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Liberté - Page 96

  • À nos morts

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 01.11.23

     

    Le 1er novembre, c’est la Toussaint. Et le 2, c’est le Jour des Morts. C’est l’automne, saison des brumes et du retour de la froidure, un temps réputé triste. C’est la saison du souvenir.

     

    Un être humain, c’est une mémoire. Des traces, des cicatrices, des joies et des douleurs enfouies, des ruptures marquantes, la nostalgie des êtres chers. Ses parents. Ses proches. Ses amis. Je crois bien, pour ma part, passer plus de temps à frayer avec le passé qu’à vivre le présent.

     

    Nous vivons tous avec nos morts. Les êtres que nous avons aimés, ou admirés, ou même simplement ceux que nous avons côtoyés, sont encore là. Le dire n’est ni acte de foi, ni superstition. Juste la reconnaissance d’un legs. La grande question de la vie humaine, c’est la présence de l’Autre. On peut l’écarter, en s’isolant. On ne l’abolira pas pour autant.

     

    Nos morts sont là, quelque part. Ils nous accompagnent. Quelques notes de Haendel, et c’est la vie d’un arbre qui resurgit, à travers la grâce de son ombre. Quelques notes de Bach, et c’est la vie humaine qui revient. Ce début novembre est peut-être une période de nostalgie, au milieu des ultimes feux de l’automne. Mais il est aussi présence, intensité, puissance de la mémoire, reconnaissance d’une filiation. L’été nous exalte. L’automne, profondément, nous humanise. A nos morts, amour et reconnaissance.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • L'indépendance, oui ! Pas le repli !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 01.11.23

     

    Moins de marchés mondialisés, moins d’arrogance financière, moins de snobisme et de cocktails internationaux, davantage de Suisse, de pays profond, de valeurs telluriques, de cohésion nationale : le message principal des dernières élections fédérales, le dimanche 22 octobre, c’est la puissance de ce rééquilibrage, au sein des forces de droite, en Suisse. C’est cela, le sens profond de la victoire de l’UDC, au niveau du pays tout entier, et de son ascension à Genève, avec le MCG : l’émotion d’appartenance l’emporte sur les illusions planétaires d’un libéralisme issu des années 1990, et qui n’a tout simplement plus lieu d’être aujourd’hui.

     

    Il ne s’agit pas de se recroqueviller. Ça, c’est le verbe préféré de la droite arrogante et internationaliste, ou européiste, celle qui adore lire dans l’amour du pays une sorte de besoin corporel de retour à l’état fœtal, le bébé dans le ventre de sa Maman. Eh bien non ! Aimer son pays, ça n’est pas se replier dans les limbes, encore moins fermer les yeux, refuser de saisir ce qui se passe au-dehors. La droite conservatrice, celle qui est sortie victorieuse de urnes ce 22 octobre, n’a jamais prôné l’isolement, ni l’absence de contact avec les autres pays de la planète, ni le repli économique et commercial.

     

    Simplement, elle veut que la Suisse vive et agisse en pays libre. Indépendant. Souverain. Profondément ami de ses voisins européens, dont elle partage les racines, les langues, la culture, l’Histoire. Amie, oui, mais refusant viscéralement toute autorité de tutelle. La Suisse n’a pas vocation à devenir partie d’un ensemble. Elle entend être une nation, parmi les autres, qui décide de son destin. Son chemin démocratique à elle prime sur les décisions de juges ou de baillis étrangers. Il n’y a là aucun rejet de l’extérieur, simplement l’affirmation d’une indépendance. C’est si compliqué à comprendre ? On vous aurait à ce point lavé le cerveau, dès l’école, pour que ces choses-là, simples et de bon sens, vous paraissent si difficiles à capter ? Si c’est le cas, c’est l’école qu’il faut refaire, pas la Suisse.

     

    Car il faudra vous y faire : partout en Europe, cette droite-là, nationale et patriote, mais aussi sociale, populaire et joyeuse, une droite simple et directe, sans chichi ni salamalecs, progresse. Et puis quoi, arrêtez de passer vos vacances aux Maldives, comme des idiots. Et découvrez, comme je l’ai fait toute ma vie, la prodigieuse richesse de notre vieille Europe continentale. Visitez l’Allemagne, par exemple. Allez voir l’ex-DDR, pays passionnant, simple et sobre dans son mode de vie, attaché à de très vieilles valeurs allemandes, luthériennes pour la plupart : travail, sens du collectif, modestie matérielle, amour de la musique et de la langue. Visitez la France. Visitez l’Italie. Vous y trouverez des peuples amis, nos frères européens. Nul besoin d’adhérer au même club politique qu’eux pour nous sentir proches de ces gens. Ils aiment leur pays. Et nous aussi, nous aimons le nôtre. Nous voulons juste décider démocratiquement de notre sort.

     

    Pascal Décaillet

  • Le deuxième tour aux Etats ne m'intéresse pas

     
    Sur le vif - Lundi 30.10.23 - 10.10h
     
     
    Je le dis depuis des années : la force extraordinaire de notre démocratie en Suisse, ce sont les votations, pas les élections. Notre démocratie directe, qui saisit le peuple quatre fois par an autour des thèmes, est mille fois plus intéressante que le choix des personnes.
     
    Et, à l'intérieur de cette démocratie directe, le système de l'initiative est infiniment plus passionnant que celui du référendum. Le second se définit encore (certes pour la combattre) face à une loi votée par un Parlement. La première surgit d'un groupe de citoyennes et citoyens qui donne, un beau dimanche, rendez-vous au corps électoral tout entier. C'est le peuple qui parle au peuple, au-dessus des corps intermédiaires.
     
    Un mot, tout de même, sur les élections fédérales. Ce qui est pertinent, révélateur, c'est l'élection au National. Parce qu'elle s'exerce, depuis 1919, à la proportionnelle. C'est une élection juste et représentative, elle permet l'expression de toutes les forces politiques du pays.
     
    Je vais vous dire une chose : les gens, qui m'arrêtent constamment dans la rue pour me parler politique, de façon joyeuse, directe et vivante, ne comprennent pas pourquoi on scelle l'élection du National en un tour, un dimanche de fin octobre, mais on laisse en suspens celle des États pour trois semaines encore. On peut bien le leur expliquer, en doctes démonstrations : chaque Canton, pour les États, a sa loi électorale propre. A Genève, si on n'a pas la majorité absolue au premier tour, on remet les compteurs à zéro.
     
    Je veux bien. Mais autant l'élection au National est affaire d'idées, combat de projets, choc de visions de société, bref ce que la politique a de plus noble, de plus passionnant, autant ce second tour des États n'est que cuisine dans le pire sens du mot, concoction d'officines, coups bas, trahisons, le pire visage de la politique, celui qui justement détourne les citoyens des urnes.
     
    Le 12 novembre, je voterai. J'ai ce droit depuis le 20 juin 1978, je l'ai exercé sans discontinuer, depuis mon OUI, du fond du coeur, au nouveau Canton du Jura, le tout premier vote de ma vie, en septembre 78.
     
    Je voterai, oui. Mais cette campagne de personnes, d'égos, de visages sur des affiches, de coups de Jarnac ourdis par des chefaillons de partis madrés, ne m'intéresse absolument pas.
     
    Nous aurons ensuite, à Genève, une période de dix-sept mois sans élections, dont je me réjouis infiniment. Dix-sept mois pour oublier un peu les élus, les corps intermédiaires, les cléricatures. Dix-sept mois pour faire la politique entre nous, les citoyennes et citoyens. Non autour de la tristesse des ambitions personnelles. Mais autour des idées, de l'intérêt supérieur du collectif. Autour de notre appartenance commune à ce pays que nous aimons. Il vaut tellement mieux que les imbroglios, les combinazione. Il vaut la mobilisation enflammée de nos consciences. Et celle de nos cœurs.
     
     
    Pascal Décaillet