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Liberté - Page 241

  • Des chars allemands en Ukraine : la puissance mnésique d'un symbole

     
    Sur le vif - Mercredi 27.04.22
     
     
    Il faut prendre la mesure de ce que représente, dans l’Histoire allemande de l’après-guerre, la livraison de chars allemands - je dis bien « de chars » - à l’Ukraine.
     
    L’Histoire des chars fait partie de l’Histoire allemande. La percée géniale des Ardennes en mai 40, ce sont les chars. Le passage de la Meuse par Rommel le 13 mai, ce sont les chars. La guerre à l’Est, dès le 22 juin 1941, ce sont les chars. Et l’un des principaux théâtres d’opérations dans cette guerre, voyage aller en 41, voyage retour en 44, c’est l’Ukraine. Le plus important choc de la Guerre à l’Est, ce ne fut pas Stalingrad, mais, six mois plus tard, la bataille de chars de Koursk, en juillet 43. Après Koursk, la Wehrmacht n’a fait que refluer.
     
    En 41, lorsque les chars allemands arrivent en Ukraine, ils sont accueillis, en maints endroits de l’Ouest du pays, comme des libérateurs. Cet élément factuel, parfaitement vérifiable, du reste largement connu, est une réalité de la guerre à l’Est. J’ai personnellement été initié à cette guerre il y a exactement cinquante ans, par un ancien combattant, chez qui j’ai passé l’été, tout au nord de l’Allemagne.
     
    Il y a donc, dans le char allemand livré à l’Ukraine, une puissante dimension symbolique. Mnésique. Pour qui connaît l’Histoire, il y a quelque chose qui parle, qui évoque. Renaissance, depuis 1989, d’une politique proprement allemande en Europe centrale et orientale. Réarmement totalement décomplexé. Budget militaire sans précédent voté par le Bundestag dès les premiers jours de la guerre en Ukraine.
     
    L’Allemagne est là, elle est de retour, elle mène sa politique à elle à l’Est, pour sauvegarder les marchés infatigablement conquis depuis la chute du Mur : Pologne, Hongrie, Pays Baltes, et bien sûr demain l’Ukraine. Là sont tous les enjeux de ce qui se passe, au-delà de Poutine, au-delà du Donbass, au-delà de Biden. Et surtout, au-delà de l’insoutenable naïveté de nos moralistes.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Le triomphe de l'illisible

     
    Sur le vif - Mardi 26.04.22 - 16.17h
     
     
    Réforme du Cycle d'orientation : deux partis du centre (ou du "ni gauche, ni droite") tiennent des positions politiquement illisibles.
     
    Mais ça tombe bien, au fond : la réforme est illisible, et l'opposition à la réforme est illisible.
     
    Tout, dans cette votation du 15 mai, est nimbé, obscurci, dérobé à l'éveil des sens. Des équations truffées d'inconnues. Une mathématique d'ombre, contre une autre.
     
    Les apparatchiks de l'école sont devenus des gestionnaires d'usine à produire du brouillard. Leurs adversaires, hélas, aussi. Désertée par la clarté, la colère des référendaires court le risque de s'évanouir dans la nuit.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Plus de deux Français sur cinq

     
    Sur le vif - Lundi 25.04.22 - 06.17h
     
     
    La victoire d’Emmanuel Macron est sans appel. L’homme est légitimé à présider la France pendant cinq nouvelles années. Je ne partage pas les idées libérales, européistes, libre-échangistes et immigrationnistes du Président réélu, mais la moindre des choses est de reconnaître le résultat très net du scrutin.
     
    L’homme est jeune, énergique, déjà expérimenté : il est, comme dans le premier vers de la Divine Comédie, au milieu du chemin de son parcours présidentiel. Il est à son apogée.
     
    La Cinquième République fonctionne. Les Français ont élu le Président. Ils vont maintenant procéder aux législatives, c’est une autre affaire, nous verrons. Nous n’avons strictement aucune idée de ce qui se passera ces cinq prochaines années. Mais nous vivons des temps difficiles, la France a besoin d’un capitaine, elle en a un. La Cinquième fonctionne, comme jamais.
     
    Hier, Marine Le Pen a porté les idées nationales, souverainistes et protectionnistes à leur plus haut niveau historique. Plus de 13 millions de voix, quelque 42%. Plus de deux Français sur cinq. Ça n’est pas une majorité, mais c’est une lame de fond.
     
    La vraie opposition, c’est elle. Inexorablement, ces dix dernières années, elle aura fait progresser les idées de sa famille politique. Elle croit à la nation, non aux conglomérats. Elle refuse toute tutelle, tout Empire. Elle a une conception très précise, révolutionnaire, des droits du peuple. Elle rejette l’impérialisme américain. Elle veut protéger l’industrie et l’agriculture françaises. Elle prône une régulation draconienne des flux migratoires. Bref, elle est aux antipodes de la politique de Macron. Il était juste que le binôme final fût cet antagonisme-là, et nul autre.
     
    Plus de deux Français sur cinq. Ils n’ont pas gagné, mais ils demeurent la force montante. Depuis des années, ils sillonnent. Ils labourent. Ils patientent. La progression de leur implantation, commune par commune, département par département, est saisissante. On est à des milliers de lieues marines des seuls effets de mode télévisuelle de tel autre candidat.
     
    Plus de deux Français sur cinq. L’Autre France est là, qui veille. Elle n’a pas dit son dernier mot.
     
     
    Pascal Décaillet