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Liberté - Page 358

  • Le Sextuor Chiquita

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 24.03.21

     

    Pour qui les Genevois voteront-ils ce dimanche 28 mars ? Je n’en sais rien. Mais une chose est sûre : la politique des peaux de banane, jetées par le Triste Sextuor pour faire glisser Pierre Maudet, et une fois enfin obtenir sa perte, est inacceptable. Elle révèle, chez les six magistrats ayant encore un Département, ou tout au moins chez deux ou trois d’entre les six, une conception particulièrement dévoyée de l’action publique. Il faudra s’en souvenir.

     

    Dimanche 21 mars, à J-7, on pouvait lire, dans le Matin dimanche, un conseiller d’Etat anonyme dézinguant son collègue Maudet, laissant entendre qu’on lui laisserait, en cas de réélection, la portion la plus congrue possible, dans la répartition des dicastères. Inutile de dire que si Pierre Maudet est réélu, le signal du peuple sera tellement dévastateur, face aux élites et aux états-majors, que le Triste Sextuor aura sacrément intérêt à ne pas jouer au plus fin, et à montrer qu’il respecte le souverain.

     

    Parce qu’en cas de réélection, la terre tremble. Les paradigmes explosent. Le peuple siffle la fin de la récréation. Il remet à sa place ce Sextuor Chiquita, tellement spécialisé dans les peaux de banane, qu’il en oblitère les secteurs de l’Etat en souffrance, dans d’autres Départements. Par exemple, au DIP, où les directeurs et directrices du Collège de Genève, qui ne sont tout de même pas les premiers venus, se sont dits « maltraités » et « malmenés » par le Département. Mais, cela on préfère le passer sous silence. Deux poids, deux mesures.

     

    Pascal Décaillet

     

  • J'aime pas.

     
    Sur le vif - Mercredi 24.03.21 - 14.59h
     
     
    Les lascars qui distribuent, grands seigneurs, l'argent qui ne leur appartient pas, n'attirent que modérément mon estime. En un mot, j'aime pas.
     
    Conseillers d'Etat, membres de l'exécutif de la Ville, si prodigues d'épaisses enveloppes pour les "associations", et autres "collectifs" de leur clientèle électorale. J'aime pas.
     
    Pères Noël des "Fondations". Tonnes de fric, surgies on ne sait d'où, disons d'une version lessivée des Indulgences, chères à Luther. Le type déboule, costard coupé main, étoffes soyeuses, il brandit le pognon, rachète un journal, impair et passe, et puis avec le journal, il s'offre un site, pair et manque, et puis après, café noir, italien, tellement serré. J'aime pas.
     
    Pour moi, l'entreprise, ça n'est pas jouer avec l'argent des autres. Mais risquer le sien, en étant infiniment prudent. On économise, avant "d'investir". On fait tout soi-même, pour ne pas se ruiner. Y compris vitres, aspirateur. Et puis, on a la trouille. Ca fait mal au bide, mais ça vivifie l'âme. Et ça stimule l'imaginaire. Ca, oui, j'aime.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Second tour : notre système est insensé !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 24.03.21

     

    Ce second tour de l’élection complémentaire au Conseil d’Etat aura vu s’affronter quatre candidats. Ce dimanche 28 mars, les jeux seront faits, l’un des quatre sera élu. J’ignore absolument lequel, nous verrons bien. Mais je veux dire ici, de toutes mes forces, à quel point notre système électoral à deux tours, en tout cas pour une complémentaire, est déficient. Je n’entends pas remettre en cause ce scrutin-ci, on ne change pas les règles en cours de jeu. Mais à froid, une fois cette élection passée, il nous faudra à tout prix amender notre nouvelle Constitution genevoise, clairement défaillante sur cet aspect-là, tout au moins. La démocratie a besoin d’un minimum de sérieux pour être crédible et durable. On ne la parodie pas, on ne la travestit pas, impunément.

     

    La chose est simple. Si on se met en tête d’organiser, pour le choix d’un conseiller d’Etat dans une complémentaire, une élection à deux tours, alors on le fait correctement : pour le second tour, on garde les deux premiers. Les deux qui sont arrivés en tête du premier tour ! Deux ou trois semaines plus tard, on les oppose. Celui des deux qui gagne, donc qui obtient une majorité de 50% et des poussières, fera partie du gouvernement. Si on veut, à Genève, jouer les Français, en souvenir des belles années 1798-1813, alors on y va à fond ! Et on s’inspire du scrutin majoritaire, uninominal à deux tours, qui s’impose (à part de rares parenthèses) depuis la Cinquième République. Et ce jeu majoritaire, on le joue jusqu’au bout : le premier tour est ouvert, mais doit être impérativement éliminatoire. Sinon, nous avons deux premiers tours.

     

    Dans le système actuel, il y a des choses qui ne vont pas. D’abord, il n’est pas acceptable qu’une personne n’ayant pas participé au premier tour puisse, en usant de diverses ficelles liées à des noms de listes, venir s’engouffrer au deuxième tour. Je ne porte ici aucun jugement sur les qualités de cette personne, mais le procédé est de nature à ruiner le crédit de l’institution électorale. Car enfin, si n’importe qui, à Genève, peut se présenter au deuxième tour, de même qu’il peut (et c’est très bien) se présenter au premier, alors à quoi servent les deux tours ? Autant passer directement au deuxième tour ! Avec de tels stratagèmes, toute la logique des deux tours s’effondre : le premier pour s’ouvrir à la diversité, puis sélectionner. Le second, pour regrouper les forces derrière deux candidats opposés. Mais là, nous n’avons plus un premier tour, puis un deuxième. Non : nous avons deux premiers tours !

     

    Et puis, désolé, il n’est pas normal, non plus, que le quatrième du premier tour, aussi brillante fût sa campagne, puisse demeurer dans le second. Car enfin, si tout le monde reste dans la course, c’est le système qu’on ridiculise, et l’électeur avec lui. J’appelle donc le corps des citoyennes et citoyens, par la voie d’usage, sans doute celle d’une initiative, à réformer cette anomalie. Il en va du crédit de notre démocratie genevoise.

     

    Pascal Décaillet