Sur le vif - Jeudi 15.12.22 - 11.26h
En ces temps d'extrême précarité pour un nombre considérable de personnes âgées en Suisse, le refus de la 13ème rente AVS, par le National, creusera l'écart - si cela est est encore possible - entre le peuple et les élus. Ce refus, en même temps que la décision calamiteuse (et qui ne restera pas sans réactions à Genève) sur le salaire minimum, confirme le poids, dans cette Chambre, d'une droite que je n'aime pas : celle de l'insensibilité aux plus faibles d'entre nous.
Soyons clairs. Je suis un homme de droite, tout le monde le sait. D'une droite patriote, souverainiste et nationale. Mais pas celle de l'obédience aux forces de l'Argent.
Ces forces, je n'ai rien contre elles. Elles existent, de toute façon. Mais la dimension du politique, sa dignité, sa grandeur, se doit à une certaine retenue face à elles. Or, dans ces deux décisions, on voit resurgir une forme de libéralisme ultra, le doigt sur la couture du pantalon, dès qu'il s'agit de dire oui aux puissants, quitte à humilier les faibles. Un singulier alliage entre les ultimes golden boys des années d'argent facile (jusqu'en 2008), bref les libéraux par religion du profit, et la vieille méfiance alémanique face à l'Etat, née du Freisinn historique et philosophique, qui pousse la "responsabilité individuelle" jusqu'à l'insensibilité à la souffrance d'autrui.
Alors, pour la 13ème rente, dont le besoin est tellement criant pour tant de nos aînés, on trouvera toujours des arguments chiffrés pour nous expliquer, en doctes économistes, que ça n'est pas possible. On n'a pas eu, dans les mêmes milieux, le même argumentaire quand il s'agissait de sauver une compagnie aérienne ou une grande banque du pays.
Alors oui, je suis un homme de droite. Mais d'une droite patriote, culturelle et sociale. A cet égard, ma déception majeure ne va pas aux golden boys ultra-libéraux, dont je n'ai jamais rien attendu et auxquels je ne parle d'ailleurs pas, mais au grand parti patriote et souverainiste de la Suisse. J'espérais de lui, sur le sort de nos aînés, davantage de sensibilité à notre impératif - vital pour la Suisse - de cohésion sociale.
Pascal Décaillet