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Sur le vif - Page 833

  • Le PLR en enfant boudeur

     

    Sur le vif - Mercredi 12.02.14 - 17.20h

     

    Depuis dimanche soir, le PLR a totalement perdu les pédales. Il dérive, privé de toute boussole, ne trouvant plus les mots à la hauteur, ou tout au moins à la mesure, de la nouvelle donne que vit le pays depuis le verdict du peuple et des cantons sur l’initiative de l’UDC. Cette détresse morale d’un parti dont l’une des deux composantes a construit le pays a de quoi nous inquiéter.

     

    D’abord, le déni. Nombre de personnalités du PLR suisse, à commencer par le président de la Confédération et celui du parti, ne parviennent pas à prendre acte du nouveau visage de la Suisse. Dimanche, ils ont été désavoués, ils se refusent à l’entendre. Ici, le Président refuse, contre tous les usages du Palais fédéral, de répondre en allemand – langue qu’il parle fort bien – à un journaliste alémanique. Là, Philipp Müller, président du PLR, joue l’enfant boudeur en exigeant que l’UDC seul trouve les solutions pour la mise en application de l’initiative.

     

    Monsieur Müller, ça n’est pas à l’UDC de trouver des solutions. C’est au Conseil fédéral d’appliquer sans rechigner, ni jouer au plus malin en contournant la décision, la volonté populaire. Cela, c’est notre ordre institutionnel, vous le connaissez parfaitement.

     

    Tout aussi surréaliste, la demander de n’appliquer le verdict populaire que dans les cantons qui auraient voté oui. En voilà, une belle conception de la Suisse ! En voilà, une belle connaissance du système voulu par les pères fondateurs de 1848 ! Qu’il y ait, de façon négociée avec les cantons, des applications différenciées, c’est l’évidence. Mais laisser entendre que certains des 26 cantons de notre Confédération pourraient échapper à une décision du souverain, c’est partir à la dérive.

     

    Dans PLR, il y a « radicaux ». Mon admiration pour ce mouvement de pensée qui a fait la Suisse demeure intacte. Puisse-t-il, avec le sens des responsabilités dont il se réclame lui-même, accepter sa défaite de dimanche. Et jouer son rôle, pleinement, avec les autres partis, pour continuer à construire ensemble notre destin national. Le rôle d’enfant boudeur ne lui va pas.

     

     

    Pascal Décaillet

     

  • Didier Burkhalter, roi des mauvais perdants

     

    Sur le vif - Mercredi 12.02.14 - 09.54h

     

    La Tribune de Genève, le Temps et la Pravda RTS n'ont toujours rien compris. Non seulement ils ont fait éhontément, avec un déséquilibre jamais atteint, la campagne du non, mais sont incapables de saisir le sens profond du signal donné dimanche par le peuple et les cantons. Ils ne cessent de nous balancer de façon revancharde et martelée, à la une ou en ouverture d'émissions, les "menaces" de la Machine européenne. "Bruxelles ne bluffe pas", ils vont couper l'électricité, "la Panne" (titre dürrenmattien) nous guette, etc. Sans la Lumière européenne, la Suisse s'en retournerait à la nuit des origines.


    Cette manière de punir l'électeur-lecteur d'avoir mal voté, et de bien lui montrer, comme une maîtresse d'école, les conséquences de son acte, est proprement insupportable. La nouvelle de dimanche, c'est que le peuple et les cantons suisses, souverains, ont pris une décision que le Conseil fédéral (et non l'UDC, pour faire référence à la dernière infantilité de mauvais perdant du PLR) a pour mission d'appliquer. De façon conforme à la volonté populaire, et sans la tripatouiller.



    Quant au président de la Confédération, son rôle est d'incarner l'unité du pays, et non de mettre en scène, devant un journaliste alémanique qui fait son boulot, une improbable défense ethnique de l'identité romande. Il est le président de tous les Suisses, de ceux qui ont voté oui comme de ceux qui ont voté non. Cette rebuffade de M. Burkhalter, hier, à simples fins démonstratives, n'est tout simplement pas digne de sa fonction. Et dévoile, derrière l'apparence de celui qu'on pouvait encore prendre pour un gentleman, la réalité de son caractère: celle d'un mauvais perdant.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • 46 ans qu'il m'exaspère

     

    Sur le vif - Mardi 11.02.14 - 10.10h

     

    En mai, cela fera 46 ans qu'il m'exaspère. J'allais sur mes dix ans, je finissais l'Ecole primaire, j'adorais déjà la France et son Histoire, et j'éprouvais, sans évidemment en comprendre encore le détail, une immense admiration pour Charles de Gaulle. Oui, en mai 1968, parfaitement au courant grâce aux radios de ce qui se passait en France, je n'avais pas la moindre sympathie pour le mouvement de mes aînés. Très franchement, je ne comprenais pas ce qu'ils foutaient dans la rue.


    J'aimais cette société des années soixante, celle de mon enfance heureuse, et ne comprenais pas (à tort ou à raison) pourquoi il faudrait impérativement la changer. Je sentais chez de Gaulle un immense souffle, qu'une vie entière de lecture sur la vie et l’œuvre de cet homme d'exception, plus tard, ne fera qu'augmenter. Bref, à dix ans déjà, M. Daniel Cohn-Bendit ne faisait pas partie de mes héros. Pour user d'un euphémisme.


    Hier soir à la RSR, ce sentiment de rejet de ma part a eu droit à une dix millième confirmation. L'arrogance, la superbe, ce côté coq histrion, provocateur à la voix aiguë, méprisant totalement la décision souveraine d'un peuple libre. Le libertaire Cohn-Bendit n'a toujours éprouvé qu'un mépris d'enfant gâté face au souverain. Soit lorsqu'il s'agissait d'un homme seul, l'un des plus grands de l'Histoire de France, libérateur un quart de siècle plus tôt, décolonisateur, père d'une nouvelle République, l'homme qui avait donné en 1945 le droit de vote aux femmes. Soit lorsque ce souverain prend la forme d'un petit peuple au centre de l'Europe, profondément démocratique, qui entend façonner librement son destin.


    Libertaire, Daniel Cohn-Bendit n'aime pas l'échelon de la nation. Ni celui de la République. Il se meut dans les méandres de l'Empire. Où il sautille, depuis des décennies. Merci aux commentateurs de m'épargner les remarques sur ses options privées, je n'aborde jamais cela et n'entends pas le faire ici. Ce qui me sépare de lui, malgré sa vive intelligence, c'est le rapport à la République, le rapport à l'Etat. Depuis 46 ans, les lignes de fracture n'ont absolument pas changé. Je respecte l'homme, mais il est sans doute celui dont la représentation du monde politique est la plus éloignée de la mienne. Nous ne sommes absolument pas dans une césure gauche-droite (Mendès France, Mitterrand, Willy Brandt, Olof Palme font partie des gens que j'admire immensément, et en Suisse Tschudi, Chavanne, etc.), mais dans un affrontement entre la République et le champ des semences libertaires.

     

    M. Cohn-Bendit était-il vraiment, au lendemain du scrutin historique du peuple suisse, oui au lendemain de ce signal jailli du tréfonds de notre pays, la première urgence d'interview à réaliser ? En la faisant quand même, cette interview, quel signal donne-t-on à la majorité qui venait de s'exprimer ? Et, au-delà du seul camp des vainqueurs, aux citoyens libres et fiers de notre pays ? Quel signal, si ce n'est celui de l'obédience face à ceux qui sautillent dans l'Empire, dans le plus parfait mépris de la voix des peuples.

     

    Pascal Décaillet