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  • UDC : l'autogoal du salaire minimum

     
    Sur le vif - Vendredi 16.12.22 - 09.40h
     
     
    Plus jamais l’UDC, après l’affaire du salaire minimum, ne pourra nous brandir l’argument de l’absolu primat du suffrage universel sur le « droit supérieur ».
     
    C’est dommage, infiniment. Parce que cet argument est juste et bon. Il est conforme à ce qu’il y a de plus sacré dans notre démocratie directe : le peuple avant tout, donc bien entendu avant les « conventions collectives », qui sont des arrangements d’intérêts, sans onction suprême.
     
    En clair, l’UDC marque un fantastique autogoal. Désormais, chaque fois qu’elle remettra en question, à juste titre, l’ineffable « droit supérieur » des profs d’Uni et des pisse-froid anti-peuple, on lui rappellera sa positon contre sa propre nature dans l’affaire du salaire minimum.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Conseil national : le dernier tour de piste des golden boys

     
    Sur le vif - Jeudi 15.12.22 - 11.26h
     
     
    En ces temps d'extrême précarité pour un nombre considérable de personnes âgées en Suisse, le refus de la 13ème rente AVS, par le National, creusera l'écart - si cela est est encore possible - entre le peuple et les élus. Ce refus, en même temps que la décision calamiteuse (et qui ne restera pas sans réactions à Genève) sur le salaire minimum, confirme le poids, dans cette Chambre, d'une droite que je n'aime pas : celle de l'insensibilité aux plus faibles d'entre nous.
     
    Soyons clairs. Je suis un homme de droite, tout le monde le sait. D'une droite patriote, souverainiste et nationale. Mais pas celle de l'obédience aux forces de l'Argent.
     
    Ces forces, je n'ai rien contre elles. Elles existent, de toute façon. Mais la dimension du politique, sa dignité, sa grandeur, se doit à une certaine retenue face à elles. Or, dans ces deux décisions, on voit resurgir une forme de libéralisme ultra, le doigt sur la couture du pantalon, dès qu'il s'agit de dire oui aux puissants, quitte à humilier les faibles. Un singulier alliage entre les ultimes golden boys des années d'argent facile (jusqu'en 2008), bref les libéraux par religion du profit, et la vieille méfiance alémanique face à l'Etat, née du Freisinn historique et philosophique, qui pousse la "responsabilité individuelle" jusqu'à l'insensibilité à la souffrance d'autrui.
     
    Alors, pour la 13ème rente, dont le besoin est tellement criant pour tant de nos aînés, on trouvera toujours des arguments chiffrés pour nous expliquer, en doctes économistes, que ça n'est pas possible. On n'a pas eu, dans les mêmes milieux, le même argumentaire quand il s'agissait de sauver une compagnie aérienne ou une grande banque du pays.
     
    Alors oui, je suis un homme de droite. Mais d'une droite patriote, culturelle et sociale. A cet égard, ma déception majeure ne va pas aux golden boys ultra-libéraux, dont je n'ai jamais rien attendu et auxquels je ne parle d'ailleurs pas, mais au grand parti patriote et souverainiste de la Suisse. J'espérais de lui, sur le sort de nos aînés, davantage de sensibilité à notre impératif - vital pour la Suisse - de cohésion sociale.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Plus Européen que moi, tu meurs !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 14.12.22

     

    La chose est complexe, et mérite nuances. Il s’agit de mon rapport à l’Europe. Je vais vous parler du mien, et vous invite, chacun de vous, si vous le souhaitez, à vous interroger aussi sur le vôtre. Chez moi, c’est l’histoire d’un paradoxe : rien qu’en lisant le titre, vous avez dû sursauter, tant vous connaissez mon combat pour la souveraineté, l’indépendance de la Suisse, sa démocratie directe, son fédéralisme. C’est vrai, je suis pour des rapports strictement économiques, du style bilatérales, avec l’Europe de Bruxelles. Et je refuse catégoriquement tout accord institutionnel qui impliquerait, de la part de notre pays, le moindre abandon de souveraineté. On notera au passage que ma position n’a strictement rien d’original : une majorité de Suisses la partagent.

     

    Pourtant, je suis l’un des Suisses les plus Européens. Non pour cette institution, l’Union européenne, ou plutôt ce qu’elle est devenue (centralisatrice, bureaucratique, arrogante). Mais bon Dieu, pour l’Europe, tout court ! A part deux semaines au Canada, quatre séjours en Afrique du Nord, et de nombreux déplacements au Moyen-Orient, l’immense majorité de mes voyages ont été, sont encore plus que jamais, pour le continent européen. La raison en est simple : j’aime l’Europe. J’aime tous les pays qui la constituent, je les ai d’ailleurs, depuis l’enfance, presque tous parcourus, dans tous les sens. J’aime passionnément les langues de l’Europe continentale : d’abord l’allemand, puis le français, l’italien le grec, et puis les autres, celles dont seule m’atteint la musique, faute d’en saisir le sens.

     

    Et puis, quoi ? A onze ans, je commence le latin, à treize le grec, l’allemand m’aura accompagné toute ma vie, l’italien m’enchante, la Prusse me fascine, La Saxe et la Thuringe tout autant, la Provence et la Toscane m’ensorcèlent de charme et de beauté, la Scandinavie m’a ébloui par ses paysages, les Balkans par leur complexité, ne parlons pas de la Grèce, celle d’aujourd’hui autant que celle d’il y a 25 siècles. Ne parlons pas de la musique, ni de l’Histoire musicale, allemande notamment, au moins depuis l’époque baroque, jusqu’aux créateurs d’aujourd’hui. Ne parlons pas de poésie. Ne parlons pas d’Histoire industrielle, qui me ramène au monde de mon père, ingénieur, il m’a fait visiter des usines ou des mines en Allemagne, et même jusqu’au nord de la Suède (Kiruna).

     

    Alors, voilà. L’Union européenne, telle qu’elle est aujourd’hui, c’est trois fois niet. Mais parbleu, l’Europe ! Trois millénaires d’Histoire, de l’Antiquité jusqu’à nos jours. Des langues incomparables. Et au cœur de ce continent, dans l’ombilic, dans ses entrailles, un petit pays, avec quatre langues, l’allemand, le français, l’italien, le romanche, des cours d’eau vers Méditerranée, Mer du Nord, Adriatique, et même la Mer Noire (eh oui, l’Inn !). Indépendants, restons-le, je vous en conjure ! Mais Européens, jusqu’aux tréfonds, nous le sommes. C’est un paradoxe. Comme sait en réserver la vie à ceux qu’elle aime. A tous, excellentes Fêtes de fin d’année !

     

    Pascal Décaillet