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Liberté - Page 230

  • Budget : aux oubliettes !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 21.09.22

     

    420 millions de déficit, et pourtant 488 nouveaux postes de fonctionnaires à créer ! La catastrophe portée en elle-même par le projet de budget 2023 du Canton de Genève, c’est le choc de ces deux chiffres. L’oxymore. Le choc des contraires. Le jet d’électrons, celui qui fait boum.

     

    Ce budget, officiellement « du Conseil d’Etat », c’est évidemment celui de la majorité gouvernementale de gauche : quatre ministres sur sept, deux Verts et deux socialistes. Collégiale à souhait, femme d’Etat dans son calme face à la tempête, Nathalie Fontanet présente les chiffres à l’opinion publique, assume, même si on imagine assez facilement sa désapprobation, en son for.

     

    Car ce budget de gauche est une provocation, il n’y a pas d’autre mot. Quand on plonge à ce point dans les chiffres rouges, pour mille raisons (dont certaines avouables : Covid, accueil des réfugiés), on ne vient pas demander la création de 488 nouveaux postes ! Chacun de nous tient le budget de son ménage. Certains d’entre nous (j’en fais partie) doivent boucler celui de leur entreprise. Une règle est simple : on ne dépense pas ce qu’on ne possède pas !

     

    Je suis formel : pas un seul centime d’emprunt, ni de dette, c’est le début de la fin. Je vieux bien passer pour un vieux ringard, timoré, recroquevillé, envoyez-moi les mots d’oiseau que vous voudrez, c’est ma conception de la gestion. Et une chose est sûre : réclamer 488 nouveaux postes quand on affiche un déficit de 420 millions, c’est avoir perdu tout sens de la mesure. En l’état, ce budget doit être jeté aux oubliettes.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Ces libéraux qui vont tuer la droite

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 21.09.22

     

    Le marché, le marché, le marché. L’incantation, dès le début années 1990, il y a trente ans donc, des ultra-libéraux. Cette petite coterie d’inspiration anglo-saxonne, ne jurant que par la réussite individuelle, le pouvoir de l’argent, la primauté de la finance sur l’économie, la jouissance ludique de la spéculation boursière. D’inspiration reaganienne, thatchérienne, allant puiser dans les moins avouables pulsions de ces deux traditions, ces petits marquis, à la fois libertaires et boursicoteurs, se sont mis, il y a trente ans, à nous faire la leçon. Ignares de l’Histoire, de sa dimension tragique, ils considéraient la chute du Mur de Berlin (9 novembre 1989) comme l’ouverture d’une nouvelle ère, la fin de l’Histoire justement, le triomphe du capitalisme dans sa pire version, qui n'est certainement pas rhénane, mais londonienne ou new-yorkaise. Eux-mêmes se définissaient comme cosmopolites, citoyens du monde, dégagés des racines nationales, libérés des patries.

     

    Aujourd’hui, la chansonnette de ces quelques drôles s’est certes un peu atténuée, tant ils ont accumulé les défaites, la crise de 2008 au premier rang d’entre elles. Mais tout de même, certains d’entre eux sont encore parmi nous. Je n’incrimine pas ici le libéralisme suisse romand, qui a donné aux Cantons de Genève, Vaud et Neuchâtel de grandes figures, comme mon ancien professeur Olivier Reverdin. Nous avons, à Genève, avec des gens comme Cyril Aellen, Bertrand Reich, et plein d’autres, des libéraux cultivés, humanistes, pétris des grandes valeurs qui ont forgé nos sociétés d’Europe continentale. La Réforme n’est pas la moindre. Ni la pensée des Lumières, avec ce qu’elle charrie de responsabilité individuelle, et de réflexion personnelle sur le monde. Non, bien sûr, je parle, dans ma charge, des ultras, les déracinés, les incultes, les anti-Etat par principe, les tétanisés du profit facile, immédiat.

     

    Car ces zigomars, si le reste de la droite les laisse faire, vont finir par la tuer. Le champ de leurs dégâts, en trois décennies, est considérable. La gauche, en face, a profité de réduire à leurs seuls excès l’image même de toute la droite. Elle a piraté le monopole du discours sur l’Etat, la solidarité. Et l’UDC, de l’autre côté, a capté pour elle le monopole des thèmes de la patrie, la nation, la souveraineté, l’indépendance. Le parti radical, le grand parti qui a fait la Suisse moderne, a collé le mot « libéral » à son blason, il n’est pas sûr qu’il en sorte gagnant. Car les ultras, les surexcités de la privatisation, ont tout dévasté sur leur passage. Ils ont ruiné l’image de la droite suisse. Ils ont fait oublier à quel point cette dernière était plurielle, passionnante, souvent très attachée à l’Etat, au service public, à la patrie, à la souveraineté de notre pays. La seule chose qu’on a vu à droite, pendant trente ans, c’était les cinglés du marché. Jusqu’à Berne, ils ont fait des dégâts. Il appartient aujourd’hui à la droite suisse de faire le ménage dans ses rangs, rétablir le sens de l’Etat, la primauté du politique. Sinon, c’est la droite elle-même qui disparaîtra.

     

    Pascal Décaillet

  • La nation, fille aînée de l'instinct

     
    Sur le vif - Mardi 20.09.22 - 15.19h
     
     
    Depuis l'adolescence, je défends la nation. Je ne l'idéalise pas. Je ne la déifie pas. Je ne réclame pour elle ni culte, ni liturgie. J'exprime, avec les outils de la raison, ce qui m'amène, lecteur de Michelet, Péguy, Barrès, Maurras, Emmanuel Mounier, Fichte, à placer l'idée nationale au centre de ma réflexion politique.
     
    Il ne s'agit pas d'organiser des cortèges avec des flambeaux : j'ai dit, nulle liturgie. Ni d'exprimer - cela serait contraire à toutes mes valeurs - une quelconque préférence dans l'ordre de l'ethnie, ou d'une quelconque appartenance communautaire. Non, la nation, c'est justement ce qui dépasse cela.
     
    Il ne s'agit pas, non plus, d'abreuver nos sillons. Je suis citoyen suisse, d'origine valaisanne aussi loin que remontent mes arbres généalogiques, paternels et maternels, je vis à Genève où je me sens fort bien, je suis donc suisse depuis 207 ans, et auparavant, avant 1815, j'aurais été, tout simplement, Valaisan. Cette ascendance, la profonde conscience que j'en ai, ne m'incline, croyez-moi, à aucun sentiment belliciste, aucune espèce de rejet, aucune envie de prendre les armes, si ce n'est pour défendre notre Suisse.
     
    Mais je crois en la nation. Mes sources, vous les connaissez. La France révolutionnaire, celle des Soldats de l'An II, pas celle de la Terreur. L'Allemagne des années 1770 à 1820, Sturm und Drang, débuts du Romantisme, découverte et réinterprétation des textes grecs, naissance de l'idée de nation chez le philosophe Fichte, avec ses conférences en plein Berlin occupé par les Français (décembre 1807), Discours à la Nation allemande, redécouverte des mots allemands par les Frères Grimm. J'ai beaucoup écrit sur tout cela, s'il vous arrive de me lire : c'est la période de l'Histoire allemande qui m'occupe le plus.
     
    Je dis que l'idée nationale est moderne. Partout en Europe, elle revient. Les peuples retrouvent le besoin de s'inscrire dans un périmètre, un horizon d'attente, intellectuel et spirituel, linguistique aussi, une communauté de mémoire, un rapport avec les ancêtres, les oeuvres, les écrits, les musiques. La nation, loin de se résumer à des défilés militaires (ça, c'est l'image caricaturale que cherchent à donner ses ennemis), c'est une commune macération de tout cela. C'est lent, c'est puissant, c'est prenant, ça vient d'en bas, ça surgit des racines, de la terre, ça n'a rien de céleste, rien d’intellectuel, rien de démonstratif, rien de la perfection d'une Horlogerie, la grande chimère des Lumières. La nation est fille aînée de l'instinct.
     
    Partout, l'idée nationale revient. En France. En Italie (prochain test grandeur nature, ce dimanche 25 septembre). Dans les pays d'Europe centrale et orientale. Contrairement à ce que vous radotent les libéraux-libertaires, ou les dogmatique de gauche, ce ne sont pas les années trente qui reviennent. D'ailleurs, rien ne revient. L'idée nationale est moderne. Tournée vers l'avenir.
     
    La nation inventera, dans les différents pays, en fonction du génie propre de chacun, de son Histoire, de sa relation aux grands mythes, aux récits, des solutions pour affronter les défis de demain. Elle étonnera par sa capacité inventive, son courage à défendre les petits contre les géants, son audace à ne pas se décoiffer, ni s'incliner, devant le premier émissaire du pouvoir mondialisé, celui qui nivelle, celui qui rabaisse, celui qui corrompt, celui qui humilie les peuples.
     
    La nation est moderne. Elle rassemble, à l'intérieur d'un périmètre. Face aux ogres de puissance, face au pouvoir de l'Argent spéculé, elle fixe des limites. Elle définit son espace de liberté. Elle est une piste d’affranchissement, pour nos sociétés humaines.
     
     
    Pascal Décaillet