Sur le vif - Jeudi 14.09.17 - 14.28h
Au début des années 1980, lorsque j'ai commencé dans le journalisme, la droite suisse, c'étaient les radicaux. Quand j'étais au Journal de Genève, on parlait de la Bahnhofstrasse comme d'un Temple de la droite la plus redoutable. L'UDC, alors, ne faisait peur à personne.
Et puis, il y a eu un tournant.
Qui, parmi nous, se souvient encore d'Otto Fischer ? Co-fondateur de l'ASIN, en 1986, à la faveur du premier débat sur l'entrée de la Suisse à l'ONU. Cet homme, que j'ai connu à Berne, n'était pas un UDC, mais... un radical.
A l'époque, la droite souverainiste, c'étaient les radicaux. Emmenés par les Zurichois.
Ça n'est qu'à la fin des années 80 que Christoph Blocher, président de la section zurichoise de l'UDC, a commencé à émerger avec visibilité nationale. Ma première interview de lui date de 1991. C'est évidemment la campagne du 6 décembre 1992, que j'ai couverte d'un bout à l'autre et dans toutes les régions du pays, qui le propulsera au firmament de la politique suisse.
Dans les années 60, 70 et 80, alors que l'UDC était plutôt de connotation agrarienne, la droite dure, la bête noire de la gauche romande, c'étaient les radicaux zurichois. Et certains Bernois, et Argoviens. Et même... certains Vaudois !
Qu'a fait Blocher ? Une captation d'héritage, simplement, sur l'aile droite et souverainiste du Grand Vieux Parti.
Et ça a marché.
Une aile importante de l'actuel PLR - une aile, en tout cas - est loin d'être étrangère, dans tout ce qu'elle a pu historiquement représenter dans la philosophie politique suisse, à l'actuelle UDC.
Cette aile, de son propre parti, votera-t-elle Maudet, dans la matinée du mercredi 20 septembre ? Dans un décompte qui promet d'être serré, nous sommes dans le "détail" qui pourrait faire pencher la balance.
Je pense que cette question est décisive. Et que rien de durable ne se construit en reniant - ou en méprisant - une partie de son propre héritage.
Cette aile, ce sera mercredi la Statue du Commandeur
Pascal Décaillet