Liberté - Page 226
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La grève de trop
Sur le vif - Mardi 04.10.22 - 22.32hLa grève des fonctionnaires est une insulte de première classe, un soufflet d’esturgeons, à tous ces milliers de minuscules indépendants, à Genève, qui n’en peuvent plus de ramer pour garder la tête dehors.Une insulte à tous ceux qui triment, crachent au bassinet, n’osent jamais tomber malades, courent derrière l’ombre de leur propre vie, sans jamais la rattraper. Leurs rêves ? Pour un lambeau de ciel bleu, combien d’amertumes, de sentiment de néant, face à la vie qui va ?Cette grève laissera des cicatrices. Les classes moyennes du privé n’en peuvent plus. Un jour, elles exploseront.Pascal DécailletLien permanent Catégories : Sur le vif -
Conseil d'Etat 2023 : aucun intérêt !
Commentaire publié dans GHI - Mercredi 05.10.22
Je l’écris, ici même, depuis des années : la comédie des personnages, dans la politique genevoise, ça suffit. Journaliste et éditorialiste politique depuis bientôt quatre décennies, ayant couvert des dizaines de campagnes, dans les Communes, les Cantons et la Confédération, passionné par la chose publique, détestant qu’on parle de vie privée, me m’intéressant qu’à l’intérêt supérieur des citoyennes et citoyens, je ne peux tout simplement plus voir le jeu de miroirs des ambitions personnelles. Je ne demande à personne de partager mon point de vue, je mesure toute la part de séduction d’une mise en scène politique comme joute des champions, mais là, à Genève, je ne peux plus. Je veux des idées, des thèmes, des priorités claires, de droite comme de gauche, peu importe.
Bref, je privilégierai pour ma part, dans mes traitements, l’élection parlementaire, qui est un combat d’idées, à celle du Conseil d’Etat, qui est un combat de coqs. Et si je vous présente des dizaines de candidats, tous partis confondus, à partir de février, ce seront des postulants au Parlement. Avec, je l’espère vivement, une foule de visages nouveaux. Vous faire connaître les jeunes femmes et les jeunes hommes qui feront la politique demain, voilà un enjeu autrement plus excitant que faire tourner le manège des vieux briscards. Les débats autour des idées, je pourrais en mener, sans faiblir dans mon enthousiasme, jusqu’à mon dernier souffle. Les règlements de comptes entre requins, j’en ai soupé, comme dirait mon ami Christophe Darbellay.
Vous comprenez, le Conseil d’Etat, à Genève, plus personne n’y croit. Voilà plusieurs législatures que face à chaque équipe, on se demande si on n’a pas affaire à la pire depuis James Fazy. Mais non, la suivante pulvérise le record ! Alors, ami lecteur, je te le dis franchement : il m’est parfaitement indifférent de savoir qui va composer l’équipe 2023-2028. Bien sûr, les nouveaux candidats, pleins de fraîcheur face à l’équipe sortante lessivée, rivaliseront de mille tours pour nous faire envie. Mais je n’ai aucune illusion sur la suite. Ceux qui seront élus oublieront très vite leurs sourires, se noirciront de la malédiction du pouvoir, se retrancheront derrière des commis de basses œuvres, n’écouteront plus que leurs courtisans, et le tour sera joué ! Citoyen, je ne fais plus confiance à personne. Le pouvoir est une véritable saloperie. Il corrompt, salit, il isole, il crée des monstres.
Tout au contraire, l’élection parlementaire sera passionnante. Avec un enjeu, très clair : une majorité de droite, ou une majorité de gauche. N’écoutez pas les bobos prétentieux qui vous disent « La droite, la gauche, c’est dépassé ». Pas du tout ! C’est même, dans la Genève d’aujourd’hui, plus actuel que jamais. Pouvoir d’achat, finances, économie, fiscalité, formation, santé : un univers sépare les thèses de ces deux camps. Et le vrai pouvoir, à Genève, où se jouent les décisions finales, c’est bien le Parlement. Un choc d’idées, qu’on espère étincelantes, dans la bataille du Grand Conseil, sera autrement riche et fructueux que le triste jeu des ambitions personnelles.
Pascal Décaillet
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Notre priorité : le peuple suisse !
Commentaire publié dans GHI - Mercredi 28.09.22
On s’attendait à un plébiscite, ce fut une césure. Ce dimanche 25 septembre, le peuple suisse s’est retrouvé divisé en deux moitiés, quasiment égales, sur l’avenir de notre système de retraites. Laissons le résultat, considérons la coupure. Elle se déploie sur les vieilles lignes de fracture de notre société suisse depuis 1848. Une conception différente de l’Etat entre Romands et Alémaniques, moins maternante chez ces derniers, nourris de la philosophie économique allemande du Freisinn, le libre-arbitre, mais aussi la responsabilité individuelle, c’est quelque chose de très fort chez nos compatriotes d’Outre-Sarine. D’autres fronts de séparation aussi, en fonction du genre (on demandait tout de même aux femmes de travailler une année supplémentaire), de la situation sociale, du rapport au travail. A vrai dire, ce sont toutes les saveurs de la diversité suisse qui, ce 25 septembre, surgies d’entrailles sous-estimées par les titulaires de la parole, ont remonté à la surface. Les chercheurs, ces prochains temps, nous établiront une radiographie précise de cette carte électorale.
Ce verdict du peuple impose au monde politique quelques leçons. Et notamment à la droite suisse, qui ne doit définitivement plus être l’otage des ultra-libéraux. Elle doit se construire sur d’autres valeurs que celles du profit financier. Elle doit prendre en compte la nation. La patrie. La cohésion sociale de tout un peuple, dans sa diversité. Surtout, elle doit avoir, en absolue priorité, le souci de ce peuple, et la gauche aussi bien sûr ! Le souci du peuple suisse !
La souffrance exprimée par le résultat si serré du 25 septembre nous dit une chose : l’irrépressible nécessité de mettre en avant partout, dans les projets politiques, mais aussi dans l’organisation du discours, les questions sociales, plutôt que se focaliser sur l’écume des modes, incarnée par le « sociétal ». Le social, c’est ce qui touche l’ensemble de nos compatriotes, à commencer par les plus précaires : les retraites, les primes d’assurance-maladie, les frais dentaires, le prix des médicaments, celui des énergies de chauffage, celui de l’essence, celui de l’électricité. Les loyers. Les taxes. Les impôts. Le reste, nous le laisserons volontiers aux chercheurs d’extrême-gauche à l’Université de Lausanne, omniprésents sur les antennes de la RTS, et la presse bobo.
J’ai écrit quelques lignes, dimanche à vif, sur mon blog, à propos de l’unité de notre pays. C’est, à mes yeux, la question essentielle de ce dimanche de votations. Elle n’est pas mise en péril par la diversité, ni le fracas des antagonismes. Nous sommes un peuple largement assez adulte, sur le plan politique, pour intégrer cette complexité. Non. Le vrai danger serait que le peuple ne soit plus écouté, c’est déjà parfois le cas. Ou que les hommes et femmes politiques, tous partis confondus, ne montent à Berne que pour défendre des factions. Le vrai danger, ce serait perdre de vue ce qui doit être au centre géométrique de nos priorités : les intérêts vitaux du peuple suisse.
Pascal Décaillet
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