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Liberté - Page 1414

  • Affaire Hainard : mes révélations

     

    Sur le vif - Samedi 29.05.10 - 12.27h

     

    Quand j’étais petit, il y avait un roman, à la bibliothèque paroissiale (où j’adorais passer mes jeudis après-midi), qui s’appelait « La Curée ». C’était au rayon Zola, entre « L’Assommoir » et « Thérèse Raquin ». Et moi, qui n’avais pas encore découvert ce grand auteur, je croyais que c’était l’histoire de la femme du curé ! C’était il y a bien longtemps. C’était mille ans avant l’affaire Hainard.

     

    Infusé jusques aux tréfonds de la moelle par la vie politique genevoise, gardant un œil sur la fédérale (qui m’occupa si longtemps) et un autre sur la valaisanne (ah, celle-là doit toujours demeurer à portée de prunelle), j’avoue avoir un peu décroché des affaires intérieures neuchâteloises. Je ne connais donc pas Monsieur Hainard, ni le fond de son « affaire », si ce n’est par quelques ondes publiques ou nouvelles orangées.


    Je suis tout de même, ami lecteur, en mesure de vous révéler que cet ignoble individu :

     

    ·     a cassé le vase de Soisson ;

    ·     a commandité le feu de Lee Harley Oswald, le 22 novembre 1963, à Dallas ;

    ·     est le véritable auteur du Petit Bleu dans l’Affaire Dreyfus ;

    ·     se trouve être le véritable inventeur du langage épicène ;

    ·     fut complice de François Mitterrand dans la nuit d’encre de l’Observatoire ;

    ·     a œuvré comme conseiller vestimentaire de Ruth Dreifuss ;

    ·     se tenait caché derrière le rideau du Bureau Ovale lors des très riches heures Clinton-Monica Lewinsky;

    ·     appuya, dans le cockpit de l’Enola Gay, sur le bouton de largage de bombe, un 6 août, dans le ciel bleuté d’Hiroshima ;

    ·     a conseillé à l’artiste peintre Adolf Hitler de se lancer en politique ;

    ·     a suggéré à Philippe le Bel de griller les Templiers ;

    ·     a eu l’idée de la Constituante genevoise ;

    ·     a lancé un Club Med au Locle ;

    ·     a scindé son propre canton entre le Haut et le Bas, après avoir lu une histoire de mer Rouge dans un vieux bouquin de sa bibliothèque paroissiale à lui ;

    ·     a fait en sorte que le volcan islandais se réveille ;

    ·     œuvre actuellement au retour de la variole et du choléra ;

    ·     trompe sa maîtresse avec sa femme ;

    ·     boit du vin neuchâtelois ;

    ·     croit à la fusion libérale-radicale ;

    ·     négocie en secret le retour des Prussiens à Neuchâtel;

    ·     boit de l’eau en cachette ;

    ·     tire le pigeon la nuit ;

    ·     noie des chats dans l’Areuse ;

    ·     n’utilise jamais le point-virgule ;

    ·     a voté McCain ;

    ·     s’est opposé à la suppression du corset par Poiret ;

    ·     prêche que la Curée est bel et bien la femme du Curé, et qu’il la connaît d’ailleurs de très près.

     

    Ce ne sont là, bien sûr, que quelques crimes, parmi les plus bénins. Pour les autres, on se référera aux ondes publiques ou aux nouvelles orangées.

     

    Que ce dernier week-end de mai vous soit doux comme le passage de l’Absinthe dans la dernière nuit du monde.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Madame l’Amère

     

    Epigrammes à trois grammes - Jeudi 27.05.10 - 15.38h

     

    A mon excellent confrère Simon Matthey-Doret lui demandant ce matin comment il faudrait l’appeler à partir du 1er juin, Sandrine Salerno, folle d’épicène comme il y a des fous d’épicéas, avait le choix entre « Madame le Maire » et « Madame la Maire ». Avec la fulgurance de l’aiglonne avisant un souriceau, elle a immédiatement opté pour la seconde solution.

    C’est bien.

    Mais a-t-elle pensé, une seule seconde, à l’euphonie ? A la perverse duplicité des sens ? A Verlaine ? A la musique, avant toute chose ? A la primauté de l’impair ? A la jouissance de l’amertume, lorsque les maux, sous les mots, viennent doucement se glisser ? Comme sous un édredon. En rêvant.

    Hmmm ?

     

    Pascal Décaillet

     

  • La mort, l’oignon

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Jeudi 27.05.10

     

    A part pour ceux qui perdent un proche ou qui pèlent un oignon, je n’ai jamais supporté les pleureurs. A part dans le soleil noir d’un cimetière sicilien, ou peut-être dans quelque vers d’Eschyle, je n’ai jamais supporté les pleureuses. C’est ainsi. C’est mon côté intolérant. Monstrueux.

     

    Mais, s’il est un domaine dans lequel j’abhorre l’exhibition des larmes – même celles de Mendès France dans les bras de Mitterrand – c’est bien la politique. Dans ce domaine, que j’observe un peu, on se bat, on gagne, on perd, on meurt, on se relève. C’est le jeu. Le rituel. On prend des coups. On en donne. Mais on ne pleure pas.

     

    A la Constituante, mardi soir, que s’est-il passé ? La droite et le MCG, dans une manœuvre habile mais qui n’a rien d’illégal, ont constitué ce qu’on appelle en politique une majorité. Et ils ont gagné. C’est dur, sans doute, pour les partisans du droit au logement et de quinze mille droits disparates. Mais c’est la règle.

     

    Je conçois que les perdants en soient fâchés. Aigris. Ulcérés. Napalmisés de colère. Ivres de vengeance. Tout ce que vous voulez. Mais pleurnicher contre les méchants vainqueurs, non. Et puis, il leur restera toujours une ressource : proposer un amendement sur le droit aux larmes. Loin de la mort. Loin des oignons. Là-bas, dans un autre monde. Plus doux.

     

    Pascal Décaillet