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Liberté - Page 1513

  • Chez nous, chez eux

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Jeudi 15.01.09

     

    Ils représentent la Synagogue ou la Mosquée, se côtoient dans Genève depuis tant d’années, s’interpellent par leurs prénoms, se tutoient. Cela s’appelle le dialogue interreligieux, notre ville cosmopolite s’y prête à merveille. Cela, en temps de paix, donne presque l’impression d’un monde réconcilié.

     

    Lorsque, là-bas, les armes se font entendre, même ces hommes de paix, d’ici, redeviennent les représentants de leurs clans respectifs. Comme si l’appartenance, avec ses petites griffes lacérantes, était plus forte que le verbe de lumière de leurs discours.

     

    Oh, certes, nulle douceur ne les déserte, mais en ces temps d’horreur (et les événements de Gaza en sont un), certains, et des plus brillants, et des plus translucides dans la métaphysique, deviennent aveugles aux victimes de l’autre camp. Ou les sous-estiment. Tellurisme de l’appartenance, auquel, sans doute, nul d’entre nous n’échappe.

     

    Et nous, d’ailleurs, qui serions-nous pour les juger ? Avons-nous des familles à Gaza, écrasée par l’attaque ? Ou dans des villages israéliens à portée des roquettes du Hamas ? Dire aux uns et aux autres que nous demeurons leurs amis. Aider les efforts humanitaires. Tout faire pour la coexistence, un jour, de deux Etats, là-bas. Leur dire, aussi, aux uns et aux autres, qu’ils sont ici chez nous. Chez eux, tout simplement.

     

    Pascal Décaillet

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  • Christian Brunier nous aime. Nous non plus.

     

    Rester, partir ?

     

    Pour Christian Brunier, le mandat politique, c’est « Je t’aime, moi non plus » : ça va, ça vient. Un aller, un retour, un départ, et déjà la promesse d’un renouveau. Le désir qui commence à poindre, et déjà la fatigue. Je te quitte parce que je t’aime, je te quitte parce que je m’ennuie, je t’aime de m’ennuyer, je m’ennuie de t’aimer. Sans doute une histoire d’élection précoce, ou de désir monté trop vite : un mandat trop long, c’est comme une débandade, alors on meurt ou bien on part. En l’espèce, on part. Non sans de longs roulements de tambours et trompettes, des adieux qui n’en finissent plus, et, en primeur, la promesse de retrouvailles. Pourquoi pas à l’exécutif ? Dans cinq ans, lorsque le temps aura passé et que l’ardeur, à l’image du phénix, aura trouvé sa renaissance.

     

    A un détail près, qui pourrait d’ailleurs abréger l’insoutenable stage dans le désert du stylite Brunier : pourquoi diable cinq ans ? La succession évoquée est celle de Charles Beer. N’y a-t-il pas, déjà, des élections cet automne ?

     

     

    Pascal Décaillet

  • Etoiles brûlées

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Lundi 12.01.09

     

    Des drapeaux israéliens brûlés, des étoiles de David assimilées à des croix gammées, cela se passe en Suisse, cela donne la nausée. Si vraiment le président de la commission de politique extérieure du National, le Vert argovien Geri Müller, a participé à de telles manifestations, il doit s’en expliquer.

     

    Dès le jour de l’attaque sur Gaza, j’ai parlé de disproportion, rappelé les droits du peuple palestinien, énoncé que l’amitié du peuple suisse était la même pour les deux parties en conflit, dans cette région du monde où j’ai eu souvent l’occasion de me rendre.

     

    Des manifs anti-Israël, cela fait partie de notre libre expression démocratique. Mais lorsque la symbolique utilise le feu et associe l’Etat hébreu au pire régime du vingtième siècle, il faut dire halte. Pas seulement pour le Proche-Orient, mais aussi, et surtout, parce qu’il y a des Juifs en Suisse, qu’ils y sont, Dieu merci, totalement chez eux, qu’ils ont largement contribué à faire ce pays. Brûler l’étoile, même si certains d’entre eux ne sont pas sionistes et désavouent l’action militaire présente, c’est porter atteinte à tout ce qu’ils sont. Et c’est inadmissible.

     

    A Genève, donnons l’exemple. Quelles que soient nos positions dans ce conflit, souvenons-nous que les antagonistes vivent aussi chez nous. Et qu’ils y sont chez eux. En les déshonorant, c’est aussi la démocratie suisse, si précieuse, qu’on bafoue.

     

    Pascal Décaillet