Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 6

  • Drôles d’experts

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Jeudi 11.06.09

     

    La grande question, la seule qui vaille : Uli Windisch est-il une sorcière ? Un nez un peu pointu, certes, des idées trop crochues pour la quiétude ouatée de l’orthodoxie, alors, va pour le bûcher. Ca tombe bien : c’est l’année Calvin.

     

    Le plus fou, c’est l’histoire du recteur, Monsieur Vassalli. Saisi, par une délation, d’un crime de délit d’opinion, il entre en matière ! Pour sévir ? Même pas ! Pour aller en référer, cahin-caha et presque en catimini, à une commission dont je ne sache qu’elle ait encore beaucoup siégé et qui doit se pourlécher les babines d’avoir enfin un peu de biscuit à se mettre sous la dent.

     

    L’affaire est-elle si complexe que le recteur ait à la déléguer à des tiers ? Saisir une instance externe, est-ce le courage, est-ce agir en chef ? Sous pression de quelques chers camarades, dont le président du parti socialiste suisse, Monsieur Vassalli aurait-il peur de statuer lui-même ? Peur de déranger ? Peur de l’onde de choc ? Peur pour sa carrière ?

     

    Ou alors, cet éminent scientifique aurait-il besoin qu’on lui bichonne, sous le couvert de l’éthique, un amour de petit dossier à charge ? Qui lui permette, le jour venu, de dire : « Ca n’est pas moi, ce sont les experts ». Drôles d’experts, à la vérité, quand on sait que le papier commis par Uli Windisch, dans le Nouvelliste, pourfendait le socialisme. Et que siège, dans la « commission d’éthique », une certaine Christiane Brunner.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Balle de match

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Lundi 08.06.09

     

    T’es trop vieux, Roger, on lui avait dit. Fini, usé, laminé. Parce que la victoire, comme le grand amour, ne déploierait ses ailes qu’une fois, elle ne reviendrait pas. Trop vieux, blessé, moral en bas. Il te reste encore de beaux jours, on lui avait dit, fais autre chose. La vie, devant toi, la douce moiteur de ses bras.

     

    Lui, il aurait pu faire ce choix. Semi-retraite, peinard, avec Mirka et les millions. Il était déjà une légende, le plus grand du sport suisse. Mais il n’a pas voulu. A terre, il s’est relevé. Seul, il s’est battu. Paris lui résistait ? Alors, va pour Paris, comme en quarante. Repartir de tout en bas. Revenir, déguisé en mendiant. Au fil des échelons, se révéler. Et hier, juste après 17h, le feu. La lumière.

     

    Ici bas, tant que t’es pas mort, tu dois te battre. Comme un taré. Ils veulent ta peau, t’écraser, damner ta mémoire ? Tu t’en fous : tu te bats ! C’est dur, mais c’est génial. Ca fouette le sang, ça aiguise l’âme, ça vivifie l’être sensible.

     

    C’est cela, la vraie leçon de Monsieur Federer. Au-delà du génie du tennis, une histoire d’homme, donc de solitude. Un compte à régler avec le destin, le jeu des apparences, ces courtisanes du fait accompli, qui se lovent et te narguent. Mais toi, tu résistes. Tu traces ta ligne. Les ennemis, tu les combats. Les amis, tu les comptes. Un, deux, aucun, peu importe. Tu te bats. Et tu vis. Chapeau, Roger.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Uli et les censeurs

    Chronique publiée dans le Nouvelliste - Vendredi  05.06.09


     

    Qu’a donc commis le professeur Uli Windisch de si criminel, dans ces mêmes colonnes où j’écris, cet espace de liberté et d’échanges appréciable en Suisse romande, pour avoir sur le dos une armée de censeurs qui veulent sa peau ? Il a émis, certes de façon tranchée et incisive, virulente même, ce qu’on appelle une opinion. On la partage ou non, on peut la combattre, l’attaquer, la démonter, la décortiquer, lui tendre le miroir de ses contradictions. Mais la censurer, non, désolé. Ourdir, par derrière et de façon particulièrement sournoise, pour faire rouler la tête de son auteur, non, vraiment. Saisir le recteur, comme on va chercher le maître d’école, non, merci. Il y a d’autres procédés, dans le débat d’idées, que celui de la délation. Ce dernier, lâche et malodorant, suinte certaines époques, qu’on imaginait révolues.

     

    Dans cette chronique, consacrée au ministre allemand des Finances, Peer Steinbrück, et à ses incessantes pressions sur la Suisse, Uli Windisch défend la thèse que la volonté aveugle et fanatique de vouloir changer l’homme et la société peut avoir des conséquences totalitaires. Cette idée, il la développe avec une plume et des arguments qui n’auraient pas été les miens, mais enfin il le fait sans que la loi, à ma connaissance, en soit ni transgressée ni même seulement affectée. Bien sûr, il heurte la sensibilité d’un grand parti de notre pays, le parti socialiste. Cela n’est pas très gentil. Mais cela est-il interdit ?

     

    Et c’est bien là le problème. La susceptibilité de la Chapelle, dès qu’on la met en cause. La mise en action du Réseau, ici un délateur anonyme du service public, là une demande d’exécution auprès du décanat, là encore, le Grand Maître, Christian Levrat, qui saisit les plus hautes autorités, pour obtenir des sanctions. Dans l’univers des sociologues lémaniques, où Windisch, pour n’être pas de gauche, fait figure de grand méchant loup, l’occasion est évidemment trop belle pour ne pas s’engouffrer dans les surexcitantes délices de la curée et de l’épuration. Et voici nos grandes âmes, si promptes à la défense des droits de l’homme, en joyeuse chasse à l’homme, chasse aux sorcières. Par insidieuses missives, toujours derrière le dos. Le vrai scandale est-il dans les propos d’Uli Windisch, ou dans la démesure de la réaction ?

     

    Pascal Décaillet