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Liberté - Page 822

  • AfD : le Jugement dernier, c'est si facile !

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    Sur le vif - Lundi 25.09.17 - 13.44h

     

    Insupportables réflexes moralisateurs, dans la presse romande, face à la percée de l'AfD, en Allemagne. On ne cherche pas à comprendre, à décortiquer les causes : on pointe le doigt vengeur du Jugement dernier. Das jüngste Gericht !

     

    Mais quand donc notre presse parviendra-t-elle à s'extraire de la position du prédicateur, en chaire, qui loue ce qui est juste et bon, voue à l'Enfer ce qui ne l'est pas ?

     

    On partage ou non les thèses de l'AfD, là n'est pas la question. Mais il se trouve qu'un nombre important de citoyennes et citoyens allemands, habilités à voter et auxquelles nous n'avons aucune leçon à donner, ont accordé leurs voix à ce parti.

     

    Je connais bien l'Allemagne. J'y ai passé beaucoup de temps, naguère. J'en connais l'Histoire à fond. Je me dis que, peut-être, avant de traiter en bloc de nazis les gens de l'AfD, on pourrait s'interroger sur les raisons de leur vote.

     

    Désertification économique d'une partie de l'ex-DDR (là aussi, je connais). Laissés pour compte d'une réunification qui ne fut, en fait, rien d'autre qu'une absorption de la DDR par la BRD, à coups de milliards de capitaux, pour le profit financier plutôt que pour vraiment vitaliser le tissu industriel de la Saxe et de la Prusse. Regardez les chiffres : voyez les taux obtenus par l'AfD dans l'ex-DDR !

     

    Et puis, comme déjà noté ce matin (et dénoncé ici même, au jour le jour, pendant tout l'automne 2015), la catastrophique politique migratoire de Mme Merkel, il y a deux ans.

     

    Et encore, la fin d'un système, usé jusqu'à la moelle, omnipotent depuis 1949 : celui de cette démocratie chrétienne européiste, avec son clientélisme à l'intérieur, ses rêves de Saint-Empire à l'extérieur, ses réseaux de pouvoir, ses parfums de bénitier, depuis trois quarts de siècle. Le vote d'hier, c'est le glas du binôme CDU - SPD. D'autres acteurs surgissent sur la scène politique, ce qui est parfaitement normal.

     

    Tout cela, et tant d'autres choses encore, j'aurais aimé le lire, ou l'entendre, dans la presse romande. C'est peut-être, me semble-t-il, un peu plus éclairant que les leçons de morale - et d'ignorance historique - sur le retour du nazisme.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Vive la démocratie directe !

     

    Sur le vif - Dimanche 24.09.17 - 12.53h

     

    Très heureux de la décision cantonale genevoise sur l'abaissement du nombre de signatures pour les initiatives et les référendums.

     

    Dans notre système suisse, la pierre angulaire, c'est le peuple, entendez le corps électoral : les citoyennes et citoyens.

     

    Une communauté humaine n'a rien à craindre d'une prise en charge croissante de la politique par le peuple. Non pour se substituer aux Parlements (il faudra toujours des gens pour écrire les lois et s'échiner sur les virgules). Mais pour indiquer les grandes orientations, initier des débats majeurs, et parfois (référendums) corriger les décisions législatives jugées mauvaises.

     

    Les deux partis, à Genève, qui ont cru bon de s'opposer à cette réforme n'auront finalement montré que le vieux réflexe défensif d'une caste qui, au nom de la sacro-sainte "démocratie représentative", redoute comme la peste la verticalité tellurique du suffrage universel.

     

    Vive la démocratie directe !

     

    Pascal Décaillet

     

  • DFAE : l'attente d'une rupture

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    Sur le vif - Vendredi 22.09.17 - 19.11h

     

    Rien de plus insupportable que ce discours des correspondants au Palais fédéral, métier que je connais pour l’avoir pratiqué : le nouveau ministre des Affaires étrangères, Ignazio Cassis, n’aurait qu’une infime marge de manœuvre pour s’écarter de la politique européenne de son prédécesseur. Ce discours est faux. Il suinte l’interne du sérail, l’adhésion aux pratiques de ces dernières années. Il laisse entendre que notre politique extérieure serait comme vouée à l’immuable.

     

    Ce raisonnement, c’est l’abdication de la foi en la politique, tout court. C’est le renoncement à la capacité d’une nation à affirmer ses choix, puis les mettre en œuvre. C’est faire croire que la Suisse, n’étant que l’engrenage d’un ensemble, n’aurait qu’une prise infime, voire inexistante, sur le destin. C’est une vision désespérante. Citoyen de ce pays, je la récuse, de toutes mes forces.

     

    Monsieur Cassis, n’écoutez pas ce discours. Ayez une vision, respectez les décisions du peuple suisse, celle du 9 février 2014 par exemple, mettez en avant notre cohésion nationale, affirmez la volonté du pays, et vous aurez restauré, dans le concert des nations, une politique suisse digne de ce nom.

     

    Monsieur Cassis, en politique européenne, nous avons besoin d’une rupture. Principalement, dans la tonalité. Votre prédécesseur, si préoccupé de « respect », semblait hésitant à effleurer la moindre carte d’un château dont il ne voulait surtout pas troubler la belle construction. Il était, certes, un homme de bonne volonté, mais sa gestion de l’après-9-février, et avec lui celle de l’ensemble du Conseil fédéral, a été d’un attentisme catastrophique. Le Parlement, tant bien que mal, a tenté de faire le boulot, le gouvernement n’a pas donné d’impulsion. Comme s’il était groggy.

     

    Monsieur Cassis, les citoyennes et citoyens de ce pays attendent que vous restauriez la fierté de notre pays face à l’Union européenne. Non en coupant les ponts, personne ne parle de cela. Mais en rompant avec ces intonations apeurées, gémissantes, tétanisées devant les « réactions de Bruxelles » aux décisions de notre seul véritable souverain, le peuple suisse. Si vous montrez, par quelques signaux bien sentis, dès le début de votre mandat, à l’Union européenne que notre pays est ferme dans la défense de ses décisions, vous aurez non seulement l’estime de Bruxelles, ce qui est peu de choses, mais celle, ô combien plus précieuse, du peuple suisse.

     

    Monsieur Cassis, vous avez plaidé dans la campagne pour une immigration contrôlée. Vous venez d’un canton qui, comme Genève, sait ce que peuvent signifier les flux transfrontaliers. Vous êtes un homme d’expérience, cultivé, vous parlez les langues : vous pouvez, tout en gardant sur la forme la courtoisie qui est la vôtre, devenir un grand ministre des Affaires étrangères. A cela, une condition, sine qua non : placer le peuple suisse, sa nécessité de cohésion, de justice sociale, d’attention aux équilibres internes, avant l’idée de plaire à la fausse, à l’hypocrite, à la menteuse douceur des réunions multilatérales. Dès que surgit le tragique de l’Histoire, ces pantins s’évanouissent dans la nature. Et chaque nation, chaque peuple, se retrouve seul face à son destin.

     

    Monsieur Cassis, j’ai confiance en vous, et vous souhaite plein succès dans vos activités au service de notre pays.

     

    Pascal Décaillet