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Liberté - Page 300

  • Thucydide, vous connaissez ?

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 02.03.22

     

    Face à une guerre, nous devons utiliser notre cerveau. Et tenter de comprendre. C’est le registre dans lequel je vous invite ici, celui qui a toujours été le mien, notamment dans le décryptage des guerres balkaniques, pendant toute la décennie 1990-2000. Cela n’empêche ni la compassion, ni l’action humanitaire. Mais avant tout, puisque nous nous targuons d’éclairer les phénomènes politiques, nous devons nous forger des clefs de compréhension. Et cet exercice-là se fait avec la tête froide, les outils de l’analyse, la connaissance historique, la prise en compte de tous les points de vue, la volonté de restituer les chaînes de causes et de conséquences.

     

    Tenez, je vous invite à une lecture. Pas facile. Austère, même. Mais totalement passionnante. Tentez de lire la Guerre du Péloponnèse, de l’historien athénien Thucydide (5ème siècle avant JC). C’est un livre difficile à lire, parce qu’il ne fait strictement aucune concession au plaisir du lecteur. Il se refuse à raconter des histoires, des anecdotes. Il restitue le conflit complexe entre les Cités grecques partisanes de Sparte, et celles d’Athènes. De façon sèche, cérébrale, il démonte les mécanismes.

     

    Dès l’âge de 18 ans, ce que j’ai retenu de cette lecture, ce ne sont pas tant les événements eux-mêmes que le génie de la méthode. Thucydide nous dit, pour faire court : « Voilà ce qui s’est passé. Voilà les causes apparentes. Et voilà les causes réelles ». Et cet homme, il y a vingt-cinq siècles, va chercher dans les besoins économiques des Cités les vraies raisons de leur participation à telle ou telle bataille. C’est Marx, deux millénaires et demi avant l’heure. C’est impitoyablement intelligent. C’est glacial de constat. C’est quelque chose de très fort. C’est un diagnostic cynique de la nature humaine, hyperréaliste. Chez Thucydide, il n’y a ni bons, ni méchants : il y a juste des intérêts en jeu, et la noirceur du pouvoir en toile de fond.

     

    Face à toute guerre, inspirons-nous de Thucydide. Avant de juger, tentons de comprendre. Pour cela, il faut étudier l’Histoire. Et cette étude ne peut en aucun cas se faire en quelques jours, ni quelques semaines, ni quelques mois. C’est le travail d’une vie. Car l’approche historique exige un long cheminement dans la complexité. Il faut s’imbiber de toutes les perspectives, à commencer par celles qui sont antagonistes. Nul ne comprendra jamais rien, par exemple, aux 132 ans de présence française en Algérie (1830-1962), sans avoir étudié en profondeur le point de vue des colons, celui des colonisés, celui des Européens, celui des Arabes, celui des Juifs, celui des Berbères, ceux des différentes factions de la résistance à la France, qui forgeront un jour le FLN. Pour cela, il faut lire, lire, et lire encore. Et plus vous lirez, mieux se révélera, dans votre cerveau, la photographie du réel, dans toute sa complexité. Et plus vous lirez, moins vous verrez les bons, ou les méchants. Et plus vous vous direz : « C’est la polyphonie de tous qui est chemin de vérité ».

     

    Pascal Décaillet

  • Ursula von der Leyen : indécence et voracité

     
    Sur le vif - Mardi 01.03.22 - 10.05h
     
     
    En proposant une adhésion immédiate de l'Ukraine à l'Union européenne, la Présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, démasque trois vérités sur les élites technocratiques de Bruxelles. Une obédience atlantiste sans faille. Une voracité d'expansion - sur le chemin de l'Otan - jusqu'aux confins les plus éloignés de l'Europe de l'Est. Un alignement sur l'expansion économique, industrielle et commerciale de l'Allemagne, depuis trente ans, en Europe centrale et orientale.
     
    Depuis trois décennies, le capitalisme allemand, moitié rhénan façon Helmut Kohl, moitié modèle américain, déferle sur les Marches de l'Est : Pologne, Tchéquie, Hongrie, Pays Baltes. La cible suivante, c'est l'Ukraine. Que ce dernier pays ne réponde en rien aux critères économiques exigés pour l'appartenance au club, n'importe pas. Le plan est d'abord de l'intégrer, et puis on y implantera, au fil du temps, les capitaux allemands.
     
    D'un côté, l'expansionnisme de l'Union européenne, sous moteur allemand. De l'autre, celui de l'Otan. Les deux démarches vont de pair. Ce petit jeu, né dans la tête des bellicistes anti-communistes américains, à partir de Reagan, et tous les autres derrière lui sauf Trump, dure depuis trente ans.
     
    Vouloir intégrer l'Ukraine au club de Bruxelles, c'est pousser un peu loin le rêve fondateur du Traité de Rome, en 1957. C'est surtout, venant d'une citoyenne allemande, en connaissant le passé de l'Ukraine et celui de l'Allemagne, un acte et une parole d'une indécence sans précédent, à ce niveau de responsabilité.
     
    Ajoutez à cela les cent milliards votés dimanche, les doigts sur la couture du pantalon, par le Bundestag, pour le réarmement national germanique. Et vous commencerez à comprendre l'existence d'un sacré acteur, en plein réveil, et qui va multiplier les signes de vitalité à l'Est ces prochaines années : l'Allemagne.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Lilliputiens

     
    Sur le vif - Mardi 01.03.22 - 07.05h
     
     
    La Suisse doit d’urgence se remilitariser fortement en armes conventionnelles. Et remettre à leur place les zombies et volapüks ne définissant le danger que par les cyber-attaques.
     
    Il y a la guerre numérique, c’est vrai, elle doit être prise très au sérieux. Mais il y a, plus que jamais, la guerre tout court. Avec les moyens traditionnels que sont les chars, l’aviation et l’infanterie.
     
    Les puissants esprits qui, voulant faire moderne, ont voulu éliminer des consciences ces moyens classiques de la guerre lourde, doivent aujourd’hui assumer leurs responsabilités.
     
    Quant aux partisans d’une Suisse sans armée, on les espère lilliputiens à force de se faire tout petits.
     
     
    Pascal Décaillet