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Sur le vif - Page 899

  • Maudet : l'enfer, c'est les autres

     

    Chronique publiée dans le Nouvelliste - Vendredi 22.06.12



    Un surdoué. De la trempe des Darbellay, Pierre-Yves Maillard ou Nantermod. Un tout précoce, tombé dans la potion. Un homme véritablement habité par le démon politique. Il ne pense qu'à ça, ne vit que pour ça, mène ses campagnes comme des Blitzkrieg, construit son réseau depuis des années, voit loin, avec toujours deux ou trois longueurs d'avance. Oui, Pierre Maudet, élu ce dimanche 17 juin, à 34 ans, au Conseil d'Etat genevois, déjà ancien Maire de Genève à l'âge où certains pataugent encore, est un phénomène.

    Je fus, il y a une douzaine d'années, l'un des premiers à le repérer. A Forum, je lui ai souvent donné la parole, soit pour des sujets genevois, soit pour des thèmes nationaux, dans lesquels il n'hésitait pas à mordre à pleines dents. Peu à peu, la Suisse romande découvrait ce gamin genevois, capitaine à l'armée à peu près à l'âge de Bonaparte, venant donner son avis à peu près sur tout, étrillant les responsables de la Défense, qu'il tient pour des résidus du paléolithique, redécoupant les frontières cantonales, nous annonçant notre entrée imminente dans l'Union européenne, réduisant l'armée à vingt mille personnes. Tout cela, Dieu merci, dans sa tête : disons qu'il a beaucoup réfléchi à haute voix.

    Mais le gamin a mûri. Tout en ferraillant dans la vie municipale genevoise, il apprend les langues nationales, y compris l'italien pour sa première déclaration devant les Chambres, le jour où il sera conseiller fédéral, ne manque aucun prétexte (y compris bidon) pour se pointer à Berne, histoire d'entretenir les relations, nourrit le réseau avec de futurs conseillers fédéraux (je ne suis pas prêt d'oublier un repas, aux Pâquis, il y a quelques années, avec lui et Alain Berset, on y sentait l'avenir à chaque verre trinqué), bref Maudet a génialement construit son destin. Ajoutez à cela une vaste culture politique, notamment sur le radicalisme, de celles qu'on ne trouve que du côté de Martigny ou Fully. Canal historique sans être sectaire, radical sans nous assommer avec la laïcité, à vrai dire très souple. Oui, disons souple.

    Qu'il ait gagné, le 17 juin, est simplement époustouflant. Personne ne le voyait vainqueur. La masse critique de la gauche, prétendument unie, semblait offrir la victoire à la socialiste Anne Emery-Torracinta. Eh bien non, le MCG Eric Stauffer fit un excellent résultat, consolidant sa tête de pont dans les communes suburbaines (Vernier, Meyrin, Onex, Lancy), mais le vainqueur, et avec une avance que personne n'explique, ce fut bien Maudet. Une victoire qui restera dans les livres d'Histoire. Sa bataille de Cannes, à lui.

    Voilà l'homme au pied du mur. Un torrent d'idées et de projets. Une intelligence. Mais rejoignant, pour seize mois, un sextuor à bout de souffle, l'une des équipes les moins bonnes depuis la guerre. Être génial tout seul, en Suisse, ne sert pas à grand-chose : dans ce pays plus qu'ailleurs, pour toute tête qui dépasse, l'enfer, c'est les autres.



    Pascal Décaillet

     

  • Salika, pour nous réveiller

     

    Sur le vif - Jeudi 21.06.12 - 17.06h

     

    Oublions un instant les couleurs politiques. Oublions qu'elle est de gauche, et sans l'ombre d'un doute. Ne regardons que ce qu'elle est : une conseillère municipale particulièrement compétente et assidue, ne lâchant jamais son os ; une femme brillante et cultivée, d'une conversation rare ; de loin la meilleure oratrice de la classe politique genevoise, Me Halpérin s'étant retiré, Jean Vincent ayant quitté ce monde depuis longtemps, Démosthène n'ayant pas fait à nos rivages l'honneur d'une visite.

     

    Ne regardons que ce qu'elle est. Je vais vous dire : citoyen en Ville de Genève, qu'ils soient quatre ou cinq de gauche, ça m'est assez égal. Bien sûr, l'extrême finesse d'un Adrien Genecand se frottant au Quatuor d'Alexandrie des camarades, ne manquerait ni de sel, ni de piment. Mais à part la saveur ce mélange-là, pour ma part, les éphèbes encravatés de la droite bien bourgeoise et bien présentable, tout comme il faut, juste pour figurer face aux Tétrarques, très peu pour moi. Autant qu'ils soient cinq, tiens pourquoi pas six ! Tellement à gauche qu'on y perdrait le Nord.

     

    La candidature de Salika Wenger est celle d'une militante infatigable, nourrie d'Histoire et de références, sachant lire, écrire et parler, illuminée du feu de ces rivages du Sud qui furent ceux d'Augustin et de Camus. Pour ma part, je considère cette candidature comme salutaire, verticale, réveillante. Je voterai pour Adrien Genecand, ou pour Salika. Ou j'irai à la pêche.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Au bon docteur Buchs, député du pouvoir en place

     

    Sur le vif - Jeudi 21.06.12 - 07.25h

     

    Cher Bertrand,

     

    Vous n'êtes pas un observateur de la vie politique genevoise, mais un acteur. Vous êtes député PDC au Grand Conseil. Votre rôle n'est pas a priori de commenter la vie politique. Mais d'agir, et de travailler de toutes vos forces pour le bien de ceux qui vous ont élu et vous ont fait confiance.

     

    Sur le fond de votre intervention, désolé, mais il y a un problème avec la Chancellerie. Et, pour le moins, une accumulation de couacs ces derniers temps. Sur l'affaire "des concierges", la justice tranchera, puisqu'il y a recours (dont la TG, organe du pouvoir, ne dit pas un traître mot, ce matin). Sur l'absence de résultats pas listes, et prétendre que c'est ainsi en cas de complémentaires (faux, puisque ce fut le cas en mars 2003), c'est déjà plus inquiétant. Enfin, sur le manque d'indépendance de la Chancelière par rapport à un conseiller d'Etat très précis, désolé si cette thèse éditoriale irrite le député de majorité gouvernementale que vous êtes, mais c'est ainsi: la question, nettement, se pose.

     

    Il m'est parfaitement égal que ces questions, simplement posées, donnent de l'urticaire à une partie de la classe parlementaire, du côté du pouvoir en place. Je n'écris pas pour les députés. Ni pour les politiques en particulier. Mais pour toute personne qui me fait l'amitié de me lire.

     

    Bien à vous.

     

    Pascal Décaillet