorcières. La curée. Une source amicale, venant du service public, a eu l’extrême élégance de balancer l’article au recteur. Ce dernier, avec l’odorante tiédeur de Pilate, s’en émeut. Une joyeuse secte, assoiffée depuis toujours du sang de l’importun qui n’embrasse pas l’orthodoxie de sa chapelle, surgit du soupirail. Toutes griffes dehors, rugissant, elle exige sa peau. Christian Levrat, patron du PS, se rêve en Fouquier-Tinville, jouissant à l’idée de voir rouler dans la sciure la tête qui dérange.
Ils s’y entendent, certains réseaux de camarades, lorsqu’il s’agit, à coups de délations et de lettres perfides, d’avoir la peau d’un esprit qui pense autrement. Le tout, sous le bénissant paravent de la morale. Uli Windisch est un homme qui apporte beaucoup au débat public. Vous lui tombez tous dessus ? Eh bien moi pas. Et je lui dis même, à travers ces lignes, mon amitié en ces moments difficiles. Comme je l’avais fait, en d’autres temps, à un autre emmerdeur si salutaire dans la République : un certain Jean Ziegler.
Pascal Décaillet