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Liberté - Page 1420

  • Sales tronches

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Lundi 20.09.10

     

    Chevallaz, Delamuraz, Couchepin : trois styles. C’était le temps du verbe haut lorsque de fortes têtes radicales romandes – des sales tronches, au fond – hantaient les couloirs de Berne. Avec Didier Burkhalter, le silence est tellement d’or qu’il en a même endormi la dimension argentée de la parole. Au reste, les rares fois où l’homme s’exprime, c’est dans un sabir germano-provençal très éloigné de la langue de Verlaine. Un verbe de fonctionnaire, au mieux.

     

    Dès lors, si l’Assemblée fédérale devait élire, mercredi, l’entrepreneur bernois Johann Schneider-Ammann, très mauvais francophone, c’est toute la tradition d’une certaine élévation de la parole radicale en langue française qui s’évanouirait. Il n’y aurait plus ni « dimanches noirs », ni « ministres qui décident »,  il n’y aurait plus ni droite cassoulet, ni rêves de grognards, ni nostalgies d’Empire. Il n’y aurait plus que Burkhalter et Schneider-Ammann. Et le chanvre de Rappaz pour se pendre.

     

    Paradoxe : au-delà des ethnies, c’est aux confins de la Suisse orientale qu’il faut aller chercher l’élégance et la précision de notre langue, sa finesse allusive aussi : chez Karin Keller-Sutter. Un français parfait. Qui vole et qui percute. Soluble, léger, comme le plus court chemin d’un point vers l’autre. Didier Burkhalter ne cesse de nous répéter qu’il cherche des solutions. La Saint-Galloise, pour sa part, les trouve.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • KKS, pour un radical parlant français

     

    Sur le vif - Et vers la cible - Samedi 18.09.10 - 18.48h (heure radicale, s'il en est...)

     

    Il fut un temps, avec Georges-André Chevallaz, Jean-Pascal Delamuraz (au premier chef) et même encore Pascal Couchepin, où le radicalisme de pouvoir, au plus haut niveau fédéral, s’accompagnait d’une certaine hauteur de parole. On aimait ou non ces hommes, mais ils avaient le verbe pour nous atteindre, une certaine dignité, oui, dans l’ordre des mots. C’était le temps où les radicaux savaient encore parler.

     

    « Dimanche noir », c’était peut-être excessif, mauvais perdant, mais ça avait de la gueule. Plus Jean-Pascal Delamuraz se rapprochait du terme, plus son verbe s’est affiné, densifié : de tonitruante, l’image, au fil des ans, s’est faite épurée, comme décochée, elle était flèche, atteignait les cœurs au moins autant que les consciences. Nul, jamais, n’oubliera ce 11 mars 1998 où cet homme d’exception, affaibli par le cancer, prononça devant l’Assemblée fédérale son ultime discours. Nous étions sur place, immobiles, touchés de plein fouet.

     

    L’actuel conseiller fédéral romand, Didier Burkhalter, n’a pas cette dimension du verbe. Dès lors, si l’Assemblée fédérale devait élire, mercredi prochain, le Bernois Johann Schneider-Ammann, la grande tradition d’une certaine parole radicale francophone à Berne serait morte. Cet industriel, sans doute paré de mille vertus, parle très mal le français. M. Burkhalter, lui, ne parle pas. Donc, extinction des feux.

     

    Paradoxalement, c’est aux confins de la Suisse orientale qu’il faut aller chercher l’élégance et la précision de la langue française. Chez Karin Keller-Sutter. Un français parfait. « Soluble dans l’air », dirait Verlaine, « sans rien en lui qui pèse ou qui pose ». Le verbe juste, l’image nette. Voilà qui rappelle un autre Saint-Gallois, Kurt Furgler.

     

    Ces choses-là ne sont pas des détails. Les Romands ont besoin de se sentir représentés, à Berne, par des magistrats capables de penser comme eux. Dans la précision et la richesse de nuances de leur langue. Que ces qualités-là se trouvent incarnées par une Saint-Galloise est en effet un paradoxe. Comme celui d’Achille et de la tortue. Là aussi, une histoire de flèche.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

     

  • PDC de la Ville: nouveau local

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