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Liberté - Page 113

  • L'anti-wokisme

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 06.09.23

     

    A quoi sert l’enseignement de l’Histoire, sinon à développer la curiosité, le sens critique, le travail sur les sources, pour parvenir, après des milliers d’heures passées sur une période donnée, à en restituer, dans son cerveau, la complexité, les lignes d’antagonisme, la cohérence ?

     

    Cette démarche, c’est l’anti-wokisme. Parce qu’elle n’est ni morale, ni judiciaire. Lire les textes, c’est entrer en immersion. Comment voulez-vous, par exemple, accéder à un minimum de lucidité sur la Guerre d’Algérie (1954-1962), sans vous plonger dans toutes les perspectives ? Celle des Pieds-Noirs, celle des indépendantistes, celle du FLN, celle de ses concurrents (car les factions rivales étaient nombreuses), etc.

     

    Idem pour toutes les époques conflictuelles. Prendre connaissance d’une cause, ça n’est pas l’embrasser, loin de là. C’est, simplement, tenter de saisir sa logique. Et il faut les appréhender toutes, y compris celles que la postérité (entendez : l’Histoire écrite par les vainqueurs) a ostracisées. Cela, jamais un moraliste n’y parviendra. La démarche historique exige froideur, analyse, sens de la polyphonie. Elle exige le temps de lire, de se pénétrer des archives et des témoignages.

     

    La démarche historique est l’opposé diamétral des gémonies wokistes. Elle ne cherche pas à faire triompher une morale. Mais à établir ce qui fut, dans toute sa complexité.

     

    Pascal Décaillet

  • Cornavin : bravo, Pierre Maudet !

     
    Sur le vif - Mercredi 06.09.23 - 12.02h
     
     
    J'ai été, ici même, le tout premier, ce printemps, à dénoncer la décision de Serge Dal Busco de s'empresser d'interdire le trafic automobile aux abord de la gare, plusieurs années avant le début des travaux de rénovation. J'ai dit qu'une fois de plus, il faisait la politique des Verts, des enragés anti-bagnole, pas celle du camp qui l'avait élu. Cette droite, oui, que les dernières élections, ce printemps, ont largement confirmée comme majoritaire à Genève.
     
    Eh bien je veux être le premier, aujourd'hui, à saluer son successeur, Pierre Maudet, qui reporte sine die cette décision absurde, arbitraire, idéologique, tout juste bonne à emmerder les usagers de véhicules.
     
    Pierre Maudet ne donne pas un blanc-seing aux fous du volant. Il n'attaque pas la mobilité douce. Il montre un peu d'intelligence et de raison, dans une guerre de religions.
     
    Voilà un premier signal. Il va dans la bonne direction. Paix des transports, oui. Dictature des Verts, et génuflexion de la droite molle, non.
     
    Pierre Maudet doit néanmoins choisir avec soin ses interlocuteurs. Et s'interdire absolument de dialoguer avec ceux qui, à Genève, préfèrent les actions illégales à la démarche républicaine. Toute subvention d'argent public à ces asticots doit être drastiquement exclue.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Moralistes, foutez-nous la paix !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 06.09.23

     

    Le poison de la politique, ce sont les moralistes. Ils sont hélas de plus en plus nombreux, infestent les partis de gauche, se prennent pour des prélats en chaire, des inquisiteurs, des directeurs de conscience. Chez les Verts, ils nous parlent du climat en nous engueulant, en nous traitant d’inconscients, voire de « criminels » (ce qui mérite une réponse pénale). Chez les socialistes, ils nous recrachent, sans la moindre distance critique, toutes les théories à la mode, autour des questions de genre, de couleur de la peau, de relecture de l’Histoire à la sauce wokiste, sans la moindre restitution du contexte. Les moralistes sont le plus souvent des ignares : moins on connaît, plus servilement on se range derrière la première bannière venue, battue par le vent du conformisme.

     

    La politique, ça n’est pas la morale. Ce sont deux ordres différents. On peut être cynique, sans le moindre scrupule, et servir avec génie le bien public. A l’inverse, et c’est si courant, tant de gens « de bien » échouent dans l’action politique : elle exige d’autres qualités, tout simplement. Je ne dis pas ici que la politique exige l’immoralité. Il faudrait plutôt dire « l’amoralité », avec cet alpha privatif qui souligne la stricte séparation des ordres. « Qui veut faire l’ange, fait la bête » : on connaît, dans la sublime concision de son style, le résumé lapidaire de Blaise Pascal.

     

    Oui, les moralistes ont parasité les partis de gauche. Du coup, les gens intelligents s’en vont. Ils claquent la porte de ces formations dans lesquelles ils ne se reconnaissent plus. Ils étaient venus dans un parti pour lancer des idées, servir la Cité, réformer, progresser. Ils se sont retrouvés côtoyant des Savonarole en sandales et pullovers, grands clercs de la religion du vélo, Philippulus de l’Apocalypse climatique, suppôts imbéciles d’un impérialisme américain qu’ils sont incapables de déceler dans l’affaire ukrainienne. Bref, des naïfs. De gens qui devraient militer dans des paroisses, mais n’ont strictement rien à faire dans ce domaine de l’Aufklärung, entendez la pensée rationnelle, qui s’appelle la politique.

     

    Oui, les portes commencent à se claquer. L’excellent Youniss Moussa, ancien député à Genève, jeune et passionné par la chose publique, vient de quitter avec fracas le PS, à cause des moralistes. D’autres ont quitté les Verts, pour aller chez les Verts libéraux, avec qui on peut parler climat, transition énergétique, sans immédiatement se faire menacer de damnation. Ces mêmes Verts qui pourraient bien, le 22 octobre prochain, aux élections fédérales, recevoir la sanction de leurs tonalités de défenseurs de la Doctrine de la foi.

     

    La politique, ça n’est pas la morale. C’est d’abord une connaissance profonde de l’Histoire, des textes, des langues, des visions antagonistes. Entrer dans la logique des méchants comme dans celle des gentils, dans celle des bourreaux comme dans celle des victimes, dans celle des vainqueurs comme dans celle des vaincus. Moralistes, foutez-nous la paix : allez prêcher dans les déserts de l’ignorance.

     

    Pascal Décaillet