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Uli et les censeurs

Chronique publiée dans le Nouvelliste - Vendredi  05.06.09


 

Qu’a donc commis le professeur Uli Windisch de si criminel, dans ces mêmes colonnes où j’écris, cet espace de liberté et d’échanges appréciable en Suisse romande, pour avoir sur le dos une armée de censeurs qui veulent sa peau ? Il a émis, certes de façon tranchée et incisive, virulente même, ce qu’on appelle une opinion. On la partage ou non, on peut la combattre, l’attaquer, la démonter, la décortiquer, lui tendre le miroir de ses contradictions. Mais la censurer, non, désolé. Ourdir, par derrière et de façon particulièrement sournoise, pour faire rouler la tête de son auteur, non, vraiment. Saisir le recteur, comme on va chercher le maître d’école, non, merci. Il y a d’autres procédés, dans le débat d’idées, que celui de la délation. Ce dernier, lâche et malodorant, suinte certaines époques, qu’on imaginait révolues.

 

Dans cette chronique, consacrée au ministre allemand des Finances, Peer Steinbrück, et à ses incessantes pressions sur la Suisse, Uli Windisch défend la thèse que la volonté aveugle et fanatique de vouloir changer l’homme et la société peut avoir des conséquences totalitaires. Cette idée, il la développe avec une plume et des arguments qui n’auraient pas été les miens, mais enfin il le fait sans que la loi, à ma connaissance, en soit ni transgressée ni même seulement affectée. Bien sûr, il heurte la sensibilité d’un grand parti de notre pays, le parti socialiste. Cela n’est pas très gentil. Mais cela est-il interdit ?

 

Et c’est bien là le problème. La susceptibilité de la Chapelle, dès qu’on la met en cause. La mise en action du Réseau, ici un délateur anonyme du service public, là une demande d’exécution auprès du décanat, là encore, le Grand Maître, Christian Levrat, qui saisit les plus hautes autorités, pour obtenir des sanctions. Dans l’univers des sociologues lémaniques, où Windisch, pour n’être pas de gauche, fait figure de grand méchant loup, l’occasion est évidemment trop belle pour ne pas s’engouffrer dans les surexcitantes délices de la curée et de l’épuration. Et voici nos grandes âmes, si promptes à la défense des droits de l’homme, en joyeuse chasse à l’homme, chasse aux sorcières. Par insidieuses missives, toujours derrière le dos. Le vrai scandale est-il dans les propos d’Uli Windisch, ou dans la démesure de la réaction ?

 

Pascal Décaillet

 

 

 

 

 

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