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Liberté - Page 225

  • Dies irae, dies illa

     
    Sur le vif - 09.06.22 - 08.12h
     
     
    La Suisse va commettre cet après-midi une erreur historique. Notre petit pays, neutre et indépendant, fier de sa souveraineté, n’a strictement rien à aller fabriquer au Conseil de sécurité de l’ONU. La plupart des gens vous disent le contraire. Eh bien moi, je vous dis cela. Parce que c’est ma conviction de patriote et de citoyen.
     
    L’ONU n’a rien de l’organisation mondiale qu’elle prétend être. La langue dominante en est l’anglais. Elle a été fondée, juste après la guerre, sous influence américaine. Elle a servi de paravent, dans des expéditions portant sa bannière, à des croisades de l’Oncle Sam. À la vérité, malgré la petite chanson pseudo-planétaire, l’ONU est au service de la première puissance mondiale. Ce sont eux qui mènent la barque. La représentation de chaque pays ne sert qu’à blanchir l’impérialisme américain.
     
    La Suisse n’a rien à faire dans cette Cour des grands, le Conseil de sécurité, qui est une Cour des fauves. Qu’on y laisse entre eux les prédateurs de ce monde.
     
    Nous avons un rôle international à jouer, celui de la paix, celui de l’humanitaire, celui de la médiation, celui du dialogue et de la négociation. Mais pas nous pavaner dans le jeu de miroirs des grands vautours.
     
    Et puis, dans ce Brumaire du passage en force, il y a le plus grave : on s’est arrangé, en haut lieu, y compris au Parlement, pour ne surtout pas consulter le seul souverain qui vaille dans notre pays, et qui s’appelle le peuple. Pour une décision majeure de notre destin national, on combine et on bricole sans son aval. Ce coup de majesté de nos élites porte une tache indélébile. Il parachève le discrédit de la classe politique et des corps intermédiaires. Et laisse, dans l’âme des patriotes, une colère d’ébène. Un jour, elle se rappellera à notre bon souvenir. Dies irae, dies illa.
     
     
    Pascal Décaillet

     
  • Hors-sujet

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 08.06.22

     

    Le piratage de tout discours par la récurrence virale de mots-valises, du style « urgence climatique », ou « transition énergétique » sévit, hélas, au plus haut niveau de la politique genevoise. Chez une personne intelligente et respectable, Mme Fischer, ministre cantonale de l’Economie. C’est dommage, infiniment : les lumières de l’esprit méritent mieux que de s’accrocher désespérément aux mêmes outils lexicaux, toujours recommencés.

    Dernier exemple en date, la fameuse interview de la magistrate, dans la Matinale radio de la RTS, ce mardi 31 mai. On en a tous retenu l’annonce en direct, par mes confrères, de la fusion Firmenich-DSM, et la Conseillère d’Etat qui affirmait ne pas être au courant. Fort bien. Mais l’essentiel, au fond, n’est pas là. Il est dans la grande interview elle-même, quelques minutes auparavant.

    En un mot, mes confrères et sœurs tentent d’obtenir de la ministre des priorités motrices, enthousiasmantes, pour relancer l’économie genevoise. Las ! Tout le dispositif argumentaire du Conseil d’Etat genevois se trouve réduit, dans la réponse, à la seule question de la « transition » écologique.

    On veut bien que les entrepreneurs genevois fassent un effort dans ce sens. Mais diable ! Ils ne se lèvent pas, le matin, dans la seule jouissance d’aller poser des panneaux solaires sur les toits de leurs boîtes. L’essentiel de l’économie, la raison première d’une entreprise, la sève de l’aventure, ça n’est pas de faire Vert. A cet égard, le discours monothématique de la ministre apparaît comme terriblement décevant. Réducteur. Et, finalement, hors-sujet.

     

    Pascal Décaillet

     

  • La Bonne Chanson

     
    Sur le vif - Mercredi 08.06.22 - 12.56h
     
     
    Dans le 12.30h RSR, le correspondant à Fribourg, mon confrère Fabrice Gaudiano, s'étonne à juste titre que le gouvernement de son Canton, pourtant composé de 5 élus de droite sur 7, annonce une politique de gauche pour les prochaines années.
     
    Le phénomène est partout. A Genève, le discours d'une partie de la droite se trouve comme phagocyté par les thèmes de la gauche. A commencer - c'était le sujet de notre débat hier soir - par la liturgie verbale des Verts. Avant même l'élection complémentaire, lorsque le gouvernement était encore officiellement à droite, le délire climatique avait déjà submergé les consciences, transformé les mots, par l'alchimie du conformisme, du convenable, la peur de déplaire, la génuflexion sur l'autel de l'opinion publique. Tout cela, par la conversion d'un homme : l'actuel ministre de la Mobilité. Damas, sur Rhône.
     
    En France, en Suisse, en Allemagne, jamais la gauche n'a été aussi faible en poids électoral. Mais son discours demeure, comme des bribes du catéchisme de nos enfances. Quelques fragments de l'acte de foi, quelques haillons déchirés de l'acte de contrition. Du dérisoire. Peut-être. Mais toujours ce poids des mots, ces éternels revenants. On ne sait plus trop ce qu'ils recouvrent, on murmure juste les syllabes, comme d'ultimes reliquats de la prière.
     
    La gauche est faible, ces temps. Mais l'écho de ses incantations nous habite encore. Au plus haut niveau, celui du pouvoir, jusque dans des familles qui ne lui doivent rien, elle nous poursuit de sa petite musique. Nous sommes des êtres bien fragiles. Nous colportons des vocables, nous reproduisons des notes, des soupirs. De génération en génération, nous fredonnons la petite chanson. Allez, disons, avec le grand Verlaine : La Bonne Chanson.
     
     
    Pascal Décaillet