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Liberté - Page 221

  • Conseil d'Etat : la dérive autoritaire

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 26.10.22

     

    Pourquoi diable s’embêter à affronter le Parlement, alors qu’on peut gouverner par ordonnances ? Cette question centrale, rêve inavoué de tous les exécutifs du monde, le Conseil d’Etat genevois l’a résolue à sa manière. Par la grâce d’un ministre, celui des Transports, M. Dal Busco. Sur le sujet hypersensible des zones à 30 km/h, le magistrat ne s’est pas embarrassé d’un texte à ratifier par les élus du peuple, il y est allé par la voie d’un arrêté de son Département, et vogue la galère ! En France, cela s’appelle le 49.3 : dans ce pays où le Parlement a toujours été malmené par l’exécutif (sauf sous les Troisième et Quatrième Républiques), c’est l’article qu’on brandit lorsque les discutailleries des députés nous fatiguent. Alors, on promulgue. Certes, on risque la Motion de censure, mais on a préparé ses arrières : on sait que l’Assemblée n’ira pas jusqu’à provoquer la chute du gouvernement. Michel Rocard, entre 1988 et 1991, avait excellé dans cette partie de saute-moutons sur le dos des élus du peuple.

     

    Dans notre démocratie suisse, les choses ne se passent pas comme cela. Le Parlement, à Genève, est le premier pouvoir. C’est lui qui contrôle l’activité du gouvernement et de l’administration. Il peut leur taper sur les doigts, les remettre à l’ordre, notamment dans la Commission de Contrôle de gestion du Grand Conseil. Dans les cas graves, on crée même une Commission d’enquête parlementaire. Malgré ce statut historique du législatif, M, Dal Busco n’a pas craint de gouverner par ordonnance. Ça passe mal. La droite fulmine, notamment le PLR, hors de lui. Sympathique ambiance au sein de l’Entente (existe-t-elle encore ?), à quelques mois des élections !

     

    Le ministre des Transports, au demeurant le meilleur des hommes, n’est pas le seul à se raidir dans l’exercice du pouvoir. La crise du Covid est passée par là, l’exécutif a pris des habitudes, il a exercé un pouvoir d’exception, certains y ont manifestement pris goût. Dire que le Parlement a été mis de côté pendant ces longs mois de pandémie, c’est soulever une évidence. Le plus étonnant n’étant pas, d’ailleurs, les habitudes autoritaires du pouvoir, mais la résignation des députés, semblant trouver normal que la vie politique du Canton, pendant toute cette période, se fût déroulée sans eux. Face à une telle léthargie des élus du peuple, pourquoi les ministres se seraient-ils gênés, après tout ?

     

    Il y a pire. Au Grand Conseil, il arrive de plus en plus souvent que des Conseillers d’Etat se permettent de faire la leçon aux députés, quand ils ne leur passent pas franchement une bordée. C’est totalement inadmissible. Au Parlement, un magistrat n’est pas chez lui. Il est face à la représentation populaire, il lui doit des comptes, il n’est en rien autorisé à la sermonner. Mais le plus surréaliste, c’est lorsque des députés, par groupes entiers, se mettent à applaudir la leçon de morale d’un ministre qui se croit dans son bureau, face à ses subordonnés ! Avec de tels godillots, tout juste bons à servir de groupie à « leur » magistrat, l’arrogance du pouvoir exécutif, à Genève, a encore de magnifiques jours devant elle.

     

    Pascal Décaillet

  • Flambeurs, raus !

     
    Sur le vif - Vendredi 21.10.22 - 09.29h
     
     
    En aucun cas les contribuables, déjà tondus jusqu’à l’os à Genève, n’ont à financer « le virage vert des entreprises » ! La politique de Mme Fischer, c’est tenter de plaire aux entrepreneurs en puisant dans l’argent du peuple. C’est inadmissible. Et c’est à combattre politiquement avec férocité. Que les magistrats financent leurs rêves de réélection autrement qu’avec nos deniers.
     
    La prochaine grande secousse sociale en Suisse, digne de novembre 1918, viendra des classes moyennes laborieuses, ceux qui triment et ne peuvent rien garder pour eux, parce que l’Etat-Moloch leur fauche tout. Les petits indépendants, par exemple.
     
    Il nous faut élire, dans la prochaine équipe gouvernementale, sept personnes économes, prudentes, respectant chaque centime du contribuable, connaissant l’entreprise. Soucieuses de l’environnement, oui, mais qui nous lâchent les baskets avec leurs rêves mégalomanes et délirants de milliards du peuple investis dans le miroir aux alouettes de la « transition verte ». Le Veau d’or moderne. On veut créer à Genève les conditions d’une nouvelle Affaire Stavisky ?
     
    L’Etat, oui. Sans État, c’est la jungle, la loi du plus fort. Mais un État recentré sur ses missions régaliennes. Pas un voleur de l’argent du peuple, pour le dilapider dans un Monopoly de démagogie futuriste.
     
    En deux mots : flambeurs, raus !
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Préférer la joie, toujours

     
    Sur le vif - Mercredi 19.10.22 - 16.51h
     
     
    Par ma nature solitaire et ma haine des foules, je ne suis pas franchement un cinglé des Fan Zones. Ni du football. Mais enfin, des milliards d'humains adorent ce sport, il y a un Mondial, il a beau se dérouler au Qatar, nos contemporains ont le droit de s'y intéresser. Pendant ce temps, j'écoute de la musique sur Mezzo, je lis, je visionne des archives sur l'Histoire allemande. J'ai besoin d'intimité dans l'existence, chacun ses limites. Chacun fait de sa vie ce qu'il veut.
     
    La gauche morale finira par tuer la gauche. Tuer quelle gauche ? Mais la seule qui vaille, pardi ! La gauche avec le sens de l'Etat, de la communauté nationale, de la cohésion de tous. La gauche qui se bat pour la justice sociale.
     
    La gauche morale, tellement représentée à Genève, c'est celle qui veut prêcher, confesser, interdire, punir, damner. Elle est devenue pire que les pires clercs, toutes religions confondues, des pires époques. Elle n'aime ni la vie, ni la joie. Dans la magie du Psaume, elle préfère la colère vengeresse à la puissance musicale de la syllabe. Elle édicte. Elle promulgue. Elle met à l'index. Elle excite la meute. Elle indique la nature du péché. Elle désigne le coupable. Elle dresse la liste des proscrits. Elle affiche la sentence. Elle punit. Ah, les braves gens !
     
    Je déteste les foules. Je n'ai, de ma vie, jamais mis les pieds dans une fan zone. Je ne soutiens en rien le régime du Qatar, sa manière de traiter ses ouvriers, ses aberrations face à l'environnement. Mais j'aime la liberté. J'aime que des contemporains soient heureux de se réjouir d'un match. Je préfère Bartók, Debussy ou Rameau. Mais chacun est libre, bordel ! Libre d'aimer le foot, même venant du Qatar. Libre de ses joies. Libre de ses passions.
     
    La gauche morale finira par tuer la gauche. Je devrais m'en réjouir, au fond. Mais quelque chose en moi, une petite voix, m'incite à préférer la joie. Celle de Schiller. Celle de Beethoven. Celle d'un supporter, au moment du but. Celle de tout humain qui s'arrache, même furtivement, à la banalité du monde.
     
     
    Pascal Décaillet