Liberté
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Mme Dittli et la camarilla des radicaux taiseux
Sur le vif - Jeudi 27.03.25 - 01.33hJe ne doute pas que Mme Dittli ait commis des fautes, mais le problème n’est tellement plus là !Le problème, dissimulé avec une telle maladresse qu’il crève les yeux, c’est cette camarilla radicale vaudoise, recroquevillée sur sa proie. Radicalisme de pouvoir, deux fois séculaire.Radicalisme de pesanteurs, d’habitudes, d’entre-soi. Radicalisme de rites, d’accolades, de cooptations.Et soudain, face à l’immuable de cette liturgie, surgit une jeune femme, zougoise, démocrate-chrétienne, une extra-terrestre. Et elle rafle les Finances. Au pays de Chevallaz ! De Delamuraz ! De Broulis ! L’intruse. L’étrangère. La dérangeante.Elle commet une boulette. L’occasion est trop belle ! La camarilla radicale se reconstitue, même pas besoin de tenues, ni de messes noires, entre taiseux on se comprend. Autour de l’intruse, le piège se referme. La gauche exulte, elle rêve déjà d’une complémentaire, se refaire une santé, sur le dos de la Zougoise. La proie est isolée, prête à être submergée. Par un océan de brouillard et de malices.L’affaire Dittli, c’est l’affaire de la deuxième vie, providentielle, des radicaux vaudois, enfin bouger, enfin des signes de vie, enfin le goût salé du pouvoir éternel, retrouvé.L’affaire Dittli, c’est la mer, celle de Paul Valéry, toujours recommencée.Pascal Décaillet -
Le réarmement allemand
Commentaire publié dans GHI - Mercredi 26.03.25
Le « réarmement européen », nouvelle trouvaille d’Emmanuel Macron pour faire oublier la dette abyssale de la France, ce sont des mots, et seulement des mots. Il ne pourrait exister de « défense européenne » que s’il y avait, en amont, une Europe politique, nous en sommes loin, à des années-lumière.
Considérons le réel, tel qu’il est : l’Europe, pour l’heure, n’existe pas, hors du fatras administratif de Bruxelles. L’échelon de souveraineté, l’échelon affectif, l’échelon mémoriel, c’est celui des nations. La nation française, la nation allemande, etc. Et les armes que chaque nation se forge, ce sera pour les utiliser, le jour venu, non pour « l’Europe », concept flou et flasque, mais pour elle-même. Les armes françaises serviront à la France. Et les allemandes, à l’Allemagne.
Le réarmement allemand ! C’est une autre paire de manches ! Le programme massif, sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale, voté par le Bundestag, prévoit des centaines de milliards pour relancer l’armement et une industrie qui en a sacrément besoin, tant elle a vieilli.
Il y a une différence entre les Français, qui sont des beaux parleurs, et les Allemands : ces derniers, quand ils prennent un engagement, ils le tiennent. Ils vont jusqu’au bout. L’Allemagne va donc se réarmer massivement. C’est une première depuis 1945. Le jour venu, elle aura ses armes à sa disposition. Pour sa propre politique. La page de l’après-guerre est tournée.
Pascal Décaillet
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Marx n'est pas un étranger en Europe !
Commentaire publié dans GHI - Mercredi 26.03.25
Impossible de comprendre les enjeux européens si on ne s’astreint pas à une ascèse, longue, tenace, continue, sur la connaissance de l’Allemagne. Notre voisin du Nord est le pays le plus puissant d’Europe, première économie du continent, quatrième du monde. Il est, pour la Suisse, le premier partenaire commercial en Europe. Il traverse parfois des moments difficiles, comme l’actuelle situation de son industrie, le vieillissement de ses infrastructures routières et ferroviaires, la paupérisation de régions entières, et pas seulement en Thuringe, en Prusse et en Saxe, l’ex-DDR, mais aussi à l’Ouest. Allez visiter la Ruhr, symbole de la puissance allemande depuis la grande aventure du charbon, il y a deux siècles. Vous y découvrirez des villes certes chargées d’une passionnante Histoire économique, dont elles entretiennent la mémoire avec une bouleversante nostalgie, mais au train de vie bien modeste.
On est très loin de l’image du miracle économique allemand de l’après-guerre, voitures puissantes et rutilantes, prospérité enfin trouvée. Si vous allez dans l’ex-DDR, ce que je vous recommande absolument, vous trouverez une Allemagne simple et digne, aux trésors culturels époustouflants, mais dont le niveau de vie n’a strictement rien à voir avec celui de la Suisse. Oui, il existe des Allemagnes pauvres, certes pas miséreuses comme au début des années vingt, après Versailles, ou au moment de la crise de 1929, mais modestes, oui c’est le mot qui convient, il respire la sobriété, de grandes vertus luthériennes, les quatre décennies marxistes de la DDR.
Faut-il, encore et toujours, rappeler que Karl Marx n’a rien à voir avec l’Europe de l’Est : il est un philosophe allemand, rhénan même, natif de Trèves, sur cette Moselle dont parle si bien Ausone au début du quatrième siècle, Trèves au passé romain (Augusta Treverorum), profondément imprégnée de latinité. Marx n’est pas un Prussien, c’est très important pour le comprendre ! Je le dis depuis toujours : la lecture de Karl Marx, du moins celui du « Manifeste », mais aussi ses écrits de jeunesse dans la Rheinische Zeitung, devrait être obligatoire dans les écoles. Cette œuvre, au-delà des lectures et récupérations que les communistes de pouvoir ont pu en faire au vingtième siècle, n’en demeure pas moins un moment essentiel de la conscience sociale européenne, lors de Révolution industrielle. Marx n’est pas un étranger en Europe : il est une part de notre Histoire. Elle doit être connue de tous. J’invite les profs d’Histoire, les profs d’allemand, les profs d’économie, à se sortir un peu de cette damnation de la mémoire de Marx, née de la chute du Mur (1989), et entretenue par plus de trois décennies de crétinisme ultra-libéral, au nom de la « victoire définitive du capitalisme ».
Vous ne comprendrez pas l’Europe sans passer par l’Histoire allemande. Une telle ascèse n’est ni un luxe, ni un dada : c’est une nécessité vitale, épistémique, pour tenir les clefs de compréhension. Et si Marx vous fait peur, il vous reste Luther, Beethoven, Richard Strauss et Thomas Mann : il y a pire, comme compagnie, non ?
Pascal Décaillet