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Liberté - Page 226

  • Mort de Napoléon ? Le climat, bien sûr !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 08.06.22

     

    Sexe des anges ? Vie après la mort ? Causes de la Grande Guerre ? Affaire du Courrier de Lyon ? Innocence ou culpabilité du Capitaine Dreyfus ? Empoisonnement ou mort naturelle de Napoléon ? Hitler s’est-il enfui en Argentine, dans un U-Boot, fin avril 45, et il aurait vécu encore trente ans comme épicier bio dans un faubourg de Buenos-Aires ? Vous pouvez les lancer sur n’importe quel sujet, les Verts détiennent l’universelle clef d’explication : la transition énergétique. Ces deux mots, ou encore, « urgence climatique », sont l’alpha et l’oméga de tout leur discours. Le « topos », entendez le passage obligé, incontournable. On doit accepter le rite initiatique, accéder par lui à la connaissance. Que nul n’entre ici, s’il n’est géomètre du climat.

     

    Une belle détermination ? C’est une manière de voir les choses. L’opiniâtreté, en politique, est certes une vertu. Mais la focalisation monomaniaque sur un seul thème, dans un domaine éminemment pluriel, peut tout autant se retourner méchamment contre ses auteurs, et finir par détourner une bonne partie de l’électorat. Par effet de fatigue. De saturation. D’exaspération. Or justement, de premiers signaux commencent à poindre, montrant une amorce de lassitude du public. L’ineffable affaire de la consommation de viande interdite aux élus Verts, lorsqu’ils mangent en public (chez eux, à l’abri des regards, ils peuvent baffrer à souhait du Chateaubriand, sauce persillée à la crème), en a été le révélateur le plus éclatant, à la fois tragique et croquignol, désespérant et bouffon. Il a fait hurler de rire la République. Ça fait du bien.

     

    Mais une partie des gens commencent à en avoir marre. Y compris des sympathisants des Verts, partageant le légitime combat de cette famille politique pour le respect de l’environnement. Mais ne supportant plus cette liturgie, ce martèlement répété à l’infini, cette application systématique d’une grille de lecture, une seule, à l’ensemble des politiques publiques. Il n’est pas exclu, dans les dix-huit mois qui viennent, que les Verts reçoivent du peuple l’addition pour ce rapport obsessionnel à certains outils de langage, toujours les mêmes. En termes électoraux, cela pourrait être une soustraction.

     

    Prenez l’Histoire politique, depuis 1848. Il y en a eu, en Suisse, en France, des éruptions monothématiques : le Général Boulanger dans les années 1880, la percée poujadiste aux législatives de 1956, les Ligues de vertu. Nulle d’entre elles n’a duré. Dans la Suisse de 2022, les citoyennes et citoyens sont exigeants. Ils attendent d’un parti politique, pour peu que ces derniers soient nécessaires, une orientation généraliste, ouverte, sur l’ensemble des problèmes de la Cité. Et un catalogue de réponses nuancé, en fonction des objectifs. Le parti des Verts est capable de cet universalisme de pensée, il l’a montré ces dernières années, avec des élus compétents. S’il veut éviter de se voir plumer aux prochaines échéances électorales, il a intérêt à revenir à cet humanisme. Et laisser au vestiaire, ou dans la sacristie, les invocations liturgiques. Laissons-les aux clercs. Soyons dans la Cité, laissons à d’autres les mots du Temple.

     

    Pascal Décaillet

  • Congestion programmée : allez vous faire voir !

     
    Sur le vif - Vendredi 03.06.22 - 10.28h
     
     
    Hallucinant communiqué de la police, qui nous annonce une semaine d'enfer à Genève, du 9 au 15 juin. Conférence ministérielle de l'OMC. Grève des femmes le 14. Deux matchs internationaux à la Praille. Et j'en oublie !
     
    Ce communiqué est un scandale. Non de la part de la police, qui n'y peut rien et exécute les ordres. Mais du Conseil d'Etat : c'est justement son rôle et sa mission d'avoir, en amont, une coordination intelligente des événements, en accepter certains, renoncer à d'autres, pour éviter ce genre de catapultage. Là, on se contente de prendre acte. On a dit oui à tout. La circulation va être un enfer. C'est comme ça, que voulez-vous ?
     
    Les premiers à qui le Conseil d'Etat doit rendre des comptes, ce ne sont pas les snobinards de la Genève internationale. Ni le lobby des grands intérêts financiers sportifs. Ni les innombrables créateurs "d'événements" privés. Mais le peuple de Genève. A commencer par les citoyennes et citoyens, de qui tout procède, exécutif en premier lieu. Mais aussi, les contribuables. Les braves gens, qui se lèvent le matin pour aller bosser. Engraissent avec leurs impôts la pieuvre tentaculaire de l'Etat cantonal le plus dispendieux de Suisse. Et ont droit à une circulation fluide, pour tous les modes de transports.
     
    Ce communiqué, qui met les cochons de payeurs devant le fait accompli et leur annonce le pire comme une chose naturelle, est tout simplement inacceptable.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Lueurs d'une vie et Grand Soir

     
    Sur le vif - Jeudi 02.06.22 - 14.15h
     
     
    Le Parti Suisse du Travail publie à l'instant un remarquable document sur les questions absolument capitales de la vie chère et du pouvoir d'achat. Inflation, salaires, retraites, prix des denrées de base, loyers, et bien sûr les primes d'assurance-maladie. Cinq pages d'un diagnostic précis, clinique, documenté.
     
    On partage ou non les remèdes proposés par le Parti du Travail, mais le constat est posé. Et surtout, la priorité politique est établie. Il se trouve qu'elle correspond, contrairement au délire sociétal d'autres milieux, à la préoccupation no 1 de nos compatriotes.
     
    Je ne suis pas communiste. Mais, depuis l'enfance, j'ai toujours eu infiniment plus de respect pour les militants communistes dans nos pays, en Suisse, en France, en Italie, que pour une certaine autre gauche, petits bourgeois révoltés de 68, groupuscules libertariens, et aujourd'hui les bobos et les obsédés des questions sociétales.
     
    La chute du Mur a été dévastatrice pour l'image communiste dans le monde. Le rachat glouton de la DDR par Kohl s'est opéré de manière honteuse, humiliante pour cette autre Allemagne, chère à mon coeur à mon cerveau, qui avait été obligée d'embrasser un système communiste en 49, étant tombée quatre ans plus tôt dans la zone d'occupation soviétique : croyez-vous qu'ils ont eu le choix ? Et Dresde, rasée par les gentils Britanniques les 13 et 14 février 1945 dans le bombardement conventionnel le plus meurtrier de toute l’Histoire, qui l’a reconstruite ? Alors, dans cette autre Allemagne, régime détestable, police politique, certes, il n'est pas question de nier cela. Mais très haut niveau de prestations sociales, de sciences, de culture. Tout cela, parfaitement ignoré ici à cause de la propagande américaine, méritera un jour d'être dit, rétabli. J'ai connu ce pays, je m'y rends encore, régulièrement, ce sont la Prusse, la Saxe et la Thuringe historiques, une Allemagne extraordinaire, celle de Luther, de Bach, de Haendel, de Kleist, de Kant, des dernières années de Brecht, de Heiner Müller, de Christa Wolf.
     
    Alors voilà, moi qui n'ai jamais été communiste, il se trouve que je n'ai jamais, non plus, fait partie des anti maladifs, je veux parler des cinglés du maccarthysme, des manipulés de la CIA, de certains ultras Bavarois pas encore remis de la République des Conseils en 1919, des papistes noirs de la Democrazia Cristiana, des libertaires soixante-huitards devenus ultra-libéraux. Et de toute une frange de pensée qui a besoin d'un Grand Satan. La vision, en un mot, de nos chers amis américains. Ceux qui nous veulent tant de bien.
     
     
    Pascal Décaillet