Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Plus Européen que moi, tu meurs !

 

Commentaire publié dans GHI - Mercredi 14.12.22

 

La chose est complexe, et mérite nuances. Il s’agit de mon rapport à l’Europe. Je vais vous parler du mien, et vous invite, chacun de vous, si vous le souhaitez, à vous interroger aussi sur le vôtre. Chez moi, c’est l’histoire d’un paradoxe : rien qu’en lisant le titre, vous avez dû sursauter, tant vous connaissez mon combat pour la souveraineté, l’indépendance de la Suisse, sa démocratie directe, son fédéralisme. C’est vrai, je suis pour des rapports strictement économiques, du style bilatérales, avec l’Europe de Bruxelles. Et je refuse catégoriquement tout accord institutionnel qui impliquerait, de la part de notre pays, le moindre abandon de souveraineté. On notera au passage que ma position n’a strictement rien d’original : une majorité de Suisses la partagent.

 

Pourtant, je suis l’un des Suisses les plus Européens. Non pour cette institution, l’Union européenne, ou plutôt ce qu’elle est devenue (centralisatrice, bureaucratique, arrogante). Mais bon Dieu, pour l’Europe, tout court ! A part deux semaines au Canada, quatre séjours en Afrique du Nord, et de nombreux déplacements au Moyen-Orient, l’immense majorité de mes voyages ont été, sont encore plus que jamais, pour le continent européen. La raison en est simple : j’aime l’Europe. J’aime tous les pays qui la constituent, je les ai d’ailleurs, depuis l’enfance, presque tous parcourus, dans tous les sens. J’aime passionnément les langues de l’Europe continentale : d’abord l’allemand, puis le français, l’italien le grec, et puis les autres, celles dont seule m’atteint la musique, faute d’en saisir le sens.

 

Et puis, quoi ? A onze ans, je commence le latin, à treize le grec, l’allemand m’aura accompagné toute ma vie, l’italien m’enchante, la Prusse me fascine, La Saxe et la Thuringe tout autant, la Provence et la Toscane m’ensorcèlent de charme et de beauté, la Scandinavie m’a ébloui par ses paysages, les Balkans par leur complexité, ne parlons pas de la Grèce, celle d’aujourd’hui autant que celle d’il y a 25 siècles. Ne parlons pas de la musique, ni de l’Histoire musicale, allemande notamment, au moins depuis l’époque baroque, jusqu’aux créateurs d’aujourd’hui. Ne parlons pas de poésie. Ne parlons pas d’Histoire industrielle, qui me ramène au monde de mon père, ingénieur, il m’a fait visiter des usines ou des mines en Allemagne, et même jusqu’au nord de la Suède (Kiruna).

 

Alors, voilà. L’Union européenne, telle qu’elle est aujourd’hui, c’est trois fois niet. Mais parbleu, l’Europe ! Trois millénaires d’Histoire, de l’Antiquité jusqu’à nos jours. Des langues incomparables. Et au cœur de ce continent, dans l’ombilic, dans ses entrailles, un petit pays, avec quatre langues, l’allemand, le français, l’italien, le romanche, des cours d’eau vers Méditerranée, Mer du Nord, Adriatique, et même la Mer Noire (eh oui, l’Inn !). Indépendants, restons-le, je vous en conjure ! Mais Européens, jusqu’aux tréfonds, nous le sommes. C’est un paradoxe. Comme sait en réserver la vie à ceux qu’elle aime. A tous, excellentes Fêtes de fin d’année !

 

Pascal Décaillet

Les commentaires sont fermés.