Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Liberté - Page 1417

  • Marre d’Elmar

     

    Sur le vif - Lundi 17.05.10 - 10.16h

     

    On peut avoir été un excellent maire de Zurich et s’avérer un piètre chroniqueur. Ainsi, Elmar Ledergerber, qui se produit tous les lundis matin sur la RSR. Ne parlons pas ici de la forme radiophonique, ce français qui laisse à désirer et que quelqu’un pourrait tout de même, dans l’intérêt de l’auteur, corriger. Non, parlons du fond, et notamment de l’exécrable prestation de ce matin.

     

    Pendant une minute et vingt-six secondes, notre bon soldat socialiste, aux bonnes pensées bien pures, exécute Israël avec une systématique dans la mauvaise foi qui pulvérise l’entendement. Réquisitoire à charge, unilatéral, une minute vingt-six secondes de vomissure sur cet Etat « colonialiste », « coupable de terrorisme ». La caricature de la caricature des positions de toujours de nos bons socialistes suisses sur le conflit du Proche-Orient. Tout cela pour démontrer que l’OCDE a eu tort d’accueillir Israël comme membre, et que nous, bons et gentils Suisses, devons nous hâter de boycotter tout produit en provenance de ce pays infâme.

     

    Alors d’accord, Monsieur l’ex-maire, adieu oranges de Jaffa, si cela peut vous faire du bien, les agrumes ça pique et ça grattouille. Mais au fait, Monsieur le militant à la blanche conscience, puisqu’il vous sied de vouer aux gémonies certaines adhésions, nous serions très heureux de recueillir votre avis sur la très brillante élection de la Libye au Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

     

    Peut-être un sujet pour votre prochain billet, lundi prochain ?

     

    Pascal Décaillet

     

  • La dépêche d'Ems du DIP

     

    Sur le vif - Samedi 15.05.10 - 09.32h

     

    Elle s’appelle Madame Guerrier, je n’invente pas. Elle appartient à la direction de l’enseignement primaire, à Genève, et s’est signalée récemment par l’envoi d’une circulaire qui m’a amené, cette nuit, à me replonger dans mes bouquins sur les causes directes de la guerre franco-prussienne de 1870 (passionnant !), et sur la fameuse dépêche d’Ems de Bismarck, celle qui mit le feu aux poudres, précipita deux peuples dans une guerre sanglante, au final provoqua la perte de l’Alsace-Lorraine.

     

    La dépêche d’Ems de Madame Guerrier, c’est cette circulaire dont parle André Duval, depuis quelques jours, sur son blog, et qui amenait hier matin le député radical Jean Romain à exposer, sur Radio Cité, le contenu d’une interpellation urgente au Grand Conseil. Dans cette missive, adressée à ses subalternes avec force exécutoire, Madame Guerrier décrit comme automatique le passage de 1E à 2P. Le problème (et Jean Romain n’a pas eu à se fatiguer exagérément pour aller le dénicher), c’est que le chapitre 27, alinéa 2 de loi sur l’instruction publique stipule exactement le contraire : « Le passage d’une année à l’autre n’est pas automatique » ! C’est réglé, tranché. Métallique. Net. Madame Guerrier a commis une bêtise.

     

    Bêtise ? C’est la thèse du DIP. Qui, à lire la Tribune de Genève de ce matin (Jérôme Faas), s’empresse de dédramatiser et surtout d’exonérer le ministre de toute implication possible, avec cette remarque assez ahurissante en République : « Ca n’est pas une directive, mais une note de service. Elle est donc sous la responsabilité de la direction générale, pas sous celle de Charles Beer. Il n’était pas au courant ». Dixit Bernard Riedweg, directeur du Réseau d’enseignement primaire.

     

    Que Charles Beer fût au courant ou non, nous l’ignorons. D’une manière générale, il est souhaitable qu’un ministre sache ce qui se passe dans son Département. Ou alors, si « on » le grille, il doit en tirer les conséquences. À noter, d’ailleurs, le souci de Jean Romain de ne pas attaquer le chef du DIP : mieux on s’entendra, dans cette législature qui doit être celle de l’apaisement, mieux on se portera. Ce que veut cibler le député radical et gourou fondateur de l’Arle, ce sont les « pédagos » du primaire, qui auraient essayé, via la circulaire Guerrier, de revenir par la cheminée.

     

    De fait, on conviendra que la thèse de la « distraction » est un peu énorme. La loi sur l’instruction publique, réformée par le peuple lors de la fameuse votation « sur les notes » de septembre 2006, tient en quelques lignes décisives (celles-là, précisément), dont on peut imaginer qu’une directrice de l’enseignement primaire les maîtrise dans sa tête. Donc les pistes de la provocation ou du passage en force ne sont pas à écarter d’office. Donc, l’affaire est intéressante, révélatrice d’un climat de résistances internes à la décision souveraine du peuple (76%) en septembre 2006, et ne saurait être écartée d’une chiquenaude au nom d’une erreur passagère.

     

    Dans sa dépêche d’Ems, envoyée à ses subalternes avec force exécutoire par Bismarck, le chancelier de fer déclare qu’il s’agit, par des provocations, d' « exciter le taureau gaulois ». Là, Madame Guerrier a trouvé, bien vite et à son corps défendant, son taureau gaulois. Il s’appelle Jean Romain. Il s’appelle l’Arle. Elle leur a offert, sur plateau d’or, l’occasion de se signaler avec quelque fracas.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

  • Ni la gauche, ni l’UDC

     

     

    Sur le vif - Vendredi 14.05.10 - 16h

     

    Ni la gauche, ni l’UDC. Ni la République des camarades, ceux qui ont exécuté Béglé, continuent de croire à un Etat tentaculaire, de nier le mérite de l’individu. Ni la Suisse du repli, fondée sur la mythologie d’un trop lointain treizième siècle, là où notre grande aventure républicaine a vraiment commencé en 1798, ou 1848, en tout cas dans les grands combats de la seconde partie du dix-neuvième siècle. Combats dont je ne comprends absolument pas qu’ils ne soient pas davantage enseignés dans les écoles.

     

    Ni la gauche, ni l’UDC. Entre ces deux grandes familles, il y en a tout de même une troisième, globalement composée de l’univers libéral-radical, né de 1848, et de la démocratie chrétienne, issue du double héritage du courant catholique-conservateur au moment du Kulturkampf et de la Doctrine sociale de l’Eglise (1891) de Léon XIII. Aujourd’hui, tout cela est bien lointain. Entre le PDC et le PLR, en termes de modèle de société, la feuille de cigarette est d’une minceur insoupçonnée. En 2010, entre la gauche et l’UDC, il y a vraiment l’espace pour une seule grande famille politique, avec certes ses nuances internes, mais un rassemblement. Une fédération. Dont le nom reste à inventer.

     

    Cela, je le dis depuis des années. A Orsières en 2004, à Martigny en 2005, à Saint-Maurice en 2006. Cela, sans doute, aurait dû entre entrepris depuis longtemps. Oui, cela fut freiné par les appétits des uns, les querelles d’égo des grands chefs, les calculs d’apothicaire sur le nombre de sièges au Conseil fédéral. Peu importe. C’est ainsi. On ne refait pas l’Histoire.

     

    Mais on peut, parfois, lui donner un coup de pouce. C’est ce que vient de faire Fulvio Pelli, aujourd’hui, dans une résurrection des morts dont seule la politique a le secret, en prônant le grand rapprochement des droites suisses non-UDC dans les colonnes de la NZZ. Darbellay, il y a quelques jours, l’avait précédé. Quelque chose est en train de bouger. Oh, bien fragile, à coup sûr fondé sur des considérations tactiques plus que par le vent de l’Histoire, mais tant pis, le signal est donné, il faut le saluer.

     

    Il n’est pas dénué de sel que les deux hommes qui embrassent ce combat-là soient ceux qui ont tant fait, ces dernières années, pour le freiner, les deux cantons (Valais et Tessin) ayant forgé leurs univers mentaux constituant assurément une circonstance atténuante. Cette puissance tellurique des clans, des familles, des couleurs, des fanfares, il n’est pas sûr qu’un Genevois, un Neuchâtelois, même un Lausannois puissent les saisir dans tout l’irrationnel de leur appartenance.

     

    On notera enfin qu’en ce domaine comme dans d’autres (oui, l’élévation de l’âge de la retraite), un certain Pascal Couchepin aura, avec avance, vu juste. Ni la gauche, ni l’UDC. Mais un travail commun, vers des objectifs communs, des deux grandes forces qui ont fait la politique suisse au vingtième siècle. Et qui, aujourd’hui, tout affaiblies qu’elles soient, n’en sont pas pour autant mortes. D’ailleurs, en politique, on ne meurt pas. On gît peut-être. Mais on se relève. Et on repart au combat.

     

    Pascal Décaillet