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Liberté - Page 171

  • Ce qui monte en Allemagne

     
    Sur le vif - Mardi 06.06.23
     
     
    En Allemagne, l’AfD fait jeu égal avec le SPD, parti historique et fondateur de l’Allemagne moderne, le parti de Willy Brandt, et de sa très pâle copie atlantiste, Olaf Scholz
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    Ce qui monte en Allemagne, c’est l’opposition à la guerre en Ukraine. L’opposition à l’obédience derrière les faucons bellicistes de Washington.
     
    Ce qui monte en Allemagne, au-delà de la question ukrainienne, c’est l’idée allemande, tout court. L’Allemagne, comme grande puissance souveraine, la moins liée possible à des conglomérats supranationaux.
     
    Ce qui monte en Allemagne, c’est le rejet de la conception de Saint-Empire, défendue après 1945 par le Rhénan Adenauer, puis le Rhénan Kohl. Cette vision d’une Allemagne acceptant une tutelle européenne, comme les Électeurs avant 1806 acceptaient l’ultime arbitrage d’un Empereur, est en perte de vitesse.
     
    La vision des Rhénans, issus de Rome et du catholicisme, historiquement façonnés par la présence des légions romaines, puis des premiers diocèses, n’est de loin pas celle de toutes les Allemagnes. Elle n’est pas celle de la Prusse historique, qui regroupe aujourd’hui le Brandebourg et le Mecklenburg-Vorpommern, les bastions du grand Frédéric II (1740-1786).
     
    L’idée allemande, celle que les Allemagnes se forgent du pays tout entier, varie selon l’Histoire. Elle oscille entre la conception rhénane, intégratrice, tournée vers la France, et l’ambition d’une Allemagne ne comptant que sur sa volonté nationale propre. Ce mouvement de balancier a toujours existé.
     
    La montée de l’AfD, c’est dans ce contexte-là qu’il faut l’inscrire. Celui des mouvements lents, tectoniques, d’un pays en pleine recherche de son destin. La grande puissance montante, aujourd’hui, en Europe. Passionnante, dans sa complexité, ses contradictions, sa vitalité intellectuelle, la richesse et le foisonnement de sa langue, de sa culture. Le pays de Luther et de Brecht.
     
    Le pays dont tout dépend, plus que jamais, sur le continent européen.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • La Suisse n'est pas le 51ème Etat américain !

     
     
    Sur le vif - Lundi 05.06.23 - 15.58h
     
     
    Strictement rien ne justifie, en plein conflit, la prise de parole de l'un des chefs d'Etat belligérants devant le Parlement suisse.
     
    La politique, ça n'est pas la morale. La mission de la Suisse, ça n'est pas de se ranger, sous prétexte que toute l'Europe le fait, dans le camp atlantiste. La politique, et surtout la politique étrangère, c'est garder la tête TOTALEMENT FROIDE. Garder les contacts avec tous.
     
    Et surtout, ne rouler que pour une seule chose : les intérêts supérieurs de son propre pays. Pas ceux du monde. Pas ceux de "l'Occident", concept vaseux pour dire "obédience aux Etats-Unis d'Amérique". Pas ceux du Camp du Bien, ou ce qu'on veut nous vendre comme tel.
     
    Ignazio Cassis se fourvoie. Le Conseil fédéral cède à la mode, à l'esprit du temps. Il se comporte en valet de l'Oncle Sam. Notre pays doit dialoguer avec l'Ukraine, dialoguer avec la Russie, dialoguer avec l'Iran, dialoguer avec la Chine, dialoguer avec Israël, dialoguer avec les Palestiniens. Dialoguer avec TOUS. Sans appartenir à aucun camp. Il en va de notre salut, comme nation indépendante.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Lumières andalouses, juillet 69

     
    Sur le vif - Samedi 03.06.23 - 10.06h
     
    J'avais déjà visité des Mosquées avant 1969, à Damas et à Istanbul notamment, j'avais été magnifiquement initié à l'Islam par le Père Collomb, aumônier du primaire (qui nous enseignait tous les grands courants religieux, avec une rare ouverture), mais cette année-là, pour moi, fut décisive.
     
    Fin juin 69. Je quitte l'école primaire, ayant juste fêté mes onze ans, pressé de faire le grand saut, l'automne, dans le secondaire. Seul avec ma mère, je pars deux semaines en Andalousie. Circuit et visites à fond, Grenade, Cordoue, Séville, Jerez, Cadix, Ronda (la maison où vécut Rilke), et j'en oublie.
     
    Révélation. Lumière. Chaleur. Concert exceptionnel, le soir à Grenade, en plein air, au pied de la Sierra Nevada. Alhambra, Alcazar, Mosquées, Églises, quartiers juifs d'avant le décret d'Isabel la Catholique.
     
    Nous avions, dans notre petit groupe, un homme extraordinaire. Il travaillait à Genève, dans la banque. Il parlait et lisait couramment l'arabe et l'hébreu. Il nous traduisait les inscriptions, nous restituait le contexte. Les Lumières de Cordoue, du temps béni où les grandes religions du Livre se côtoyaient en Andalousie, pour moi, ce fut lui. Un décrypteur. Un passeur.
     
    J'ai visité tant d'autres Mosquées, par la suite, Afrique du Nord, Turquie, Balkans, Proche-Orient. Mais comment oublier celles d'Andalousie ? Chaque inscription, dans la beauté dansante de l'écriture arabe, était comme un ballet de comètes, sous la voûte multicolore. La finesse de cette civilisation de l'Andalousie médiévale, la sensualité, l'élévation.
     
    C'était un voyage de rêve. Il m'a ouvert l'esprit. Éveillé les sens. Il m'a aiguisé, allumé. De l'inconnu(e), qu'attendre d'autre ?
     
     
    Pascal Décaillet