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Bernard Genoud, un homme parmi les hommes

 

Chronique publiée dans le Nouvelliste - Jeudi 23.09.10

 

La mort d’un évêque n’est rien d’autre que la mort d’un homme. Homme, parmi les hommes. Mort, parmi les morts. Face au terme, face à ce mystère, il n’est plus ni crosse ni mitre, ni princes de l’Eglise, ni places d’honneur dans la Fête-Dieu, ni bruissements de courtisans. Il n’y a plus que l’équation de cette vie qui s’arrête. Pour aller où ?

 

La mort de Mgr Genoud est justement celle d’un homme au milieu des siens. Pas d’un évêque. Même pas d’un prêtre. Même pas d’un baptisé. Non, juste un être humain. La mort est la mort, elle est notre lieu commun, elle est le lot des choses humaines. L’accomplissement, enfin, de l’égalité. Il n’y a pas de mort d’évêque, ni de prince. Il n’y a que la mort des hommes. Et d’abord, il est grand temps que les évêques ne soient plus princes. Mais serviteurs.

 

Cette Eglise que j’aime et qu’a si bien servie Mgr Genoud, n’est jamais aussi catastrophique que dans les allées du pouvoir, jamais aussi sublime que dans la résistance. Adieu les princes, adieu lambris étoilés, l’heure qui sonne est celle de Dom Helder, des grands saints de la marge, des illuminés méprisés par la Raison, des bergers visionnaires. Et, sans doute aussi, de quelques hautes solitudes, du côté de Riddes. Qui serions-nous, nous les raisonnables, pour les condamner ?

 

Bernard Genoud n’était ni ermite, ni mondain. Juste un homme au milieu des autres. Il portait la parole, et je sais qu’à la fin, il a aussi porté sa croix. Avec Fathi Derder, nous sommes allés le voir début août à l’EMS La Providence, en Basse-Ville de Fribourg, pour un grand entretien télévisé diffusé le jour de l’Assomption. C’est un homme simple et serein que nous avons rencontré. Il nous a dit que la maladie le grandissait. Sa souffrance n’était pas celle d’un évêque, mais un fragment de notre passion à tous, hommes ou femmes, croyants ou non. La passion des humains sur la terre.

 

Quel plus beau message de la part du responsable d’un diocèse, cette unité fondamentale des premiers temps chrétiens, que l’acceptation et le partage de sa souffrance ? La sienne, la nôtre. Celle de notre espèce. Hier, c’est lui qui est mort. Demain, nous. Et le mystère est toujours là. Comme une dalle ouverte. Silencieuse. Et déjà invisible.

 

Pascal Décaillet

 

 

 

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