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Liberté - Page 29

  • Parlementaires, la démocratie directe n'est pas votre affaire !

     
     
    Sur le vif - Mardi 03.09.24 - 14.07h
     
     
    S'il y a eu des abus massifs lors de récoltes de signatures, il faut évidemment sévir.
     
    Mais j'avertis : en aucun cas ces déviances, assurément condamnables, ne doivent remettre en cause notre démocratie directe. En aucun cas les adversaires de ce trésor si précieux de notre citoyenneté suisse ne doivent en profiter pour affaiblir les droits du peuple.
     
    Encore un mot : la démocratie directe est une affaire du peuple avec le peuple. En aucun cas, elle ne doit être censurée, ni même simplement amendée, par le Parlement. Oh, ils seraient si nombreux, parmi les 246, à saisir l'aubaine de cette affaire pour tenter de limiter les droits du peuple. Qu'il essaient seulement, et nous, le corps des citoyennes et citoyens de ce pays, seul souverain, nous aurons à nous faire entendre !
     
     
    Pascal Décaillet

  • La Thuringe : renseignez-vous un peu, avant de juger !

     
     
    Sur le vif - Lundi 02.09.24 - 16.24h
     
     
     
     
    Des cinq Länder de l'ex-DDR, la Thuringe est sans doute, avec le Mecklenburg-Vorpommern, celui que je connais le mieux. Alors, en ce lendemain de vote-séisme en Thuringe et en Saxe, quelques mots. Ils sont ceux d'un passionné d'Allemagne. Et, parmi la diversité folle des Allemagnes, d'un passionné de cette ex-DDR. Passionné, déjà, oh oui, du temps de l'existence de la DDR, entre 49 et 89. Le temps de ma jeunesse.
     
    C'est un mot culturel, au sens très large, que je veux ici partager avec vous. Le débat politique, sur les causes du vote AfD ou Sahra Wagenknecht en Thuringe, immigration, désert économique des petites villes en ex-DDR (alors que Berlin, Leipzig se portent plutôt bien), guerre en Ukraine, coût de la vie, coûts du chauffage, tout cela, j'en parlerai ce soir, en direct 19h dans GAC, en compagnie de mes invités.
     
    Un mot culturel, pour vous dire ma colère. Face à l'ignorance des gens d'ici, parmi lesquels pas mal de journalistes, quand ils parlent de la Thuringe. Parce que l'AfD y multiplie les tabacs électoraux, avec record battu hier dimanche (33% des voix, UN ÉLECTEUR SUR TROIS !), il est d'usage de faire passer ce Land pour un ramassis de sauvages, une horde de délaissés. Pire : le journal "de référence" en Suisse romande assume une vision pathologique du vote : il y aurait "maladie" de l'électorat, à cause de l'Ostalgie, cette fameuse nostalgie des années DDR. A propos du pays qui nous a transmis la version la plus accomplie du Romantisme, voilà le sentiment de regret, fondateur de l'intimité allemande, décrit en termes... d'anomalies médicales !
     
    Alors, pour les ignares, et j'en resterai là pour aujourd'hui, juste un ou deux rappels. La Thuringe, à laquelle il faut préférer le nom allemand de "Thüringen", c'est le pays de Bach et de Luther. Weimar, ce fut la ville européenne de la culture à la fin du 18ème siècle (Goethe, Schiller, Wieland, tant d'autres). Eisenach, c'est la ville où Luther s'est enfermé deux ans (1520-1522) dans le sublime château de la Wartburg, pour accomplir l'un des actes majeurs de la culture allemande : sa traduction de la Bible en allemand de son époque. Acte fondateur de la littérature allemande moderne ! Enfin, Weimar, ce fut, dans les années vingt, la prodigieuse aventure du Bauhaus. Le musée qui, aujourd'hui, lui est consacré, est remarquable.
     
    Alors voilà, j'ai dit que j'en resterais là pour aujourd'hui. Innombrables sont assurément les zones d'ombre de la Thuringe : le sinistre camp de Buchenwald (je l'ai visité deux fois, 1999 et 2020), à quelques minutes en voiture de Weimar. Le passé nazi. Tout ce que vous voudrez, et qui est indéniable. Mais la Thuringe, c'est aussi ce que l'Allemagne littéraire, musicale, artistique, scientifique (Iéna), spirituelle (la Réforme) a produit de mieux.
     
    À l'heure où, d'ci, on n'entend parler de ce Land que comme d'une horde en marge de toute civilisation, j'aspirais à ce que ces deux ou trois choses fussent dites. Oui, simplement dites.
     
    Pour le reste, renseignez-vous. Lisez quelques centaines de livres. Allez voir, sur place. Rassurez-vous, ils ont l'eau courante, et l'électricité.
     
    Et seulement après, si vous y tenez, jugez.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Comprendre 40 ans de DDR. Pour comprendre les cinq Länder de l'Est,aujourd'hui.

     
     
    Sur le vif - 31.08.24 - 16.36h
     
     
    "Jetzt kann zusammenwachsen, was zusammengehört" : le 10 novembre 1989, quelques heures après la chute du Mur de Berlin, dont il avait été un éblouissant Maire avant de devenir le plus grand Chancelier allemand de l'après-guerre (1969-1974), Willy Brandt résume en quelques mots saisissants la situation. En substance, "Maintenant, ce qui est du même terroir va pouvoir croître ensemble". Cette phrase, dans toutes les variantes de sa citation, hante ma mémoire, depuis 35 ans : pas un jour sans qu'elle ne surgisse dans mon esprit.
     
    En évoquant l'idée d'un terroir commun ("was zusammengehört"), à quoi fait référence Willy Brandt ? À la communauté (Gemeinschaft) d'appartenance allemande. Lui, l'homme de l'Ostpolitik, l'homme du Traité de 1970 avec la Pologne, l'homme de la génuflexion de décembre 1970 devant le Mémorial du Ghetto de Varsovie, lui l'ancien Maire de Berlin qui avait accueilli Kennedy, lui l'opposant de toujours au Troisième Reich, salue la possibilité d'un destin réinventé en commun, après 44 ans de séparation, entre Allemands de l'Est et Allemands de l'Ouest.
     
    Social-démocrate, il n'entrevoit pas cette communauté de destin avec la vulgarité gloutonne d'un Helmut Kohl, qui, sous prétexte de "Réunification", a purement et simplement phagocyté la DDR dans un système capitaliste sauvage. Tout cela, sous les applaudissements, d'une incroyable niaiserie, de voisins européens submergés par l'anticommunisme primaire que les Reagan et les Thatcher avaient fait déferler sur l'Europe. Comme si quarante ans d'Histoire de l'Allemagne de l'Est, donc quarante ans d'Histoire allemande TOUT COURT, devaient se résumer à la simple condamnation d'un régime politique, en effet caricatural. Comme si quarante années de vie associative, festive, fraternelle, culturelle (de très haut niveau !), théâtrale, musicale, littéraire, sportive, scientifique, professionnelle, syndicale, n'avaient pas, elles aussi, façonné la DDR.
     
    La sauvagerie de ce capitalisme, injecté de force par le système Kohl, sans le moindre égard pour le besoin d'Etat, de protection sociale, d'attachement à une Maison commune de l'Est, toutes choses héritées d'une conception à la fois prussienne, kantienne, hégélienne de la vie publique, mais aussi profondément bismarckienne, au nom d'un capitalisme qui n'était même plus (hélas !) rhénan, mais de la pire veine anglo-saxonne néo-libérale, on sait aujourd'hui quels en furent les dégâts, dans le tissu des cinq Länder actuels issus de l'ex-DDR : Sachsen, Thüringen, Sachsen-Anhalt, Brandenburg, Mecklenburg-Vorpommern. Sans compter Berlin.
     
    La sauvagerie du capitalisme de Kohl, ajoutée à l'ouverture inconsidérée des frontières en 2015 par Angela Merkel, tout cela crée un mélange explosif. Dont nous pourrions avoir, demain soir dimanche, une partie de la facture.
     
     
    Pascal Décaillet