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Balle de match

Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Lundi 08.06.09

 

T’es trop vieux, Roger, on lui avait dit. Fini, usé, laminé. Parce que la victoire, comme le grand amour, ne déploierait ses ailes qu’une fois, elle ne reviendrait pas. Trop vieux, blessé, moral en bas. Il te reste encore de beaux jours, on lui avait dit, fais autre chose. La vie, devant toi, la douce moiteur de ses bras.

 

Lui, il aurait pu faire ce choix. Semi-retraite, peinard, avec Mirka et les millions. Il était déjà une légende, le plus grand du sport suisse. Mais il n’a pas voulu. A terre, il s’est relevé. Seul, il s’est battu. Paris lui résistait ? Alors, va pour Paris, comme en quarante. Repartir de tout en bas. Revenir, déguisé en mendiant. Au fil des échelons, se révéler. Et hier, juste après 17h, le feu. La lumière.

 

Ici bas, tant que t’es pas mort, tu dois te battre. Comme un taré. Ils veulent ta peau, t’écraser, damner ta mémoire ? Tu t’en fous : tu te bats ! C’est dur, mais c’est génial. Ca fouette le sang, ça aiguise l’âme, ça vivifie l’être sensible.

 

C’est cela, la vraie leçon de Monsieur Federer. Au-delà du génie du tennis, une histoire d’homme, donc de solitude. Un compte à régler avec le destin, le jeu des apparences, ces courtisanes du fait accompli, qui se lovent et te narguent. Mais toi, tu résistes. Tu traces ta ligne. Les ennemis, tu les combats. Les amis, tu les comptes. Un, deux, aucun, peu importe. Tu te bats. Et tu vis. Chapeau, Roger.

 

Pascal Décaillet

 

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